samedi 26 février 2011

Al final de este viaje...

De Cordoba, je suis revenue donner un petit coup de main à la ferme biodynamique de Las Ondinas, près de Buenos Aires. J'ai retrouvé quelques compagnons de travail, les animaux, le potager... une quinzaine de jours où j'ai profité de chaque moment.

Puis il faut revenir sur la capitale, récupérer mes affaires...J'ai retrouvé le couple d'Italiens rencontrés à la ferme de Mendoza, Ana Lisa et Marco.

Comme le retour devait être à la hauteur du voyage...j'ai bien évidemment une petite anecdote à vous conter pour clôturer les Déambulations Hispanoaméricaines.

Depuis le début, je suis persuadée de prendre l'avion dans la nuit de jeudi à vendredi. Quand mercredi, vers 17h, Ana Lisa me demande quel est mon itinéraire de retour, je lui explique que je pars à 6h30 le 24, puis que j'ai une journée d'attente à Rio et que j'arrive à Paris le vendredi vers 15h. Au moment où je m'entends le dire, je réalisé que c'est impossible que je parte dans la nuit de jeudi à vendredi. J'ai couru jusqu'à un cyber pour vérifier mon billet et heureusement que j'ai eu une illumination parce qu'en fait j'avais pas réalisé que le 24 à 6h30, ça signifie dans la nuit de mercredi à jeudi!

Pas de panique, j'ai récupéré tous mes bagages, mais c'est plutôt que prévu et je pensais avoir une journée en plus pour me préparer au retour. Pas tout à fait le temps d'y penser, à 3h le taxi m'emmène à l'aéroport et je grimpe dans le bon avion.

THAT'S ALL FOLKS!!!!!!!!!!!!!!!!!

Ainsi se terminèrent les onze mois de déambulations sur le continent américain. L'heure n'est point encore au bilan, mais plutôt à l'émotion de renter à la maison. Je suis partagée entre tristesse d'avoir terminé cette aventure, joie de retrouver tous mes proches, mes amis et puis excitation à l'idée de penser au prochain voyage...parce qu'il faut être sincère...je n'ai pas écris mon dernier mot!!!

J'espère vous avoir fait un peu voyagé ou du moins avoir su partager cet incroyable voyage avec vous. Peut-être que la conscience que ce voyage a réveillé chez moi aura suscité un peu de curiosité. 

J'espère aussi, et surtout, vous avoir fait ri, ou du moins vous avoir amusé parce que j'ai pris beaucoup de plaisir à écrire ces lignes, à choisir ce que j'allais vous raconter. Je n'ai pas tout raconté car une part du voyage m'appartient.

Ma « Légende Personnelle », comme l'écrivait Paolo Coelho dans l'Alchimiste, est intimement et à tout jamais liée à ce continent, l'Amérique Latine. Mon cœur parle espagnol, il bat au rythme des tambours des descendants des Grandes Civilisations. Mes trésors ne sont pas des données monétaires mais bien moins matériels. Ils sont la mémoire de ces paysages et des gens que mes rétines ont imprimé, des expériences que ma chair et mon cœur ont enregistré. 

Quelques mots d'une chanson "Latinoamérica" de Calle 13 pour achever ce dernier article.

 

Tu no puedes comprar el viento, (tu ne peux pas acheter le vent)

Tu no puedes comprar el sol (tu ne peux pas acheter le soleil)

Tu no puedes comprar la lluvia (tu ne peux pas acheter la pluie)

Tu no puedes comprar el calor (tu ne peux pas acheter la chaleur)

Tu no puedes comprar las nubes (tu ne peux pas acheter les nuages)

tu no puedes comprar los colores (tu ne peux pas acheter les couleurs)

Tu no puedes comprar mis alegrias (tu ne peux pas acheter mes joies)

Tu no puedes comprar mis dolores (tu ne peux pas acheter mes douleurs)

Aqui estamos de pie,Qué viva la América ! (Ici nous sommes debout, Vive l'Amérique !)

El jugo de mi lucha no es artificial porque el abono de mi tierra es natural

(Le fruit de ma lutte n'est pas artificiel parce que l'engrais de ma terre est naturel)




































Du Nord andin au Nord tropical...les « dessous » du voyage

Je vous ai laissé en suspens quelques jours pour faire monter un peu la pression...Quelle petite maligne je fais!

C'est bien beau de vous raconter ce que j'ai vu, par où on est passé mais on sait tous que les détails croustillants du voyage, les péripéties, les rencontres...ça intrigue pas mal!

NB: Pour ceux qui s'inquiéteraient de savoir comment je peux voyager en stop avec la quantité de bagage avec laquelle je suis partie de France, je tiens à souligner que je me suis allégée de beaucoup de superflu. Par ailleurs, au cours de mes pérégrinations j'ai laissé des une valise à Córdoba chez Adrián, et une woofeuse de Mendoza a rapporté avec elle à Buenos Aires un autre de mes sacs. Je le récupérerai avant de rentrer en France. 

Je peux commencer par vous dire que je suis devenue une pro du lever de pouce : moyenne du temps d'attente 30 minutes à une heure! Soyons claires : nous sommes en Argentine et deux minettes en sac à dos sur le bord de la route, ça offre aux hommes l'occasion de jouer aux chevaliers servants.

Commençons par le début...Nous passons la première nuit malgré nous à la Difunta Correa, ce sanctuaire. Il a plu à torrents et nous sommes trempées. C'est Manolo qui nous y a déposé. Il a eu tellement pitié de moi dans mon sweat-serpillère qu'il m'a offert sa polaire...que j'ai bien sûr refusée au départ mais il a tellement insisté que j'ai accepté. Certes, elle m'a légèrement encombrée dans le sac à dos, elle était loin d'être sexy (qui demande à un routier de 130 kg d'être sexy?!), elle ne va pas du tout avec les vêtements que j'ai emmené...néanmoins j'ai remercié chaque jour du voyage de l'avoir, ne serait-ce pour faire du stop en plein vent comme le long de la Quebrada de Humahuaca ou que ce soit pour me servir d'amortisseur de cailloux la nuit dans la tente...Oui parce qu'un simple sac de couchage, c'est pas le plus moelleux et le terrain accidenté et rocailleux du nord andin m'a légèrement endurci le postérieur!

Il est midi quand nous partons de la Difunta. Des autostoppeuses qui prennent leur temps! Au croisement de la route, nous rencontrons deux garçons qui sont sur le bord de la route depuis 7h le matin et sans succès. Petite montée d'adrénaline bien évidemment, et on se dit qu'avec un peu de chance, nous décollerons en fin de journée...Oui mais c'est sans compter sur les pouvoirs magiques d'un pouce féminin tendu aux routiers. A peine une demi-heure plus tard, alors que nous avons avancé un peu plus loin de l'endroit où sont les gars (oui c'est la règle, premiers arrivés moins à marcher!), un camion leur passe sous le nez et s'arrête pour nous. C'est Marcos qui accepte de nous emmener jusqu'au croisement de Marayes. Très sympa mais surtout très surpris de voir deux filles faire du stop, il nous met en garde sur les chauffeurs routiers. Marcos transporte de la bière, de la Quilmes pour être précise. Quand il nous laisse à Marayes, il nous tend deux bouteilles de bières d'un litre et nous dit que nous n'aurons qu'à la boire bien fraîche ou l'échanger contre un repas si nous venions à manquer.

 Si c'est pas mignon...mais on les a bu les bières...une le soir même sous le ciel étoilé de la Vallée de la Lune, et l'autre à Tafi del Valle quelques jours plus tard. D'ailleurs, petite anecdote concernant la Vallée de la Lune. Nous sommes arrivées en début d'après-midi à Valle Fertil, fais une petite pause et puis avons pris la direction du parc. Quelques 60 kilomètres nous séparent du parc et cependant tous ceux à qui nous demandons comment est le trafic nous assurent que nous auront beaucoup de mal à arriver le jour même. Ils ne savent pas à qui ils ont à faire, elles sont tenaces les deux petites lionnes et nous n'en faisons qu'à notre tête et parvenons finalement à nos fins. Sur le chemin, j'ai réussi à casser le thermo acheté pour l'occasion (allons-nous survivre sans le maté???) et à perdre mon seul sweat (laissé sur la banquette arrière d'une « estanciera »-une voiture ancienne – dans laquelle nous avons fait 2 kilomètres puisqu'elle est tombée en panne. Nous avons bien failli camper au bord de la route mais la chance nous a à la bonne et nous dormirons dans le parc de la Vallée de la Lune le soir même. Quant à la bière, savourée au clair de lune, un des policiers de garde nous l'a gentiment échangée contre une qu'il gardait bien au frais (gare à la bière chaude...elle peut vous faire courir aux toilettes plus vite que votre ombre!)


Après avoir bien profité du paysage lunaire, nous prenons la route vers la Rioja et Catamarca pour gagner Tucuman. Nous suivons cette fois les conseils des locaux et de gagner à pied le croisement vers la route principale. Mauvaise idée...il ne passe personne, le soleil se couche et nous devons planter la tente au beau milieu de nulle part. La nuit a été pittoresque puisque nos voisins, les ânes, ont décidé de nous faire savoir qu'ils étaient dans les parages.

 Le lendemain, pleines d'espoir, nous tendons le pouce dès 7h30. Toujours personne...Une heure plus tard, il fait déjà chaud et nous n'avons plus d'eau (deuxième indice pour l'autostoppeur, toujours s'arranger pour avoir de l'eau!) et nous décidons de faire demi-tour et de tenter notre chance à la sortie du parc. Quatre longues heures vont s'écouler avant que le camion qui apporte l'eau au parc prend pitié de nous et nous ramène à Valle Fertil. Douche fraîche à la station service et sursaut ravitaillement en eau fraîche. Propres et rafraîchies, nous commençons à demander à ceux qui s'arrêtent à la station service s'ils peuvent nous déposer au croisement de Marayes. Deux tentatives qui n'aboutissent pas : la première, c'est tant mieux parce que les gars avaient l'air d'avoir un sérieux coup dans le nez, et la deuxième m'a un peu plus fait rager. Il faut savoir que les routiers de YPF (les pétroles argentins) n'ont pas le droit de prendre des autostoppeurs, mais dans le doute je tends le pouce à un d'entre eux qui s'arrête. Je pique un sprint et lui sers le discours habituel. Il accepte, contre toute attente. Je lui dis que je cours chercher les sacs et ma camarade. On revient au pas de course là où il s'était arrêté...et le bougre il avait filé!!! Vous savez la rage que ça peut provoquer quand il fait pas loin de 40 degrés, que vous avez réussi à vous rafraîchir, mettre des vêtements propres et que pour un faux espoir vous êtes de nouveau trempée de sueur...Autant vous dire que j'ai pesté!!! Pas longtemps malgré tout puisque deux minutes plus tard, nous trouvions d'autres chauffeurs. D'ailleurs, nous avons doublé le camion YPF et j'ai eu comme une envie de lui faire un doigt d'honneur...néanmoins, je suis une jeune fille éduquée et me suis abstenue!!!

Croisement de Marayes. A peine installées à l'ombre, je tends le pouce. Premier camion, deuxième camion : BINGO! C'est Lucas qui s'arrête. Il est de Cordoba et les habitants de Cordoba sont réputés en Argentine pour être de joyeux lurons. Il ne faillit pas à la légende et nous a bien fait rire. Il décide même de s'arrêter dans un petit village pour nous offrir une bière, nous en acheter deux autres pour la route. Avec pas grand chose dans le ventre, la bière a des pouvoirs surnaturels!




Il nous dépose au poste frontière entre la Rioja et Cordoba (en Argentine, entre chaque frontière il faut passer un genre de douane, le poste étant géré par des policiers plus ou moins motivés). Contrôle de papiers pour commencer puis tournée de maté! Les policiers, notamment Sergio le plus à nos petits soins, nous laisse libre accès à la cuisine, nous offre une glace gigantesque pour le dessert, et nous installe dans une petite salle du poste pour passer la nuit. A 3h du matin, alors que nous dormons profondément, il nous réveille et nous prévient qu'il a un camion pour nous à 4h. Le chauffeur se repose un peu mais a accepté de nous emmené jusqu'à la ville la plus proche : Chamical.

Une heure plus tard, nous sommes sur le parking de la station service. C'est l'euphorie dans le village...nous sommes vendredi soir et la cumbia (style musical) fait encore vibrer les murs des bars. Aaaah ces jeunes alcoolisés qui viennent nous proposer de dormir chez eux...Ils sont si serviables!!!

Faire du stop à deux, c'est compter sur l'autre quand on est fatigué et ce matin-là c'est Ailen qui n'a pas d'énergie pour faire du stop. Elle a n'a pas eu son compte de sommeil et je m'active donc pour trouver un chauffeur. A 9h, nous sommes en route pour Frias, à mi chemin vers Tucuman. Le voyage a été long et monotone et c'est un chauffeur peu bavard que nous accompagnons. Vers midi, il nous laisse à Frias. En 30 secondes chrono en main, alors qu'on ne s'est pas étiré les jambes, je tends le pouce à un camion...qui s'arrête! Nous ne pouvons pas en croire nos yeux!!! C'est Pablo qui s'arrête et il s'en va à Tucuman...non mieux Famailla, juste à côté de Tafi del Valle!!!! Quelle chance. Pablo conduit pieds nus, c'est plus confortable!


Le monde est si petit que lorsqu'il me demande d'où je viens, je lui dis Nantes et il me dit qu'il connaît à cause du club de rugby, le SNUC. Je lui dis que je connais parce que mon petit frère y a joué...et bref, moi ça m'a fait marrer de rencontrer un routier de Tucuman qui connaît le club de rugby de Nantes!!! Il faut savoir qu'en plus de jouer au rugby, Pablo est professeur de danse folklorique. Non ce n'est pas incompatible. D'ailleurs, en Argentine, beaucoup d'hommes sont très fiers de pouvoir danser la Chacacera, el Gato, el Chamamé. On est loin du tango célèbre de Buenos Aires, mais ce sont des danses qui ont gardé l'esprit de la campagne et de ces gens.


Pablo nous laisse à une heure de route de Tafi. A nouveau, nous dépassons un groupe de gars qui fait du stop. Poliment, nous saluons et avançons un peu plus loin. Mais que voulez-vous, nos sourires resplendissants ont plus de succès et c'est nous qui partons en premier!!!!

J'ai cru que je ne repartirai pas de Tafi... Nous sommes partis en excursion dans les montagnes, et ce, malgré la pluie. Je dis nous, c'est-à-dire, Ailen et le petit groupe que nous avons connu au camping. Direction un point de vue en hauteur, au milieu des nuages. Une fois l'objectif atteint, la majorité a voulu continuer, pas moi. J'ai donc amorcé la descente. A un moment, au lieu de prendre à gauche, j'ai pris à droite et j'ai commencé à marcher...j'ai croisé un cheval mort dans son enclos, des peaux de moutons en train de sécher sur des fils barbelés, des chiens un peu énervés...et oui...j'ai commencé à paniquer! Respirer profondément et faire demi-tour. Deux heures plus tard, j'arrive au camping où tout le monde est déjà rentré. Autant dire qu'une fois que je leur ai raconté par où je suis passée, j'ai eu le droit à des blagues sur le sens de l'orientation des Françaises!

Tafi, Amaicha puis Quilmes. Rappelez-vous, nous sommes allées aux Ruines Quilmes. Il a bien fallu en revenir. Après avoir crapahuté sous la chaleur, nous prenons le chemin du retour. 5km. Les jambes ont du mal à ne pas faiblir. Et puis sans demander, une voiture s'arrête et nous demande : « Cafayte »??? Oui oui oui, nous allons à Cafayte!!! C'est Francine et Roger, de Montréal, qui nous embarque. Imaginez que vous n'avez pas parlé français depuis un bon moment et que lorsque vous reprenez contact avec votre langue maternelle vous ne comprenez rien!!!!!! C'est exactement ce qui c'est passé...pas forcément parce que j'ai tout oublié mais parce que le Québecois, c'est pas facile à comprendre! Francine et Roger ont un peu plus de la cinquantaine, pas d'enfants, un peu voire très fous, ils nous ont fait mourir de rire. A Cafayate, Roger décide de nous offrir un verre de vin à leur hôtel. Nous repartirons deux heures plus tard, après avoir bu deux bouteilles tous les quatre d'un très bon vin de la région. Monter la tente ce soir-là dans le noir aura provoquer quelques crises de fous rires...tout comme la polenta que nous avons totalement raté!

Au sortir de Cafayate commence la Quebrada de las Conchas. Le couple qui nous a embarqué dans sa kangoo est en visite aussi et ils s'arrêtent à tous les endroits stratégiques. Impeccable. Néanmoins, j'ai bien failli ne pas repartir avec eux, puisqu'au Mirador des Trois Croix, j'ai oublié de regarder où je mettais les pieds, glissé sur les genoux en pleine descente. Ça ne semble pas être grand chose, sauf que le chemin est au bord d'un précipice!!! Heureusement, y'a que mes genoux qui s'en souviennent!

Salta la linda (la jolie)...ouai ouai...sympa la ville mais pour en sortir beaucoup moins! Il nous a fallu marcher, grimper et pas cents mètres!!! Il fait particulièrement chaud et la piscine du camping me revient rapidement à l'esprit! Tout est dans la tête dit-on quand il faut faire un effort physique...facile à dire mais quand vos neurones sont cramés par le soleil, ça devient beaucoup plus compliqué! Nous survivrons et poserons nos sacs sur le bord de la route en direction de San Salvador de Jujuy. Premier tronçon de route à bord d'une mégane, 4 gars à bord. Ailen monte sur mes genoux. Ils travaillent dans le transport... Mmmmm??? En posant quelques questions stratégiques, nous réalisons rapidement que le type de marchandises qu'ils se chargent d'emmener du Paraguay ou de la Bolivie vers l'Argentine, c'est pas du thé! Pourvu qu'il n'y ait pas de contrôle sur la route... Cinquante kilomètres plus loin, ils nous déposent et c'est « légèrement » soulagées que nous descendons du bolide.

Sur le chemin vers San Salvador, nous avons la malheureuse occasion d'assister à un accident de la route assez terrible puisque c'est un bus de voyageurs qui s'est encastré dans le seul arbre sur le bas côté. Ça vous refroidit...quand en plus vous montez en voiture avec des gens que vous ne connaissez pas.

Purmamarca : les montagnes aux mille couleurs et les Salinas Grandes. J'ai bien cru qu'on allait passer la nuit en tenues estivales à quelques 3600m... Nous y sommes allés en stop, Ailen, deux compagnons de route et moi. C'est un chauffeur qui remonte vers le Pérou, en passant par le Chili, qui nous a pris tous les 4 en stop et nous a fait grimper le colimaçon dans la montagne. Pour le retour, il nous faut donc trouver une voiture mais il est déjà un peu tard et les voitures qui passent sont pleines à craquer. Il fait frisquet en haut quand le soleil se couche et le vent semble souffler de plus en plus fort, c'est parfois même difficile de tenir debout.
Encore une fois, de bonnes âmes ont eu pitié de nous et nous ont redescendu jusqu'à Purmamarca. J'ai eu le mal des hauteurs au moment de la descente...mais je répète...je suis une jeune fille éduquée et je ne vomis pas dans les voitures que je ne connais pas!!!

A Tilcara, j'ai seulement pris cher à la marche en montagne mais on ne peut pas vraiment dire que c'est une anecdote...juste une indéniable vérité...je manque de pratique!!!

La route vers le nord andin se termine à Humahuaca où je vais prendre mon premier cours de Chacarera, une danse folklorique, dans un centre culturel où nous avons passé la dernière soirée. Mais après le folklore vient le reggaeton...Cette danse brûlante de l'Amérique Latine qui vous fait remuer les hanches, les fesses comme si vous étiez un mélange de Shakira et de Beyonce! Ah ouai c'était chouette... mais en altitude, on a un peu moins d'endurance et c'est tous dégoulinant de sueur que vers 4h du matin, dans le froid, il nous faudra regagner le camping.

Direction le nord est...il est temps de nous séparer du petit groupe.

A Humahuaca, nous sommes prises en stop par Alejandro. Son histoire m'a beaucoup touchée puisque c'est un « ancien » enfant des rues de Buenos Aires à qui, un jour, quelqu'un a tendu la main. Il a su saisir sa chance et est maintenant entrepreneur. Il a 46 ans et a offert un bel avenir à ses 4 enfants. Il s'arrêtera à Tilcara pour nous offrir une pizza et nous laissera à San Salvador de Jujuy. Sa bonté et sa générosité m'ont émue parce qu'il n'a jamais oublié d'où il vient et maintenant qu'il peut rendre service, il sait le faire de bon cœur.

Sur le bord de la route à Jujuy, inspirées par les chorégraphies que faisaient nos compagnons de Purmamarca pour attirer l'attention, nous effectuons quelques petits pas pour indiquer la direction dans laquelle nous voulons aller. Et ça marche!!!! Non seulement, on a réussi à faire rire quelques automobilistes aigris au volant mais en plus un camion va s'arrêter. Chauffeurs du Paraguay. La communication est un peu limitée puisqu'ils parlent principalement guarani, et au mieux un mélange d'espagnol et de guarani. Malgré ce petit inconvénient, nous allons réussir à leur faire comprendre où nous voulons aller. Eux remontent vers Asuncion pour atteindre Ciudad del Este en passant par la province de Formosa. Quand à nous, nous avions dans l'idée de prendre une autre route...mais le but est d'arriver à Puerto Iguazu, peu importe le trajet emprunté. Les gars nous propose alors de faire route avec eux jusqu'à Ciudad del Este et nous voilà en route pour le Paraguay. Chance inouïe, il y a deux couchettes dans le camion et nous allons pouvoir nous alterner pour dormir un peu puisqu'il est 17h quand nous grimpons dans le camion et nous serons à Ciudad del Este, si tout va bien, le lendemain vers 15h. Les chauffeurs et moi allons passer la nuit à siroter du maté et tenter de discuter pendant qu'Ailen fait sa petite sieste à l'étage.


 Il est 9h du matin quand nous arrivons à la frontière. Les gars roulent depuis 5h du matin la veille, sans relâche et sans dormir. Mauvaise nouvelle, vue la file d'attente de camions pour passer la douane, ils risquent de devoir passer le week-end en attente. Terminus pour nous, nous poursuivons à pied.

Or, j'ai omis de vous signaler que depuis le 26 décembre, j'étais illégale en Argentine...je n'avais pas renouvelé mon visa!!! Pas moyen d'échapper à l'amende de 300 pesos (qui au passage vaut le même prix que le renouvellement du visa!). Le petit détail est qu'il n'y pas de système pour payer par carte bancaire et que je dois prendre un taxi, aller sur Clorinda retirer du liquide et revenir! Ça m'apprendra tiens!!!

Documents en règle, nous passons la frontière à pied et les quelques centaines de mètres qui nous séparent de la station service vont mettre à rude épreuve nos débardeurs. Il fait extrêmement chaud et humide. A ce moment-là, j'avais encore rarement autant transpiré. Oui, c'est pas très glamour mais c'est la réalité! Nous payons quelques pesos pour prendre une douche et, à dire vrai, je ferme les yeux parce que le sol est couvert de blattes et de cafard morts.


Pour aller à Ciudad del Este, il nous faut d'abord gagner Asuncion. Nous passons le pont au-dessus du fleuve Paraguay, celui que je voyais depuis la terrasse d'Horacio, le premier couchsurfeur du Paraguay, puis je passe à deux pas de là où habitait ma couchsurfeuse du mois de juillet, Lourdes mais je n'ai malheureusement pas son numéro sur moi. L'escale à Asuncion est de courte durée. Nous devons rejoindre San Lorenzo et c'est en partie en bus et en grande partie à pied que nous le faisons. Autant dire que la douche du matin est déjà un vague souvenir. Là où nous posons nos sacs, un homme est en train de lire le journal. Il nous voit tellement haletantes qu'il propose de nous offrir quelque chose de frais à boire. Quel délice ce soda à l'ananas! Au Paraguay, l'autostop est moins répandu et encore moins pour des filles. Alors dès les premiers pouces que nous tendons, nous avons le droit aux appels de phares, les gens nous saluent pensant que nous leur disons bonjour! C'est assez drôle! La chance nous sourit rapidement puisque 20 minutes plus tard, nous montons dans un camion direction Ciudad del Este. Pas franchement évident de se comprendre entre l'accent et le mélange guarani-espagnol. Asuncion-Ciudad del Este, c'est environ 6h de trajet. Notre routier nous a à la bonne et nous offre des chipas, ce beignet salé fourré au fromage et c'est plutôt bienvenu parce qu'on n'a pas mangé grand chose depuis la veille. Pause pipi. A nouveau, j'ai la preuve que l'humour sera toujours la meilleure manière de se sortir d'une impasse. Notre chauffeur prend confiance et profite d'un moment où Ailen s'absente pour me dévisager, ou plutôt me passe en revue et me lance cette petite phrase qui ne met pas tout à fait à l'aise (enfin surtout quand le chauffeur n'est pas tout jeune et horriblement laid!) : « t'as plutôt un beau physique, belle femme », phrase à laquelle j'ai répondu : « on fait ce qu'on peut! », ça l'a fait rire et j'ai rapidement changé de sujet en demandant combien de temps de route il nous restait.

Il pleut à torrent sur la route, la nuit commence à tomber et on ne peut pas dire que les Paraguayens soient les as de la sécurité. Rappelez-vous ce chauffeur de bus dont je vous ai parlé qui s'endormait au volant. Nous aurons à nouveau la preuve que la route peut vous coûter la vie : accident de la route gravissime. Camion + voiture + moto = la jambe d'une femme sous ce qui fut à un moment donné un monospace. Une image gravée à jamais. Personnellement, j'ai rapidement détourné le regard, alors que le chauffeur ralentit pour mieux admirer le spectacle macabre et se met à rire en disant qu'il en avait vu des accidents, et des pires. Je lui ai clairement répondu que je ne voulais rien savoir, et à l'arrière, Ailen a fondu en larmes. La sensation que la vie ne tient qu'à un fil ou plutôt qu'à un coup de frein. Ça nous a pas mal refroidi. Le chauffeur nous laisse au péage situé avant l'entrée à Ciudad del Este. Il nous propose de nous laisser dormir dans le camion pendant que lui va faire un peu la fête. L'accident, l'attitude du chauffeur, ses remarques...j'ai pas du tout envie de rester dans le camion, même si ça signifie qu'il faut monter la tente et qu'on perd l'occasion de dormir sur un vrai matelas.. On peut pas dire que le fait qu'il aille boire des coups et qu'il soit susceptible de revenir éméché ou ivre m'ait inspiré confiance et je fais signe à Ailen que non, nous ne passerons pas la nuit dans le camion. Instinct de survie sans doute.

Une bonne nuit de sommeil pour se remettre sur les rails et nous voilà fraîche pour passer Ciudad del Este. Il nous reste quelques kilomètres depuis le péage pour atteindre la ville, et c'est un bus qui s'arrête. Nous lui faisons signe que nous n'avons pas d'argent et il nous a emmené gratis!!! La grande classe!!! J'ai un peu honte toute de même parce que le bus ne vaut presque rien et on aurait pu le payer, sachant que le guarani est une monnaie vraiment faible. Mais la règle était de faire le maximum d'autostop!!!

Le bus nous dépose sur la route pour passer au Brésil et nous pouvons tranquillement faire du pouce jusqu'à la douane. A notre grande surprise, nous retrouvons nos chauffeurs paraguayens qui nous avaient emmené de San Salvador à la frontière Argentine – Paraguay. Ils ont finalement réussi à passer la douane avant le week-end et sont de retour chez eux.

Un conseil pour ceux qui s'aventureraient à vouloir faire du stop jusqu'à la frontière Paraguay – Brésil : allez-y à pied! Vous aurez plus vite fait de slalomer entre les voitures, les moto-taxis, les bus, les vendeurs ambulants, les as du shopping... Nous sommes bien montées dans une voiture, mais quand au bout d'une demi-heure, suffocante au passage, la voiture n'a pas bougé d'un mètre, j'ai décidé de descendre et convaincu Ailen d'en faire autant. Sans regret...sinon je pense que nous y serions encore.

Nous voilà au Brésil, à Foz do Iguazu, pas tout à fait prévu dans le plan initial...Néanmoins, pendant une minute, nous songeons à faire une folie et à continuer tout droit vers les plages de Camboriu qui sont à dix heures de route...une bagatelle quoi! mais le temps manque un peu à Ailen. Il nous faut arriver les premiers jours de février à Cordoba.



Du guarani, du brésilien...la communication n'est pas toujours évidente en terre inconnue. Ça va nous coûter une belle marche dans Foz do Iguazu, nous n'avons pas compris que la frontière vers l'Argentine était à plus de 10 kilomètres, une fois sorties de la ville, et traverser Foz, c'est long! Nous déclarons forfait après 3h de marche sous une chaleur écrasante et prenons un bus qui nous emmène directement à Puerto Iguazu, côté argentin. Le comble, c'est que ce même petit bus part directement de la frontière Paraguay – Brésil, que ça coûte 7 pesos que vous le preniez au début ou milieu du parcours. Promis, je me mets au brésilien pour le prochain voyage.

Pas d'incident notable à Puerto Iguazu, sauf peut-être le « viejo verde » (le « vieux vert » expression qui décrit un homme pas tout jeune mais qui a des vues sur les petites jeunes) du camping qui n'a pas arrêté de me draguer au nez et à la barbe de sa femme. Allez Noëmie, souris et prends tout ça à la légère sinon tu risques de l'envoyer balader de façon tout à fait grossière, et je répète : je suis une jeune fille éduquée qui n'insulte pas les petits vieux!!!

Nous avons bien essayé de frauder à l'entrée du Parc National d'Iguazu, sur les conseils de nombreux « mochileros » (vient de mochila, le sac à dos, donc ceux qui voyagent en sac à dos) mais ça n'a pas marché. Il faut savoir qu'en Argentine, la majorité des tarifs varient si vous êtes Argentins, du Mercosur (Union de certains pays d'Amérique du Sud) ou de l'extérieur. Pour Ailen, c'est 35 pesos l'entrée, pour moi 100. Pas de bol, nous sommes tombées sur le seul guichetier qui demande des papiers d'identité à l'entrée et je vais devoir payer les cent pesos!

De Puerto Iguazu, nous avons pour objectif d'atteindre San Ignacio et les ruines jésuites. A nouveau, c'était sans compter sur les surprises du voyage en stop. Il pleut des cordes, le tonnerre gronde et les éclairs sont comme des stroboscopes gigantesques ce jour où nous partons de Puerto Iguazu. C'est un chauffeur brésilien de Foz qui s'arrête et nous met à l'abri du déluge. Questions habituelles : d'où venons-nous? Comment nous connaissons-nous? Quel âge avons-nous? N'est-ce pas dangereux deux filles en stop? Nous sommes presque au terme du voyage et avons répondu à ces questions au moins une trentaine de fois et avons désormais nos réponses toutes prêtes!

C'est ce chauffeur qui va nous conseiller de passer la nuit au Lago Urugua-i. En arrivant près du lac, nous ne nous posons pas la question longtemps et décidons de planter la tente. Ever, le chauffeur, propose d'aller chercher des bières au village pour que nous puissions trinquer. Le voilà donc parti poser son camion à la station service du village à quelques kilomètres puisqu'il ne peut pas le laisser au bord de la route. Nous nous installons, cuisinons...Ever ne réapparaît pas. Au final, Ailen et moi trinquons toutes les deux et filons nous coucher. Une heure plus tard, alors que nous avons sombré dans un profond sommeil, j'entends comme une voix très grave juste à côté de mes oreilles, puis quelqu'un qui essaie d'ouvrir la tente. Ils sont plusieurs et parlent en portugais. Ever est bien revenu avec deux bières, mais aussi avec deux potes routiers. Ni une ni deux, je retrouve mes esprits et réveille Ailen. Tous sourires, ils sont ravis de nous faire la surprise. Mmmmmmmmmouai...j'suis pas réellement du même avis et Ailen encore moins puisqu'au bout d'une demi-heure, elle retourne se coucher me laissant seule avec les 3 Brésiliens. Ils ont eu la « délicate » attention de nous prévenir qu'il fallait être prudentes ici, ne pas se baigner la nuit, puisque le lac abrite des Sucuri et des Jacaré, en d'autres termes des anacondas (vous savez cet immense serpent capable de s'avaler une vache!) et des caïmans. Bah tiens, ça me met en confiance pour aller me baigner le lendemain ça!!!
Ever, un peu déçu qu'Ailen s'en aille, il explique à son voisin qu'il a envie de rentrer alors que celui qui est assis à côté de mois (48 ans, soit dit en passant) commence à me caresser la cuisse. Il croit encore au Père Noël à son âge...je ne compte pas le laisser faire. Tous les trois décident alors, sans s'inquiéter de si ça nous dit ou pas, de revenir le lendemain soir pour faire une grillade tous ensemble. Perso, j'avais envie de faire un asado avec eux comme d'aller chez le dentiste!
Bref, mon voisin se fait un peu insistant et je mets un terme à la conversation prétextant que je suis exténuée (c'est pas tout à fait faux, ni complètement vrai). Ever et son pote se lèvent et demandent tout naturellement au troisième s'il rentre ou s'il passe la nuit ici. Ah ouai??? On peut peut-être me demander mon avis auparavant non??? Je devance la réponse et explique clairement que s'il veut rester dormir au lac ce sera sur un des bancs et non ailleurs.
Il décide finalement de rentrer avec ses collègues mais au moment de me dire au revoir, il fait tout de même une ultime tentative pour rater ma joue. Z'ont l'sang chaud les Brésiliens!!!

On a « prié » le lendemain pour qu'ils ne reviennent pas, c'est pas ce type de compagnie que nous recherchons, et l'univers nous a écouté! MERCI!!!! N'empêche qu'avec leur explications de la faune du lac, j'ai mis un temps fou à rentrer dans l'eau le lendemain, tout en surveillant s'il n'y avait pas un truc louche dans le sable ou entre les joncs!!!

Du lac Urugua-i, nous faisons route vers San Ignacio. Au croisement où nous a laissé la première voiture, nous allons attendre un peu plus que d'ordinaire. Le soleil commence à se coucher, j'ai un mal de tête abrutissant à cause de la chaleur. Il est 20h et je tends le dernier pouce de la journée. Bingo! Le camion s'arrête et nous allons avoir beaucoup de chance puisqu'il va précisément à la Playa del Sol, là où nous avons prévu de passer la nuit. C'est à la fois une sablière (le sable étant extrait du milieu du fleuve Parana), et un camping abandonné, où nous retrouvons quelques mochileros rencontrés à Puerto Iguazu.

Pour repartir du camping, c'est très simple. Il suffit d'attendre qu'un camion vienne charger du sable et lui demander de nous déposer dans le centre. Le chauffeur à qui nous demandons de nous emmener va être particulièrement aimable puisqu'il va nous laisser à l'entrée de la mission jésuite que nous sommes venues visiter.

Durant la visite, on entend le ciel gronder. Il fait une chaleur harassante et c'est dur de trouver de l'air. Nous quittons le site et toujours aucune goutte...on étouffe... Nous nous installons pour déjeuner, nous rafraîchir et aussi « célébrer » la fin à proprement parlé de notre itinéraire. Il nous faut arriver à Cordoba, mais nous avons fait tout ce que nous avions prévu de faire! Sensation agréable!

Au moment où nous nous apprêtons à reprendre la route, l'orage éclate enfin et la pluie inonde rapidement la route, les balcons, les terrasses. Ça ne nous arrange pas vraiment mais qu'est-ce c'est agréable!!!!

Nous allons attendre que ça se calme pour nous mettre en route. C'est Mauro, un commercial en produit vétérinaire qui nous emmène de San Ignacio a Posadas. Il ne veut pas nous laisser n'importe où et fait alors un grand détour pour nous mettre sur la route de Corrientes. Il est déjà tard et nous repérons un endroit où dormir. C'est alors que s'arrête Israel qui nous dit qu'il est tard, que personne va nous prendre en stop à cette heure-ci. Il nous dit d'aller voir le responsable du camping d'en face et de lui dire que nous venons de sa part. Le camping est désert. Nous faisons la connaissance de German, un homme d'une cinquantaine d'années qui a en charge la surveillance et l'entretien du camping. Il nous confirme que nous pouvons planter la tente sans problème. Israel revient rapidement, lui est le jardinier du cimetière paysager qui est à côté du camping. Tous les 4, nous allons boire du maté un bon moment et nous allons écouter les histoires, rocambolesques, de chacun. Au moment d'aller dormir, German nous tend des matelas. Au cours de la conversation, j'avais dit que les premiers mouvements du matin étaient difficiles, surtout au niveau du bassin, puisque nous dormions à même le sol. J'accepte les matelas et il se met à rire en me disant qu'au moins demain j'aurais pas mal aux fesses. Quelle nuit extraordinairement confortable nous passons!!!!

Le bonheur de sentir quelque chose de moelleux sous mon postérieur, mon dos...
Dès 7h le lendemain matin, nous sommes sur le pied de guerre. Nous remercions notre hôte et reprenons la route.

Ce vendredi matin, l'autostop va fonctionner assez rapidement. C'est un camion venant de Curitiba, au Brésil, qui s'arrête. Nous faisons la connaissance de Daniel, de Sao Paolo, et de Junior, de Parana. Daniel ne parle pas un mot d'espagnol, mais Junior qui a vécu au Mexique parle très bien. Il nous demande où nous voulons aller et nous leur disons Cordoba. Eux aussi! Banco! Nous allons faire route ensemble!

Rares sont les camions qui font le voyage seuls. Daniel est en équipe avec 3 autres camions : celui d'Edismuno, celui de Charles et celui d'Isaac. On entend la radio-sibi s'égosiller. Ce sont les autres chauffeurs qui se sont arrêtés plus loin et préviennent Daniel, qui ne tarde pas à leur dire qu'il s'est arrêté pour prendre des autostoppeuses. Si bien que lorsque nous rejoignons les autres camions, ils viennent aux nouvelles.

Détail important que je ne dois pas omettre. Les gars ne sont plus pressés d'arriver. Nous sommes vendredi et ils savent qu'ils n'arriveront pas avant la fermeture de l'entrepôt de Cordoba. Ils déchargeront lundi. Donc pourquoi se presser???

Première pause pêche, pause déjeuner – nous sommes invitées à partager leurs repas – deuxième pause pêche. Cette fois, un des routiers me dit de venir pêcher avec eux. J'ai quelques vagues souvenirs de comment ça se passe mais je m'en sors plutôt bien puisque j'ai pêché 4 jolis poissons dorés et moustachus pour le dîner! Comme on ne se refait pas, alors que je sortais un poisson de l'eau, j'ai dérapé, me suis cognée puis coincée le pied gauche dans des cailloux. On ne m'avait pas dit que la pêche était un sport à hauts risques!






Une fois le dîner du soir pêché, lavé et préparé, nous reprenons la route. Son à fond dans le camion, nous faisons petit à petit connaissance avec les gars. Daniel est le surexcité de la bande mais il me fait mourir de rire. Junior, son cousin, est beaucoup plus calme. Ça équilibre. Au moins, on ne s'ennuie pas à bord. Nous avons roulé peut-être une heure quand tous décident de s'arrêter, avant de passer Corrientes, pour passer la nuit. Tournée de bières à la station service avec d'autres collègues à eux qui sont sur le retour. Nous dînons tous entre deux camions : du riz, des frijoles (des haricots rouges) – un basique de la cuisine brésilienne, et les poissons que nous avons pêché, qui ont été panés et fris. Waouhhhhhhhhhhhhhhhhhhh, depuis que nous sommes parties de la ferme, je n'avais pas aussi bien mangé. Un vrai régal! C'était un chouette moment, on a beaucoup ri.

Pour passer la nuit, nous allons changer de camion puisque Junior et Daniel partagent déjà la cabine. Edismuno nous propose sa couchette et lui va attacher le hamac entre les deux portières.

Le samedi, le réveil est laborieux pour certains qui ont traîné un peu plus tard. Nous partons après le petit déjeuner, vers 8h. Nous traversons Corrientes, puis Resistencia. On s'arrête déjà. Ils veulent faire des courses. Des vraies minettes ces routiers brésiliens, ils reviendront deux heures plus tard les bras chargés de nourriture. Cette fois, c'est parti. En route pour Cordoba, pour de vrai. Nos plans vont être légèrement contrecarrés par un ennui technique. Demi-tour vers Resistencia, à l'atelier Scania. Les mécaniciens étaient sur le point de partir en week-end...pas de chance! La panne est plus sérieuse qu'ils n'imaginaient et nous allons passer toute l'après-midi à l'atelier. Junior s'est inquiété de savoir si nous étions attendues à Cordoba, si nous voulions récupérer nos sacs. Mais rien ne presse désormais et nous préférons rester avec eux. Cette après-midi à l'atelier Scania, Daniel nous a bien fait rire. Les mécaniciens ont dû faire nombres d'efforts pour garder leur sérieux. C'est seulement vers 19h que nous reprenons la route. En fin de compte, les autres chauffeurs qui devaient nous attendre, ont décidé de filer car les horaires sont restreints le week-end pour les camions et ils veulent être sûrs d'arriver à bon port dimanche avant 18h.

Vers 22h, nous nous arrêtons pour prendre une douche et dîner. Nous retrouvons un autre chauffeur et ami de Daniel qui est sur le retour : Celiu. Il a 23 ans et il conduit des camions depuis l'âge de 12 ans. Sa maison, c'est son camion et les stations services et il m'explique que quand il laisse son camion c'est pour monter dans sa voiture et être aussi sur les routes. Une façon tout à fait extraordinaire, au premier sens du terme, de vivre. Avec Daniel, alors qu'Ailen est partie dormir dans une des Logan 0km que les gars convoient, et que Junior s'est installé dans la cabine, nous allons bavarder une bonne partie de la nuit autour de quelques bières. Bien que nous ne parlions pas une seule langue en commun nous arrivons à nous comprendre. Comme quoi, nous pouvons communiquer quand nous le voulions bien, ce n'est pas qu'une question d'utiliser la même langue. Il m'a raconté pourquoi il fait ce travail de fou : ses deux filles. Il m'a confié beaucoup de choses dont il ne peut pas discuter avec les autres chauffeurs, et m'a dit qu'Ailen et moi étions désormais des petites sœurs pour lui et Junior, qu'à partir du moment où nous sommes montées dans le camion, ils devaient nous protéger. Il s'est excusé du comportement parfois un peu douteux des autres chauffeurs, même si lui siffle les filles à longueur de temps, il avait beaucoup de respect pour nous et qu'il ne voulait pas que quelqu'un nous traite mal. Je suis très émue en entendant tout cela. Il existe encore beaucoup de gens biens dans ce monde individualiste qu'on veut nous vendre. J'en ai encore une fois la preuve.

Je vais dormir deux petites heures cette nuit-là, moi aussi dans ma Logan 0 km. A 4h30, c'est Junior qui se met au volant. Petit détail...Junior était juste venu accompagné son cousin, mais il lui arrive de le remplacer pour que Daniel se repose. Junior a une histoire toute particulière. Il a vécu quelques mois au Mexique, avant de passer illégalement aux Etats-Unis où il a ouvert un atelier de mécanique. Durant 4 ans, il va amasser des dollars puis rentrer au Brésil et acheter des terrains pour construire des maisons pour petits budgets. Il m'a scié en nous racontant cela parce qu'il faut du cran pour accepter de vivre dans l'illégalité dans un pays comme les Etats-Unis.

Vers 15h, dimanche, nous laissons nos compagnons de route à leur destination. Nous sommes à quelques kilomètres du centre de Cordoba et il vont attendre demain matin pour décharger les Logan, charger les Sendero et repartir. Je ne saurai dire combien de camions du Brésil sont en attente dans cette station service. Nous allons nous dire au revoir autour d'un asado et quelques bières, et j'avoue, le cœur gros, nous reprenons la route vers le centre ville et aussi la fin de notre voyage. En trois jours, nous avons lié une chouette amitié. Daniel fait un peu le gros dur mais c'est lui qui s'est ému le premier de nous laisser partir. Quant à moi, j'ai d'ores et déjà promis de passer au Brésil les voir lors de mon prochain voyage.

3 comme : amor salud y paz



Quelques jours à Cordoba, puis mercredi, Ailen repars à Mendoza. C'est Lucas un des chauffeurs que nous avons rencontré au début du voyage et qui prenait régulièrement des nouvelles qui va ramené Ailen à sa famille.

Cette fois, il faut vraiment se dire au revoir, et à bientôt... Cette expérience nous a encore plus rapprochées, nous avons pu apprendre à mieux nous connaître, nous rendre compte de nos différences aussi. Pour moi, c'était la première fois que je voyageais avec quelqu'un et quand on est habitué à le faire seul, ça demande patience et compréhension. Quelle aventure, non? Une belle façon de terminer mes Déambulations...




















































































samedi 12 février 2011

Du Nord andin au Nord tropical...en stop...la boucle

L'aventure en Argentine, ou du moins en Amérique Latine, m'a réservée de nombreuses et merveilleuses surprises mais j'étais loin d'imaginer que j'allais encore vivre des péripéties qui alimenteraient mes carnets de voyage à vitesse Grand V et me donneraient matière à nourrir les Déambulations.

A la ferme de Mendoza, j'ai lié une belle et sincère amitié avec la fille de la famille, Ailen (Brasita en mapuche, les indiens du sud du pays). Toutes les deux du signe du lion, ascendant lion, nous avons en commun le goût du défi et de l'aventure. Dès le mois d'avril, nous avions parlé de voyager ensemble sans réellement penser que ça allait devenir réalité. En décembre, quand j'ai pris la décision que j'allais quitter la ferme les premiers jours de janvier pour continuer le voyage, sans vraiment savoir ni où aller ni comment, j'ai soumis l'idée à Ailen de partir ensemble. Elle avait dans l'idée de visiter le sud du pays pendant l'été. Puis, petit à petit, elle s'est émue à l'idée de connaître le nord andin. De mon côté, j'avais une vraie curiosité pour ce même nord, mais aussi pour le nord est du pays, la région de Misiones et les Chutes d'Iguazu. Ensemble, nous avons dessiné le parcours qui nous emmènera de Mendoza à Cordoba, en passant par Humahuaca, tout au nord ouest du pays, près de la frontière de la Bolivie, et par Puerto Iguazu, à la frontière du Brésil au nord est de l'Argentine. Surgit l'idée de tout faire en stop, sac à doc et toile de tente. Déjà, parce que toutes les deux, nous avons des moyens limités mais aussi parce que c'est l'aventure qui compte avant la destination.

C'est ainsi que le 4 janvier dernier, nous avons endossé nos sacs et tendus nos premiers pouces depuis Tunuyan. Quitter la famille, les copains et la ferme n'a pas été chose facile mais je sais à ce moment-là que nous nous apprêtons à vivre une belle expérience.

Dans ce chapitre, je vais plutôt vous faire revivre le parcours, les paysages...le deuxième volet sera pour les détails plus pittoresques de l'aventure en stop !!!

Première destination : la Vallée de la Lune, province de San Juan. Pour y parvenir, il nous faut emprunter la fameuse route 40 qui traverse l'Argentine du Nord au Sud en longeant la Cordillère des Andes. Avant d'y parvenir, il nous faudra passer la nuit à la Difunta Correa, un sanctuaire païen. Plutôt imprévue comme destination, mais je vais découvrir un endroit tout à fait atypique. La légende dit que la Correa était une femme dont le mari était parti à la guerre. Un jour, elle décida d'aller le rejoindre et entreprit le voyage avec son bébé. Elle serait morte de soif dans le désert, mais son bébé aurait survécu en s'alimentant de son sein. Un berger du coin les auraient trouvé, elle étendue, inerte, et son bébé tétant le lait maternel. Quelques temps plus tard, un autre berger avait perdu son troupeau dans ce même désert, et il se serait souvenu du miracle et aurait demandé à la Difunta (la Défunte) de lui venir en aide. Le miracle aurait eu lieu et le troupeau aurait été retrouvé. C'est ainsi qu'est née la légende. Depuis, les gens viennent demander de l'aide à la Difunta, des demandes de tous types. Mais la Difunta est exigeante, elle demande de passer pour la remercier. C'est pour cela que le sanctuaire ressemble à un village de poupées avec toutes les petites maisons, puis il y a les plaques d'immatriculation pour les voitures ou les camions qu'elle aurait concédé, des plâtres pour des guérisons....et puis des bouteilles remplies d'eau pour qu'elle ne meurt plus jamais de soif. Miracle ou pas, beaucoup d'argentins viennent en pèlerinage dans ce sanctuaire.

De la Difunta Correa, nous prenons la direction de la Vallée de la Lune, le parc Ischigualasto. Nous avons eu la chance inouïe d'arriver pour le coucher du soleil et de dormir dans le parc, sous un ciel étoilé incroyable. Je suis tout simplement émerveillée par les couleurs chatoyantes des montagnes. C'est seulement le lendemain que nous visitons le parc. 40 km de parcours à travers les âges, la fossilisation, l'érosion. Du Sous-marin, au Champignon, de la Muraille Rose à l'Indien couché. On dit que c'est ici que les dinosaures auraient vu le jour.




De la Vallée de la Lune, nous partons en direction de la province de Tucuman, plus précisément, la Vallée Calchaquie. Changement de climat et de décor avec la province de San Juan. Toutes les tonalités de verts me semblent présentent, puis les plantations de canne à sucre qui vous rappèlent que vous êtes sur un autre continent. Il pleut, vous savez cette pluie d'été chaude... Nous montons en altitude de Tucuman a Tafi del Valle et il nous faut traverser des paysages magnifiques de forêt vierge et cascades. La pluie ne cesse de tomber. Nous arrivons à Tafi del Valle et c'est comme si j'arrivais au Pays Basque. Les collines, les couleurs et les maisons me font penser à cette région de France et d'Espagne que j'aime particulièrement. Des deux jours à Tafi, je vais bien sûr me souvenir de la marche jusqu'au « Mirador de la Cruz », sous la pluie, dans les nuages et de cette vue sur la vallée qu'on dit magnifique mais dont je n'aurais pas profité vu l'état du ciel ; mais aussi de l'ambiance hippie et chaleureuse du petit camping où nous avons fait la connaissance d'un petit groupe que nous allons retrouver tout au long de notre ascension vers Humahuaca.


De Tafi del Valle, nous partons à Amaicha del Valle. Le panneau à l'entrée assure 360 jours de soleil par an. Ça a de quoi nous remonter le moral après la pluie de Tafi, les sacs et les vêtements humides, la toile de tente détrempée. Pour aller de Tafi à Amaicha, il faut aller plus haut en altitude, les oreilles se bouchent, le cœur bat plus vite. Nous passons le point culminant qui est aussi une zone de forte pression qu'il s'appelle El Infiernillo (le petit enfer). Une fois passé, comme par magie, un grand ciel bleu nous attend et une vue magnifique sur les montagnes jonchées de Cardones (un cactus typique de la région) et sur Amaicha. Ce petit village est principalement habité par des voyageurs, comme moi. La petite place centrale est animée par les artisans de bijoux, de tissus ou de paille.

A nouveau, nous passons deux jours à profiter de la nature. Une balade en montagne nous emmènera vers une cascade qui réserve une belle surprise. En fait, il y a 5 cascades, chacune plus grande et plus inaccessible que la précédente. Un grand moment de plaisir, un peu sportif et surtout une belle montée d'adrénaline. Je finirai la descente avec les mains toutes écorchées et un coude surgonflé et impossible à plier... Qu'importe, le jeu en a valu la chandelle!

A 20 kilomètres d'Amaicha se trouvent les ruines des indiens Quilmes. Cinq kilomètres de marche dans le sable et sous un soleil de plomb nous attendent pour rejoindre la route aux ruines. La visite aura été un grand moment d'émotions pour moi. Je ne saurais l'expliquer mais ce lieu m'a beaucoup émue par son histoire. Les indiens Quilmes ont défendu leur territoire durant 120 ans face aux envahisseurs espagnols, puis ont été vaincu. Certains des habitants ont pu fuir, beaucoup ont été emmené de force à Buenos Aires, parcourant les plus de mille kilomètres qui séparent Aimaicha de la capitale argentine à pied. La majorité est morte sur le chemin. Plus tard, un riche propriétaire, aidé par un gouvernement corrompu, est parvenu à acheter le territoire des Quilmes pour en faire un site d'attraction touristique. Afin de rendre l'entrée plus agréable, il a détruit bons nombres de maisons qui « gênaient » l'entrée. Il a fait construire un hôtel de luxe, puis une piscine dans une zone où l'eau manquait déjà cruellement pour les cultures. Il a dérobé sur ces terres toutes les céramiques et œuvres d'art décrétant que comme le terrain lui appartenait, ce dont regorgeait les ruines aussi. Les autochtones, désireux de récupérer les terres de leurs ancêtres se sont alliés à d'autres groupes qui ont subi le même sort, en autre les Diaguitas, les Aimaichas... et à force de lutte ont réussi à faire fermer l'hôtel. Ils exploitent eux-mêmes le site aujourd'hui et tentent de récupérer leurs mémoires. Cette histoire de territoires et richesses volés aux peuples indigènes n'est pas un cas isolé malheureusement. Il en a été de même pour les Huarpes, les Mapuches, les Comechingones, les Tobas, les Guaranies...et tant d'autres peuples partout en Amérique Latine ; l'Homme blanc voulant toujours plus de richesses et se persuadant qu'il est supérieur aux peuples d'origine.

Pourquoi j'ai été émue particulièrement par cette visite? Tout simplement parce que le guide à l'entrée a terminé son explication en nous souhaitant une belle visite, mais surtout en nous souhaitant de ressentir l'énergie de ce lieu, de ce peuple qui s'est battu jusqu'à la mort pour conserver son territoire et ses traditions. Par ailleurs, il nous a dit que peu importe la couleur de notre peau, nous pouvons tous nous sentir concernés par l'histoire des Quilmes. Ailen est « morocha », c'est-à-dire noire de peau et moi, je suis la blanche...

De Quilmes, nous gagnons Cafayte, connu pour ses vignobles d'excellence au milieu des montagnes. Paysage magnifique et vin savoureux, c'est ce qui me marquera de notre courte halte dans ce petit village hautement touristique.

La route qu'il nous faut suivre de Cafayte à Salta porte un nom : Quebrada de las Conchas. On dit Quebrada (ou faille) pour les montagnes traversées par un fleuve, et Conchas (ou coquillages) pour les fossiles de coquillages ou coquillages retrouvés et qui datent de l'époque où la mer ne s'était pas encore retirée. Spectacle extraordinaire de formes et de couleurs : Los Castillos, ce flanc de montagne qui ressemble aux tours d'une cathédrale, l'Amphithéâtre, une faille dans la montagne qui recèle d'une acoustique digne des meilleurs constructions actuelles et où beaucoup d'artistes viennent donner un concert, puis la Gorge du Diable...je n'en ai vu que l'entrée...Légèrement refroidie par mon coude toujours endolori après mon escapade dans les cascades de Cafayte, je refuse d'escalader l'intérieur de la Gorge. La trentaine...l'âge de raison certainement...




Sur le chemin de Salta, nous pouvons admirer les immenses plantations de tabac, encore en fleur. Je ne cesse de m'émerveiller du paysage que nous traversons, des visages que nous croisons. Ça paraît un peu stupide, mais tout au long du voyage, j'ai beaucoup de mal à réaliser que c'est bien moi qui suis en train de voir ce que je vois, bien moi qui vis ce que je suis en train de vivre, bien moi qui foule le sol de ces terres qui jusqu'à présent ne relevaient que du fantasme.

Pause citadine à Salta la linda (la jolie). Ville de style purement colonial, je n'ai pas été envoutée par la capitale du nord andin. Néanmoins, j'ai hautement apprécié la piscine sur-dimensionnée du camping municipal. Il commence à faire vraiment chaud et beaucoup de fleuves sont à sec en cette saison. Je ne boude pas cette eau chlorée qui nous rafraîchit.

Salta a aussi la réputation d'avoir les meilleurs « empanadas » du pays. La « emapanada » est un genre de petit chausson de pâte brisée, dont l'origine est espagnole, fourré de viande ou de fromage, d'oignons...Chaque région y va de sa spécialité. Celles de Salta ont des œufs, de la viande et de la pomme de terre et une petite sauce bien piquante pour les accompagner. Bien évidemment, j'ai goûté pour vous, en bon reporter gastronomique que je suis et je vous conseille, si un jour vous passez par là de vous laisser tenter et de les accompagner d'une petite bière du Nord : La Salta !

Fin des festivités citadines et direction Purmamarca. Nous sommes dans la province de Jujuy, celle qui est la plus au nord du pays, la plus andine aussi. La route que nous empruntons est classée au Patrimoine Mondial de l'UNESCO. On lui donne le nom de Quebrada de Humahuaca. Nous allons faire trois villages de la Quebrada : Purmamarca, Tilcara et Humahuaca. Il s'en est fallu de peu pour que nous allions jusqu'en Bolivie...mais ça c'est pour un autre voyage. Purmamarca est un charmant petit village de terre battu, connu pour ses montagnes aux 7 couleurs. Je ne sais pas pourquoi on lui a attribué ce chiffre parce que personnellement j'en ai vu beaucoup plus de 7. Ce sont les minéraux qui colorent les montagnes : du violet, du vert, du orange, du marron, du rouge, du jaune... des couleurs aux plus intenses, une vraie palette de peintre.

 Tout autour de la petite place centrale vous trouverez beaucoup d'artisanat...en regardant de plus près, c'est la même chose que j'avais vu du côté de Cusco. Je sais bien que la culture andine appartient autant au Pérou, à la Bolivie qu'à l'Argentine mais je suis tout de même un peu surprise. En discutant avec un vendeur, j'apprends que tout est fait en Bolivie... Tu parles d'un artisanat local toi !!! J'imagine que c'est la même chose pour nos porte-clés Tour Eiffel fabriqués en Chine...

Purmarmarca, c'est aussi l'occasion d'écouter un peu de folklore du Nord : de la Chacarera de Santiago del Estero aux Bandas andines, équipées de quenas (flûtes de paon...d'ailleurs pourquoi ce nom qui n'a rien à voir???) et tambours. Mélomane à mes heures perdues, mes oreilles sont en ébullition et je savoure ces moments de découvertes musicales.

Situées à 70 kilomètres de Purmamarca, en prenant l'unique route qui va vers le Chili et le Désert d'Atacama, vous trouvez les Salinas Grandes : du sel à perte de vue au milieu de la montagne, si près des nuages qu'on a l'impression de pouvoir les toucher, un soleil qui vous brûles les épaules et un vent qui finit par vous abrutir. Il ne faut pas avoir le vertige pour y aller, puisque la route est un éternel colimaçon dans la montagne qui atteint 4170 m d'altitude avant de redescendre vers 3600m, là où se trouvent les Salinas.



 Bien sûr, ce n'est en rien comparable avec le Salar d'Uyuni, en Bolivie puisque c'est le plus grand du monde, mais ça restera un grand moment de ce voyage...surtout le retour vers Purmamarca puisque j'ai souffert du mal des montagnes (on dit « apunarse ») : envie de vomir, mal de tête et oreilles qui se bouchent en permanence.

S'en suit Tilcara. Plus qu'un village, c'est une petite ville, patrimoine de l'Humanité et mondialement connue pour ses céramiques. A deux pas de la ville se trouve Al Pucara, un village des anciens indiens Tilcara, qui a été en partie reconstruit par les premiers travaux d'archéologie dans la région. La vue depuis Al Pucara est tout simplement hallucinante : depuis le petit temple tout en haut, vous pouvez vous sentir tout minable face à la grandeur et la majesté de la Quebrada...et tout autour de vous ces cactus gigantesques aux épines dures comme du fer.

Tilcara, c'est aussi l'occasion pour moi, la première fois où je vais me frotter à la marche en altitude par 35 degrés. Encore une Gorge du Diable à visiter ! Comment expliquer ce que j'ai ressenti tout au long des 5 kilomètres de grimpe ??? Un mélange de souffrance physique et d'entêtement : oui je peux le faire! La nature offre à celui qui décide d'y aller à pied et non en voiture l'occasion se confronter à sa rudesse. Seul petit problème à l'arrivée : j'ai bien réussi à voir un peu de la Gorge du Diable mais je n'ai pas pu y descendre... mes jambes légèrement chancelantes m'ont fait comprendre que je pourrais y descendre mais que ce n'était pas dit que je pourrais remonter et surtout marcher les 5 kilomètres du retour. J'ai donc admirer les berges qui faisaient paître leurs brebis à flanc de montagne pendant qu'Ailen, qui a beaucoup plus de jambes que moi, est allée voir de plus près à quoi ressemblait la Gorge du Diable.

Australia et América profitent du paysage!

Enfin, nous arrivons à la dernière étape de la route des Andes : Humahuaca. Ce petit bled qu'un jour j'ai pointé sur la carte en me disant que j'irai bien voir ce qui s'y passe. Rues pavées, maisons basses et de « adobe »(l'argile) ; maisons à deux étages avec balcon dans le pur style colonial. Il faut préciser que là où les cultures autochtones étaient très fortes, comme dans le nord andin, la colonisation et l'évangélisation n'ont été que plus dures...au point même de changer le comportement de ses habitants. Les gens du nord de l'Argentine, comme les Boliviens, les descendants des Quechuas-Aymaras, vous parleront toujours très doucement, pas très fort et toujours la tête baissée, signes de la répression et de la soumission vécue depuis que l'Homme Blanc a décidé d'en faire son esclave. Ça vous choque mais c'est à la fois de l'Histoire et une réalité !
Nous sommes la culture qui marche dans ce monde globalisé

Humahuaca signe aussi la séparation d'avec notre petit groupe de voyageurs que nous avions pris l'habitude de retrouver dans chaque village. Certains s'en vont encore plus au nord, Bolivie, Pérou, d'autres doivent rentrer dans leurs provinces respectives afin de reprendre les cours. Oui, moyenne d'âge 23 ans...je suis à nouveau la doyenne du groupe! Cela dit, je me suis très bien intégrée!!! Bon, il est vrai que je me suis sentie un peu loin de la vie étudiante qu'ils mènent, parfois un peu loin de leurs préoccupations aussi mais une chose nous a rassemblé : le goût du voyage et de l'envie de savoir comment c'est ailleurs.

D'Humahuaca, il nous faut redescendre jusqu'à Salta, ou plutôt Metan, une ville carrefour pour aller vers le nord est du pays. Nous avions pensé traverser la grande région du Chaco pour rejoindre la province de Misiones. Oui mais c'était sans compter qu'il y a cette route qui traverse Formosa, passe par le Paraguay et le Brésil et rejoint Puerto Iguazu en Argentine. Jeudi soir en Argentine, vendredi au Paraguay, samedi au Brésil et samedi soir de l'autre côté de l'Argentine....Probablement pas loin de 1500 ou 2000 km...faudrait que je calcule bien sur la carte. Pas vraiment le temps de faire du tourisme à Asuncion, ni de shopping à Ciudad del Este et encore moins à Foz do Iguazu (tout étant fermé le samedi après-midi). Pour info, Ciudad del Este est une fourmilière de vendeurs en tous genres, de moto taxi et de visiteurs du Brésil ou d'Argentine qui viennent au Paraguay acheter tout type de produit (en général de l'électronique) et repartent avec un ordinateur trois à quatre fois moins cher que dans leur pays. Mais cela dit, si au lieu de l'électronique, vous avez plutôt envie de repartir avec une arme à feu ou de quoi fumer quelques joints...c'est pas un problème non plus! Un conseil : évitez de vous attarder, passez votre chemin et la frontière, ce sera nettement plus sûr!

La chaleur moite et écrasante des pays subtropicaux nous a surprises dès notre arrivée au Paraguay et ne nous quittera pas jusqu'à Cordoba. Je vous explique en deux mots pour ceux qui ne savent pas de quoi je parle. Il fait à peu près 32 à 38 degrés en permanence, il pleut régulièrement, l'été étant aussi la saison des pluies. Le soleil chauffe et l'humidité remonte de la terre pour vous couler le long des tempes, dans le dos, derrières les cuisses et cela même si vous venez de prendre une douche bien fraîche. Le simple fait de tendre la main pour boire vous fait transpirer à grosses gouttes. Et dire qu'il faudra marcher avec le sac sur le dos... Changement radical avec la chaleur sèche des hauteurs de Humahuaca.

Difficile de croire que Jujuy et Misiones appartiennent au même pays tant le contraste de paysage et de climat est violent. Nous passons aux terres rouges, qu'on appelle ici Tierra Colorada, aux plantes grasses, aux bananiers et aux fleurs multicolores. Bienvenus en terre guaranie. L'espagnol de Misiones est teinté d'intonations et mots de la langue du peuple autochtone de la région : les Guaranies.

Nous sommes à Puerto Iguazu, le long du fleuve Parana. La ville n'a que peu d'intérêt mais bien évidemment nous sommes venues pour y voir le grand spectacle de Dame Nature : las Cataratas de Iguazu (les chutes d'Iguazu – I Guazu voulant dire en guarani les Grandes Eaux). Il est bien tôt le dimanche matin quand le réveil sonne. Le parc ouvre à 8h et tout le monde nous dit qu'une journée n'est pas suffisante pour en connaître la totalité. Nous arrivons avec le premier bus, à 8h30. L'excitation est à son comble au moment de grimper dans le petit train qui nous emmènera vers la plus grande des cascades : La Garganta del Diablo (Gorge du Diable)...que de gorges et que de diables en Argentine...C'est la troisième au cours de ce voyage! Les toucans nous souhaitent la bienvenue, et la pluie aussi. Déjà, de loin, on entend le bruit des eaux chutant sur la roche, et on peut apercevoir comme un crachin épais. Plus on s'approche, plus j'ai le cœur qui palpite à vitesse grand V. La passerelle suspendue pour aller au plus près de la Garganta est noire de monde, mais une fois que j'ai réussi à me glisser, je n'en crois pas mes yeux. Le spectacle est au-delà de mes espérances. C'est grandiose. De plus, c'est la saison des pluie et le fleuve déborde ce qui donne des chutes encore plus impressionnantes.
les toucans nous souhaitent la bienvenue


La Garganta del Diablo


Après la Garganta, nous empruntons le circuit inférieur qui nous emmène à l'embarcadère vers la petite île de San Martin. Le parc compte plus de 275 chutes ou cascades, autant dire que peu importe où vous regardez, l'eau coule à flot. Nous traversons le fleuve en bateau et après nous être baignées, ce qui était vraiment un moment exquis, étant donné l'humidité et la chaleur ambiante, nous parcourons l'île qui offre trois points de vue spectaculaires sur plusieurs chutes et une faune qui ne cesse de surprendre : une iguane ou un varan, je ne saurai dire, a décidé de faire une petite balade pour mon plus grand plaisir. Puis les papillons, tous plus colorés les uns que les autres, s'amusent à se poser sur mes épaules. Le circuit supérieur offre une vue imprenable sur le haut des chutes et la végétation ambiante. Les jambes commencent à nous manquer mais nous continuer à nous délecter de ce décor naturel magique. Le parc est tellement grand que nous ne parvenons pas à faire deux des sentiers ; le premier est une balade au cœur de la forêt et le deuxième est également un sentier sinueux dans la forêt mais avec pour récompense au bout la seule chute d'eau sous laquelle vous pouvez vous rafraîchir. Il aurait fallu passer deux jours dans le parc pour réussir à tout faire, tout voir.

Cependant, c'est sous une pluie tropicale que le lendemain nous prenons la route pour San Ignacio et ses missions jésuites. A nouveau, c'est sans compter sur les surprises du chemin en stop. Le chauffeur qui prend pitié de nous sur le bord de la route alors que nous dégoulinons nous conseille un endroit à quelques 60 km de Puerto Iguazu : Lac Urugua-i. C'est là que nous allons planter la tente, au début pour une journée puis au final pour deux.

 Baignade et repos au programme. Les eaux rouges à cause de la terre surprennent un peu et vous laissent comme une couleur cuivre encore quelques heures après avoir séché. On nous conseille de traverser la route et de nous promener du côté du Paseo de Yaguarete. Nous ne savons pas vraiment ce que nous allons trouver mais suivons les conseils. C'est une magnifique balade en pleine forêt tropicale qui nous attend. Les oiseaux nous accueillent en chantant, une iguane se faufile dans les herbes hautes, les araignées, accrochées à leurs immenses toiles, se demandent qui vient les déranger et les papillons nous montrent le chemin.

Au bout du sentier, c'est une cascade magnifique qui nous surprend. Ni une ni deux, et sans nous poser de questions, nous passons l'eau fraîche et profitons pleinement de cette douche en pleine nature...sensation difficilement descriptible. Je ne pensais pas il y a un an en arrière pouvoir me sentir si paisible et heureuse au milieu des plantes grasses et des papillons...comme quoi...

Dernière étape à proprement parler du voyage : les missions jésuites de San Ignacio. Nous allons camper au bord du fleuve Parana et devoir cohabiter avec quelques moustiques que même l'anti-moustiques n'arrive pas à repousser. Nous survivrons... La province de Misiones porte ce nom à cause de l'ensemble des missions (ou villages) qui portent le nom des religieux qui sont venus évangéliser après la Conquête. Les jésuites se sont concentrés sur le Paraguay, le sud du Brésil et le nord est de l'Argentine. Ce sont probablement ceux qui ont le plus respectés les mœurs des populations qu'ils rencontrèrent à leur arrivée. Ils ont protégé les Guaranies de milices envoyées par la Couronne espagnole ou portugaise, leur ont enseigné à lire, à écrire. Ils ont retranscrit le plus fidèlement possible les croyances, rites et travaux des autochtones. Aujourd'hui encore on peut visiter plusieurs sites où ils avaient regroupé les populations et San Ignacio en fait partie et c'est une belle leçon d'histoire et d'anthropologie que je vais recevoir au cours de la visite. Dernière visite de notre vaste programme de découvertes des Nords argentins conclue par un orage des plus surprenants, imprévus et au final rafraîchissant.

Après un mois de sac à dos, de pouces tendus, de montage et démontage quasi quotidien de la tente, nous arrivons à Cordoba où nous allons retrouver un de mes premiers couchsurfing qui a hébergé une de mes valises depuis le mois de juin : Adrian. Asado, Fernet et bar dansant marqueront la fin du périple et l'heure sera venue de nous séparer Ailen et moi. Le cœur gros, je regarde partir ma compère de voyage en espérant la recroiser rapidement sur les routes de « este mundo tan chiquitico » (ce tout petit monde) comme le dit ce groupe du Vénézuela Dame Pa'Matala.

J'espère que la balade vous a plu...je vous retrouve dans la deuxième partie pour l'aventure en stop, les péripéties du voyage, les aventures, les rencontres. Vous ferez connaissance de quelques uns de nos compagnons de route, de nos chauffeurs et de nos anges gardiens.