jeudi 13 mai 2010

De la biodynamie à Las Ondinas

Après un week-end quelque peu agité à Buenos Aires, j'arrive à la nouvelle ferme à la fois anxieuse de savoir où je vais passer le prochain mois et pressée de connaître mes nouveaux « camarades de jeu ». C'est Juan, le responsable de la maison des volontaires et des animaux qui m'accueille et m'emmène à mon nouveau domicile. Là, je fais la connaissance d'Agustín, un Argentin, de Kajsa, une Suédoise et de Matis, un Belge. Kajsa et Matis sont chargés des animaux et remplacent, ces derniers temps, Juan à la traite du matin. Agustín travaille dans le potager avec Luis, un autre travailleur de la ferme mais qui habite à Mercedes, petite ville située une trentaine de kilomètres. Je monte mes affaires dans le dortoir réservé aux filles. Il y a quatre lits mais je suis toute seule dans la chambre. Kajsa a sa propre chambre car elle va rester une année supplémentaire à Las Ondinas.
L'équipe s'apprêtait à aller chercher des pizzas quand je suis arrivée et me proposent d'aller avec eux à Giles. L'ambiance semble plus tranquille qu'à Tunuyan mais tout le monde est très chaleureux.
Après la pizza, je suis surprise de voir que tout le monde monte se coucher : il est 20h30. Je demande alors les horaires de travail et on me répond que ceux qui se chargent de la traite se lèvent à 4h. Je comprends alors leur hâte d'aller dormir.
A vrai dire, je ne suis pas mécontente de suivre le mouvement car après la courte nuit, un peu de repos est le bienvenu. Le réveil sonnera à 6h45 le lendemain et il faut que je sois d'attaque!
Lundi, fraîche et reposée, j'enfile à nouveau ma tenue de travail et je découvre mes nouvelles fonctions. Je vais donc travailler avec Agustín et Luis dans le potager.





Ici, on pratique la biodynamie, un mot qui ne veut pas dire grand chose pour moi à ce moment-là. Mais après une semaine d'apprentissage, je peux vous en dire un peu plus. 
La biodynamique fait partie d'une philosophie plus globale qui s'appelle l'antroposophie. Elle a été inventée par un Allemand, Rudolf Steiner, et aborde tous les sujets de la vie comme l'éducation par exemple (les écoles Waldorf émanent de cette philosphie). La biodynamie s'applique selon le principe suivant : une ferme est un organe vivant qu'on doit faire fonctionner dans son ensemble. Il est indispensable que tous les éléments soient présents : les fleurs, les plantes, les arbres, les fruits, les légumes, les animaux et les humains. Autant que faire se peut, on évite l'intrusion de machines pour que l'humain soit directement en contact avec tous ces éléments. La biodynamie suit également le calendrier astral. Par exemple, il y a des jours pour planter, pour désherber. Tout est une question de forces, d'attraction et de répulsion. C'est encore un peu vague pour moi et parfois ça me paraît un peu farfelu mais je dois respecter cet « idéal ». Bien sûr, on n'utilise ni désherbant, ni insecticides. Ce sont des préparations à base de piments qui écartent les moucherons et fourmis des plantes par exemple. Chaque être vivant a son importance et sa fonction. Luis prend le temps de m'expliquer pour quoi nous plantons des légumes à feuille à ce moment là, pourquoi il faut désherber à cet autre moment. Et me voilà, les mains dans la terre, à retourner du compost, à bêcher, faire des semis...
La journée se découpe ainsi : 7h30 au front, jusqu'à 9h30. Petite pause d'une demi-heure, et on reprend jusqu'à 11h30. A midi, la cloche retentit dans le jardin pour nous avertir que le déjeuner est prêt. On reprend vers 14h et ce, jusqu'à 17h. On ne peut pas dire que ce soit le bagne et puis, ça me plaît bien en fait d'être en plein air à jardiner.
Le soir, on doit se charger de notre dîner : nous avons accès à tous les légumes du potager et les propriétaires nous fournissent en produits de base. Personne n'aime faire la cuisine dans l'équipe alors je prends les choses un peu en main...avec plaisir je dois l'avouer. En fait, depuis le début de cette expérience, je redécouvre le plaisir de faire à manger et je suis ravie de voir que tout le monde se régale. Pour la petite anecdote, j'ai fait du pain, toute seule comme une grande et sans machine, pour la première fois vendredi.
Mercredi, deux événements marquants : le premier est que j'ai assisté à une lecture. Celle-ci a lieu  à 10h30 chaque semaine. Ce sont des ouvrages autour de l'écologie et la biodynamique, ou encore sur l'initiative sociale. Nous lisons des passages puis échangeons par la suite des points de vue et des idées. Ce n'est pas obligatoire et je ne sais pas si je vais y retourner la semaine prochaine. C'est peut-être un peu « too much » pour moi pour le moment. Ce sont Lydia et Eduardo, les propriétaires de la ferme, qui animent la séance. 
Deuxième événement : c'était le jour de  sacrificio. C'est ainsi que l'on nomme le jour où on tue un animal. Ce mercredi, c'est un veau qui passe à la trappe. Je n'ai pas voulu assister au moment où ils l'assomment pour le tuer mais j'ai entendu le bruit sourd qui a retenti quand l'animal est tombé au sol. Normalement, c'est Juan qui s'occupe de la découpe mais son mal de dos l'en empêche ces temps-ci, les propriétaires ont donc fait appel à José, un travailleur temporaire. La biodynamique explique que normalement le sacrifice doit se faire selon un rituel précis. Seul, l'homme qui a suivi l'animal durant toute sa croissance peut le faire (c'est pour ça qu'ils essaient qu'une seule personne travaille avec les animaux). Avant d'introduire le couteau entre les méninges de l'animal, l'homme remercie la bête pour tout ce qu'elle a donné... D'ailleurs, j'ai appris que c'est ainsi que les vrais gauchos tuent leurs bêtes. Je vous passe tous les détails, mais j'ai assisté à la découpe du veau. J'ai même vu ce dont je vous ai parlé lors de mon premier asado, les  chinchulines (l’intestin grêle frit). Bon, je l'ai vu une fois, je ne suis pas sûre de vouloir le voir à nouveau. Mais dimanche, on a partagé un asado de la viande du veau "sacrifié" mercredi et on s'est régalé!!!


Kajsa, une volontaire suédoise

mes premiers pains

table universelle
J'ai quand même quelques grandes nouveautés à vous partager : j'ai pris des vers de terre dans mes mains (et oui, moi qui m'évanouissais presque de dégoût), j'ai retourné du compost avec mes petites mains de citadines et j'ai enterré les restes du veau dans un nouveau compost. Franchement, je n'aurais pas cru que j'en serais capable et au final, je l'ai fait sans rechigner ! Quelle avancée !!!

Je fais peu à peu connaissance avec les autres pasantes, les volontaires, j'apprends à connaître Juan, qui peut effrayer un peu au départ, mais tout le monde est vraiment 
cool !
C'est tout pour ces premiers temps à San Andrés de Giles.

Juan, le "grand chef" des volontaires!

Zapallitos

Agustín

Matis




4 commentaires:

  1. Et bien, tu as bien évolué avec les vers... Tu te rappelles la crise de nerf chez Mamie, à la Menuais, je t'entends encore, et j'en souris encore !!!! (bon, j'ai mangé derrière, n'est ce pas Maman..lol).
    Tu dois avoir pris de couleurs à passer autant de temps dehors, non ?
    Et ça te donne du temps pour réfléchir entre deux pipletages en espagnol.
    Intéressante cette approche de l'agriculture... ils fument pas de grosses cigarettes aussi ? lol.
    Bisous (je te fais un mail).
    Benoît

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  2. Ben dis donc, toi tu as trifouillé des vers de terre ! bravo ! Je t'embauche d'office pour mon prochain potager ! Profites en bien et continue à nous faire partager tes connaissances !
    Des bises !
    Emma

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  3. Oui Benoit je me souviens tres bien de cet episode a la Menuais et j avoue que j y ai fortement pense!!!!!!!!!!!
    Sinon pas de grosses cigarettes... non monsieur. Ici, pas d alcool ni de drogues dans l enceinte de la ferme et le tabac dans le jardin!!!!

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  4. c'est bien ma fille de devenir une jardiniere vu mon dos en compote,tu pourras me remplacer lors de vacances chez!
    pour la jumentessaie une approche avec une chose odorante qu'elle apprécierait c'est quelque chose que l'on peut faire avec des gens que la mémoire a desertée(je ne veux pas faire de comparaison mais nous avons bcp à apprendre du monde animal et végétal)biz maman

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