samedi 22 mai 2010

Après 3 semaines les mains dans la biodynamique...

Je vous dresse ci-dessous un petit bilan de mon expérience biodynamique...
La base de l'antroposophie, cette vision de la vie que suit la ferme où je suis, c'est de n'obliger personne, ni humain ni animal à faire quelque chose qu'il ne veut pas. Soit! Mais c'est sans compter parfois sur la culture argentine qui, comme beaucoup d'autres sociétés, souffre du mal de l'effort. Vous voyez ce que je veux dire??? On est tellement mieux à papoter autour d'un maté qu'à faire des sillons ou courir après les veaux!!! Du coup, faire concorder antroposophie et culture du travail s'avère parfois un peu ardu pour les Argentins. D'autant que la biodynamique est assez exigeante, cela nécessite d'être organisé et travailleur! 
C'est marrant, les animaux, eux n'ont pas de mal à respecter les horaires pour aller paître dans tel ou tel champ, rentrer à l'étable... c'est vraiment plus compliqué de mettre les hommes au travail!
Comme je vous ai déjà dit, chaque mercredi nous avons une lecture. Finalement, j'y suis retournée et cela s'avère plus intéressant. Ce qui m'a beaucoup marqué à la dernière séance, c'est qu'au final, le plus difficile est constituer une équipe où chaque membre met son ego de côté et travaille avec l'ambition commune de donner à la terre le meilleur pour qu'en retour celle-ci donne ce qu'elle a de mieux. 
Mais aussi anthroposophique et biodynamique que soit la démarche de départ, les déviances de l'Homme reviennent au galop... 
Enfin, pour que vous ayez une idée concrète de ce que peut être la biodynamique, pensez à la Lune qui influe sur les marées ou sur ces nuits agitées que vous pouvez avoir les soirs de pleine Lune. La lune régit la biodynamie et chaque planète peut être ascendante ou descendante, être associée à telle ou telle autre planète ; son emplacement se modifie constamment ce qui joue sur les Forces. C'est sur ce principe que se base cette forme d'agriculture. D'ailleurs, si on écoute les « anciens » d'ici, c'est ainsi qu'ils cultivaient leurs terres avant qu'on donne un nom un peu barbare à cette pratique! 
Mais au final, il faut bêcher, tamiser, planter, désherber, arroser...et équilibrer!!! Les mains dans la terre quoiqu'il en soit...ce qui ne coïncide pas toujours avec l'envie de travail de l'Argentin "lambda".


Alec et moi préparons un nouveau compost

la corne de vache sert à préparer des potions

la serre où je passe beaucoup de temps

Temps de repos physique mais pas mental!

Kajsa et moi écrasons le tournesol pour les vaches

Le dindon et ça tête de "comedi dell arte"!

Gauchita!

jolis piments mais prudence!!!!
Par ailleurs, mes activités se sont un peu étendues ces derniers jours. En fait, l'initiative tient une part importante dans l'anthroposophie alors j'ai élargi mon champ d'action. D'une part, il y a un deuxième jardin potager qui a été laissé à l'abandon par faute de main d'oeuvre. C'est devenu un champ sauvage alors que nous avons besoin d'un champ pour planter de la nourriture pour les animaux... Bêche et machette en main, je me suis lancée à l'assaut du  yuyo (mauvaises herbes) et suis devenue en quelques jours l'Indiana Jones de las Ondinas! Et ce n'est pas peu fière que je peux annoncer aujourd'hui que j'en suis venue à bout. Je me suis musclée les bras et les abdos... mieux que deux heures en salle de sports par jour!!!! 
D'autre part, il y avait un autre projet en suspens : la table universelle. En fait, cette table est destinée à la serre pour que chaque nouvel arrivant puisse apprendre un peu plus sur le fonctionnement de la biodynamie. La table reprend chaque signe astrologique et l'associe à sa plante, son climat, son symbole... J'ai fini de la peindre mardi!!!



Enfin, dernière mission et je sais déjà que je n'en viendrai pas à bout mais un autre volontaire prendra le relais, j'espère, c'est approcher et apprivoiser un peu Ruby. Mais qui est Ruby vous demandez-vous certainement ??? 
Ruby est une jument de 3 ans aveugle (la consanguinité...j'vous raconte pas les dégâts!). La pauvre n'a pas d'yeux et c'est vrai qu'à première vue (jeu d'mots pourri tiens!), c'est un peu effrayant. Elle passe son temps à se cogner dans les barrières ou dans l'arrière-train de ses compères et ils n'aiment pas trop ça! De plus, on ne peut la laisser hors de l'enclos pour qu'elle aille se nourrir, elle se perd sans cesse.
Ma mission en quelques mots est qu'elle accepte de se faire caresser et qu'elle s'habitue au contact humain. Pourquoi? Tout simplement parce qu'elle est trop maigre - malgré les efforts de Kajsa qui lui apporte plus 6 kilos de nourriture par jour - et qu'il faudrait qu'on arrive à lui mettre un frein et une corde, qu'elle s'y habitue et qu'ensuite on puisse l'emmener paître avec ses potes en pleine nature! 
Je n'ai bien sûr aucune notion de comment on travaille avec un cheval (avec prudence, mon petit doigt me le rappelle encore!) mais j'ai encore deux semaines pour tenter quelque chose!!! Affaire à suivre donc...




PS : deux nouveaux volontaires arrivent ce week-end... une Française (bon j'ai pas le choix je dois partager ma chambre!!!) mais surtout... un Italien!!! - ça, c'est pour le détail croustillant de la semaine!!!!



jeudi 13 mai 2010

De la biodynamie à Las Ondinas

Après un week-end quelque peu agité à Buenos Aires, j'arrive à la nouvelle ferme à la fois anxieuse de savoir où je vais passer le prochain mois et pressée de connaître mes nouveaux « camarades de jeu ». C'est Juan, le responsable de la maison des volontaires et des animaux qui m'accueille et m'emmène à mon nouveau domicile. Là, je fais la connaissance d'Agustín, un Argentin, de Kajsa, une Suédoise et de Matis, un Belge. Kajsa et Matis sont chargés des animaux et remplacent, ces derniers temps, Juan à la traite du matin. Agustín travaille dans le potager avec Luis, un autre travailleur de la ferme mais qui habite à Mercedes, petite ville située une trentaine de kilomètres. Je monte mes affaires dans le dortoir réservé aux filles. Il y a quatre lits mais je suis toute seule dans la chambre. Kajsa a sa propre chambre car elle va rester une année supplémentaire à Las Ondinas.
L'équipe s'apprêtait à aller chercher des pizzas quand je suis arrivée et me proposent d'aller avec eux à Giles. L'ambiance semble plus tranquille qu'à Tunuyan mais tout le monde est très chaleureux.
Après la pizza, je suis surprise de voir que tout le monde monte se coucher : il est 20h30. Je demande alors les horaires de travail et on me répond que ceux qui se chargent de la traite se lèvent à 4h. Je comprends alors leur hâte d'aller dormir.
A vrai dire, je ne suis pas mécontente de suivre le mouvement car après la courte nuit, un peu de repos est le bienvenu. Le réveil sonnera à 6h45 le lendemain et il faut que je sois d'attaque!
Lundi, fraîche et reposée, j'enfile à nouveau ma tenue de travail et je découvre mes nouvelles fonctions. Je vais donc travailler avec Agustín et Luis dans le potager.





Ici, on pratique la biodynamie, un mot qui ne veut pas dire grand chose pour moi à ce moment-là. Mais après une semaine d'apprentissage, je peux vous en dire un peu plus. 
La biodynamique fait partie d'une philosophie plus globale qui s'appelle l'antroposophie. Elle a été inventée par un Allemand, Rudolf Steiner, et aborde tous les sujets de la vie comme l'éducation par exemple (les écoles Waldorf émanent de cette philosphie). La biodynamie s'applique selon le principe suivant : une ferme est un organe vivant qu'on doit faire fonctionner dans son ensemble. Il est indispensable que tous les éléments soient présents : les fleurs, les plantes, les arbres, les fruits, les légumes, les animaux et les humains. Autant que faire se peut, on évite l'intrusion de machines pour que l'humain soit directement en contact avec tous ces éléments. La biodynamie suit également le calendrier astral. Par exemple, il y a des jours pour planter, pour désherber. Tout est une question de forces, d'attraction et de répulsion. C'est encore un peu vague pour moi et parfois ça me paraît un peu farfelu mais je dois respecter cet « idéal ». Bien sûr, on n'utilise ni désherbant, ni insecticides. Ce sont des préparations à base de piments qui écartent les moucherons et fourmis des plantes par exemple. Chaque être vivant a son importance et sa fonction. Luis prend le temps de m'expliquer pour quoi nous plantons des légumes à feuille à ce moment là, pourquoi il faut désherber à cet autre moment. Et me voilà, les mains dans la terre, à retourner du compost, à bêcher, faire des semis...
La journée se découpe ainsi : 7h30 au front, jusqu'à 9h30. Petite pause d'une demi-heure, et on reprend jusqu'à 11h30. A midi, la cloche retentit dans le jardin pour nous avertir que le déjeuner est prêt. On reprend vers 14h et ce, jusqu'à 17h. On ne peut pas dire que ce soit le bagne et puis, ça me plaît bien en fait d'être en plein air à jardiner.
Le soir, on doit se charger de notre dîner : nous avons accès à tous les légumes du potager et les propriétaires nous fournissent en produits de base. Personne n'aime faire la cuisine dans l'équipe alors je prends les choses un peu en main...avec plaisir je dois l'avouer. En fait, depuis le début de cette expérience, je redécouvre le plaisir de faire à manger et je suis ravie de voir que tout le monde se régale. Pour la petite anecdote, j'ai fait du pain, toute seule comme une grande et sans machine, pour la première fois vendredi.
Mercredi, deux événements marquants : le premier est que j'ai assisté à une lecture. Celle-ci a lieu  à 10h30 chaque semaine. Ce sont des ouvrages autour de l'écologie et la biodynamique, ou encore sur l'initiative sociale. Nous lisons des passages puis échangeons par la suite des points de vue et des idées. Ce n'est pas obligatoire et je ne sais pas si je vais y retourner la semaine prochaine. C'est peut-être un peu « too much » pour moi pour le moment. Ce sont Lydia et Eduardo, les propriétaires de la ferme, qui animent la séance. 
Deuxième événement : c'était le jour de  sacrificio. C'est ainsi que l'on nomme le jour où on tue un animal. Ce mercredi, c'est un veau qui passe à la trappe. Je n'ai pas voulu assister au moment où ils l'assomment pour le tuer mais j'ai entendu le bruit sourd qui a retenti quand l'animal est tombé au sol. Normalement, c'est Juan qui s'occupe de la découpe mais son mal de dos l'en empêche ces temps-ci, les propriétaires ont donc fait appel à José, un travailleur temporaire. La biodynamique explique que normalement le sacrifice doit se faire selon un rituel précis. Seul, l'homme qui a suivi l'animal durant toute sa croissance peut le faire (c'est pour ça qu'ils essaient qu'une seule personne travaille avec les animaux). Avant d'introduire le couteau entre les méninges de l'animal, l'homme remercie la bête pour tout ce qu'elle a donné... D'ailleurs, j'ai appris que c'est ainsi que les vrais gauchos tuent leurs bêtes. Je vous passe tous les détails, mais j'ai assisté à la découpe du veau. J'ai même vu ce dont je vous ai parlé lors de mon premier asado, les  chinchulines (l’intestin grêle frit). Bon, je l'ai vu une fois, je ne suis pas sûre de vouloir le voir à nouveau. Mais dimanche, on a partagé un asado de la viande du veau "sacrifié" mercredi et on s'est régalé!!!


Kajsa, une volontaire suédoise

mes premiers pains

table universelle
J'ai quand même quelques grandes nouveautés à vous partager : j'ai pris des vers de terre dans mes mains (et oui, moi qui m'évanouissais presque de dégoût), j'ai retourné du compost avec mes petites mains de citadines et j'ai enterré les restes du veau dans un nouveau compost. Franchement, je n'aurais pas cru que j'en serais capable et au final, je l'ai fait sans rechigner ! Quelle avancée !!!

Je fais peu à peu connaissance avec les autres pasantes, les volontaires, j'apprends à connaître Juan, qui peut effrayer un peu au départ, mais tout le monde est vraiment 
cool !
C'est tout pour ces premiers temps à San Andrés de Giles.

Juan, le "grand chef" des volontaires!

Zapallitos

Agustín

Matis




lundi 10 mai 2010

Parce que Noëmie sera toujours Noëmie !

J'ai sans doute clos le chapitre Mendoza un peu rapidement à vrai dire... J'ai oublié de vous raconter que la cousine de Gaston Lagaffe, c'est-à-dire moi, a refait surface (spéciale dédicace à Antoine et au néo-rock, dédicace également à un bracelet qui s'est détaché, est tombé dans un verre qui a renversé une bouteille de sirop de menthe, qui par malchance n'avait pas de bouchon, sur un tapis qui n'étais bien sûr pas moi)! Bon, ce ne sont pas vraiment des gaffes mais plutôt quelques anecdotes qui au final me font rire et que j'ai envie de vous faire partager.


Je vous ai raconté que la première semaine à Mendoza, je suis montée à cheval. La dernière fois que je suis montée, c'était au Mexique, il y a 13 ans, dans le ranch où nous allions de temps à autre pour le week-end. Dans la ferme de Tunuyan, il y a avait une jument, sans nom à vrai dire, qu'on m'a demandé de ramener au champ. La jument est un peu fofolle, se monte sans selle et au lieu d'avoir des rennes en cuir, c'est une chaîne en fer qui fait office de. Je suis donc montée, gracieusement, bien évidemment, sur le dos de l'animal, et me voilà partie au trot en direction du dit champ. Lui tirer sur la chaîne pour lui indiquer la direction me faisait mal pour elle mais je n'avais pas d'autre choix car la demoiselle avait envie de galoper et moi...pas vraiment ! Arrivée sans encombre à destination, j'ai cru que le tour était joué et déjà je m'enorgueillissais de vous le raconter...sauf que : en descendant du cheval, je n'ai pas fait attention où je mettais les pieds et comme je vous le disais la jument est un peu perturbée, elle a eu quelques mouvements brusques et m'a délicatement écrasé le petit orteil. Sur le coup, j'ai pas eu vraiment mal mais je déambule depuis quelques semaines avec un orteil qui fait le double de son jumeau, qui a une forme et une couleur légèrement bizarres, et qui, quand je fais certains mouvements ou que je mets certaines chaussures me rappelle que j'aurais mieux fait de garder mes bottes ce jour-là plutôt que de jouer la citadine à la campagne avec mes nus-pieds !!! Bon, aux autres, j'ai dit que je me suis pris le pied dans un coin de mur...j'avais trop honte!!!!!!!!!!!!

Deuxième anecdote : vous connaissez nos amies les fourmis ? Oui c'est petites bêtes noires qui grignotent les feuilles de vos plantes, se trimbalent en bande le long des fenêtres... J'ai eu à faire avec leurs cousines, les rouges!!! Je suis sûre que certains d'entre vous se rappellent un épisode de Mac Gyver où le méchant tombe dans une fosse pleine de fourmis rouges qui s'empressent de le dévorer comme si c'était un steak bien tendre. La semaine dernière, comme je vous ai raconté, c'était la cueillette des pommes dans la ferme de Mendoza. Il fallait ramasser autant les pommes dans les arbres que celles tombées au sol. En tant qu'élève dévouée à son apprentissage, j'ai mis les mains partout, dans les herbes hautes, dans la terre...enfin bref...A un moment donné, j'ai commencé à sentir quelque chose me piquer dans le cou et le long des bras. Bien naïvement, j'ai frotté pensant que c'était une innocente petite bestiole. Et puis, ça m'a piqué plus fort. J'ai alors demandé à Guillaume, mon compatriote, si les fourmis ça pique. Il me répond que les noires non, mais les rouges oui. Tout en me tapant là où ça pique, je tente de trouver cette invitée surprise et je m'aperçois que je subis une attaque de fourmis rouges. C'est comme les poux, plus tu y penses et plus ça te gratte ! Je parie d'ailleurs qu'au moment où vous lirez cette ligne certains vont se passer la main dans les cheveux et se gratter un petit peu le cuir chevelu !!! Légèrement paniquée par les images du méchant de Mac Gyver, j'essaye de tuer les petites bêtes qui se baladent dans mon tee-shirt. Et c'est là que ça devient drôle : Guillaume me dit que ces petites bêtes s'accrochent à tout et qu'il vaut mieux que je retire mes vêtements. Bien sûr, au début, je pense à une blague d'un goût douteux dans de telles circonstances. Et puis, celui-ci me répète qu'il faut que j'enlève mes vêtements et que je les tape. Donc, au milieu du champ, je me retrouve en pleine séance de strip-tease, du tee-shirt au chaussettes. Je peux vous dire que je ne me suis pas posée longtemps la question, et en sous-vêtements j'ai secoué aussi fort que possible mes vêtements. Au final, j'ai survécu : je ne suis morte ni de honte, ni des petites piqûres rouges que vous laissent ces « charmantes » bestioles !

Dernière anecdote, beaucoup plus courte : le dernier jour de la cueillette des pommes, il a fallu grimper dans les arbres comme je l'ai déjà raconté. Hormis les bras déchirés par les branches, j'ai réussi à me balafrer l'arcade, et à me faire assommer par une pomme ! Pour ma défense, les arbres ont beaucoup mais beaucoup trop de petites branches qu'on ne voit pas une fois dedans, et cette grosse pomme était vraiment « vachement » grosse !!!


Allez, riez... mais c'est pas dit que ça ne vous arrive pas un jour!!!!!!