samedi 12 février 2011

Du Nord andin au Nord tropical...en stop...la boucle

L'aventure en Argentine, ou du moins en Amérique Latine, m'a réservée de nombreuses et merveilleuses surprises mais j'étais loin d'imaginer que j'allais encore vivre des péripéties qui alimenteraient mes carnets de voyage à vitesse Grand V et me donneraient matière à nourrir les Déambulations.

A la ferme de Mendoza, j'ai lié une belle et sincère amitié avec la fille de la famille, Ailen (Brasita en mapuche, les indiens du sud du pays). Toutes les deux du signe du lion, ascendant lion, nous avons en commun le goût du défi et de l'aventure. Dès le mois d'avril, nous avions parlé de voyager ensemble sans réellement penser que ça allait devenir réalité. En décembre, quand j'ai pris la décision que j'allais quitter la ferme les premiers jours de janvier pour continuer le voyage, sans vraiment savoir ni où aller ni comment, j'ai soumis l'idée à Ailen de partir ensemble. Elle avait dans l'idée de visiter le sud du pays pendant l'été. Puis, petit à petit, elle s'est émue à l'idée de connaître le nord andin. De mon côté, j'avais une vraie curiosité pour ce même nord, mais aussi pour le nord est du pays, la région de Misiones et les Chutes d'Iguazu. Ensemble, nous avons dessiné le parcours qui nous emmènera de Mendoza à Cordoba, en passant par Humahuaca, tout au nord ouest du pays, près de la frontière de la Bolivie, et par Puerto Iguazu, à la frontière du Brésil au nord est de l'Argentine. Surgit l'idée de tout faire en stop, sac à doc et toile de tente. Déjà, parce que toutes les deux, nous avons des moyens limités mais aussi parce que c'est l'aventure qui compte avant la destination.

C'est ainsi que le 4 janvier dernier, nous avons endossé nos sacs et tendus nos premiers pouces depuis Tunuyan. Quitter la famille, les copains et la ferme n'a pas été chose facile mais je sais à ce moment-là que nous nous apprêtons à vivre une belle expérience.

Dans ce chapitre, je vais plutôt vous faire revivre le parcours, les paysages...le deuxième volet sera pour les détails plus pittoresques de l'aventure en stop !!!

Première destination : la Vallée de la Lune, province de San Juan. Pour y parvenir, il nous faut emprunter la fameuse route 40 qui traverse l'Argentine du Nord au Sud en longeant la Cordillère des Andes. Avant d'y parvenir, il nous faudra passer la nuit à la Difunta Correa, un sanctuaire païen. Plutôt imprévue comme destination, mais je vais découvrir un endroit tout à fait atypique. La légende dit que la Correa était une femme dont le mari était parti à la guerre. Un jour, elle décida d'aller le rejoindre et entreprit le voyage avec son bébé. Elle serait morte de soif dans le désert, mais son bébé aurait survécu en s'alimentant de son sein. Un berger du coin les auraient trouvé, elle étendue, inerte, et son bébé tétant le lait maternel. Quelques temps plus tard, un autre berger avait perdu son troupeau dans ce même désert, et il se serait souvenu du miracle et aurait demandé à la Difunta (la Défunte) de lui venir en aide. Le miracle aurait eu lieu et le troupeau aurait été retrouvé. C'est ainsi qu'est née la légende. Depuis, les gens viennent demander de l'aide à la Difunta, des demandes de tous types. Mais la Difunta est exigeante, elle demande de passer pour la remercier. C'est pour cela que le sanctuaire ressemble à un village de poupées avec toutes les petites maisons, puis il y a les plaques d'immatriculation pour les voitures ou les camions qu'elle aurait concédé, des plâtres pour des guérisons....et puis des bouteilles remplies d'eau pour qu'elle ne meurt plus jamais de soif. Miracle ou pas, beaucoup d'argentins viennent en pèlerinage dans ce sanctuaire.

De la Difunta Correa, nous prenons la direction de la Vallée de la Lune, le parc Ischigualasto. Nous avons eu la chance inouïe d'arriver pour le coucher du soleil et de dormir dans le parc, sous un ciel étoilé incroyable. Je suis tout simplement émerveillée par les couleurs chatoyantes des montagnes. C'est seulement le lendemain que nous visitons le parc. 40 km de parcours à travers les âges, la fossilisation, l'érosion. Du Sous-marin, au Champignon, de la Muraille Rose à l'Indien couché. On dit que c'est ici que les dinosaures auraient vu le jour.




De la Vallée de la Lune, nous partons en direction de la province de Tucuman, plus précisément, la Vallée Calchaquie. Changement de climat et de décor avec la province de San Juan. Toutes les tonalités de verts me semblent présentent, puis les plantations de canne à sucre qui vous rappèlent que vous êtes sur un autre continent. Il pleut, vous savez cette pluie d'été chaude... Nous montons en altitude de Tucuman a Tafi del Valle et il nous faut traverser des paysages magnifiques de forêt vierge et cascades. La pluie ne cesse de tomber. Nous arrivons à Tafi del Valle et c'est comme si j'arrivais au Pays Basque. Les collines, les couleurs et les maisons me font penser à cette région de France et d'Espagne que j'aime particulièrement. Des deux jours à Tafi, je vais bien sûr me souvenir de la marche jusqu'au « Mirador de la Cruz », sous la pluie, dans les nuages et de cette vue sur la vallée qu'on dit magnifique mais dont je n'aurais pas profité vu l'état du ciel ; mais aussi de l'ambiance hippie et chaleureuse du petit camping où nous avons fait la connaissance d'un petit groupe que nous allons retrouver tout au long de notre ascension vers Humahuaca.


De Tafi del Valle, nous partons à Amaicha del Valle. Le panneau à l'entrée assure 360 jours de soleil par an. Ça a de quoi nous remonter le moral après la pluie de Tafi, les sacs et les vêtements humides, la toile de tente détrempée. Pour aller de Tafi à Amaicha, il faut aller plus haut en altitude, les oreilles se bouchent, le cœur bat plus vite. Nous passons le point culminant qui est aussi une zone de forte pression qu'il s'appelle El Infiernillo (le petit enfer). Une fois passé, comme par magie, un grand ciel bleu nous attend et une vue magnifique sur les montagnes jonchées de Cardones (un cactus typique de la région) et sur Amaicha. Ce petit village est principalement habité par des voyageurs, comme moi. La petite place centrale est animée par les artisans de bijoux, de tissus ou de paille.

A nouveau, nous passons deux jours à profiter de la nature. Une balade en montagne nous emmènera vers une cascade qui réserve une belle surprise. En fait, il y a 5 cascades, chacune plus grande et plus inaccessible que la précédente. Un grand moment de plaisir, un peu sportif et surtout une belle montée d'adrénaline. Je finirai la descente avec les mains toutes écorchées et un coude surgonflé et impossible à plier... Qu'importe, le jeu en a valu la chandelle!

A 20 kilomètres d'Amaicha se trouvent les ruines des indiens Quilmes. Cinq kilomètres de marche dans le sable et sous un soleil de plomb nous attendent pour rejoindre la route aux ruines. La visite aura été un grand moment d'émotions pour moi. Je ne saurais l'expliquer mais ce lieu m'a beaucoup émue par son histoire. Les indiens Quilmes ont défendu leur territoire durant 120 ans face aux envahisseurs espagnols, puis ont été vaincu. Certains des habitants ont pu fuir, beaucoup ont été emmené de force à Buenos Aires, parcourant les plus de mille kilomètres qui séparent Aimaicha de la capitale argentine à pied. La majorité est morte sur le chemin. Plus tard, un riche propriétaire, aidé par un gouvernement corrompu, est parvenu à acheter le territoire des Quilmes pour en faire un site d'attraction touristique. Afin de rendre l'entrée plus agréable, il a détruit bons nombres de maisons qui « gênaient » l'entrée. Il a fait construire un hôtel de luxe, puis une piscine dans une zone où l'eau manquait déjà cruellement pour les cultures. Il a dérobé sur ces terres toutes les céramiques et œuvres d'art décrétant que comme le terrain lui appartenait, ce dont regorgeait les ruines aussi. Les autochtones, désireux de récupérer les terres de leurs ancêtres se sont alliés à d'autres groupes qui ont subi le même sort, en autre les Diaguitas, les Aimaichas... et à force de lutte ont réussi à faire fermer l'hôtel. Ils exploitent eux-mêmes le site aujourd'hui et tentent de récupérer leurs mémoires. Cette histoire de territoires et richesses volés aux peuples indigènes n'est pas un cas isolé malheureusement. Il en a été de même pour les Huarpes, les Mapuches, les Comechingones, les Tobas, les Guaranies...et tant d'autres peuples partout en Amérique Latine ; l'Homme blanc voulant toujours plus de richesses et se persuadant qu'il est supérieur aux peuples d'origine.

Pourquoi j'ai été émue particulièrement par cette visite? Tout simplement parce que le guide à l'entrée a terminé son explication en nous souhaitant une belle visite, mais surtout en nous souhaitant de ressentir l'énergie de ce lieu, de ce peuple qui s'est battu jusqu'à la mort pour conserver son territoire et ses traditions. Par ailleurs, il nous a dit que peu importe la couleur de notre peau, nous pouvons tous nous sentir concernés par l'histoire des Quilmes. Ailen est « morocha », c'est-à-dire noire de peau et moi, je suis la blanche...

De Quilmes, nous gagnons Cafayte, connu pour ses vignobles d'excellence au milieu des montagnes. Paysage magnifique et vin savoureux, c'est ce qui me marquera de notre courte halte dans ce petit village hautement touristique.

La route qu'il nous faut suivre de Cafayte à Salta porte un nom : Quebrada de las Conchas. On dit Quebrada (ou faille) pour les montagnes traversées par un fleuve, et Conchas (ou coquillages) pour les fossiles de coquillages ou coquillages retrouvés et qui datent de l'époque où la mer ne s'était pas encore retirée. Spectacle extraordinaire de formes et de couleurs : Los Castillos, ce flanc de montagne qui ressemble aux tours d'une cathédrale, l'Amphithéâtre, une faille dans la montagne qui recèle d'une acoustique digne des meilleurs constructions actuelles et où beaucoup d'artistes viennent donner un concert, puis la Gorge du Diable...je n'en ai vu que l'entrée...Légèrement refroidie par mon coude toujours endolori après mon escapade dans les cascades de Cafayte, je refuse d'escalader l'intérieur de la Gorge. La trentaine...l'âge de raison certainement...




Sur le chemin de Salta, nous pouvons admirer les immenses plantations de tabac, encore en fleur. Je ne cesse de m'émerveiller du paysage que nous traversons, des visages que nous croisons. Ça paraît un peu stupide, mais tout au long du voyage, j'ai beaucoup de mal à réaliser que c'est bien moi qui suis en train de voir ce que je vois, bien moi qui vis ce que je suis en train de vivre, bien moi qui foule le sol de ces terres qui jusqu'à présent ne relevaient que du fantasme.

Pause citadine à Salta la linda (la jolie). Ville de style purement colonial, je n'ai pas été envoutée par la capitale du nord andin. Néanmoins, j'ai hautement apprécié la piscine sur-dimensionnée du camping municipal. Il commence à faire vraiment chaud et beaucoup de fleuves sont à sec en cette saison. Je ne boude pas cette eau chlorée qui nous rafraîchit.

Salta a aussi la réputation d'avoir les meilleurs « empanadas » du pays. La « emapanada » est un genre de petit chausson de pâte brisée, dont l'origine est espagnole, fourré de viande ou de fromage, d'oignons...Chaque région y va de sa spécialité. Celles de Salta ont des œufs, de la viande et de la pomme de terre et une petite sauce bien piquante pour les accompagner. Bien évidemment, j'ai goûté pour vous, en bon reporter gastronomique que je suis et je vous conseille, si un jour vous passez par là de vous laisser tenter et de les accompagner d'une petite bière du Nord : La Salta !

Fin des festivités citadines et direction Purmamarca. Nous sommes dans la province de Jujuy, celle qui est la plus au nord du pays, la plus andine aussi. La route que nous empruntons est classée au Patrimoine Mondial de l'UNESCO. On lui donne le nom de Quebrada de Humahuaca. Nous allons faire trois villages de la Quebrada : Purmamarca, Tilcara et Humahuaca. Il s'en est fallu de peu pour que nous allions jusqu'en Bolivie...mais ça c'est pour un autre voyage. Purmamarca est un charmant petit village de terre battu, connu pour ses montagnes aux 7 couleurs. Je ne sais pas pourquoi on lui a attribué ce chiffre parce que personnellement j'en ai vu beaucoup plus de 7. Ce sont les minéraux qui colorent les montagnes : du violet, du vert, du orange, du marron, du rouge, du jaune... des couleurs aux plus intenses, une vraie palette de peintre.

 Tout autour de la petite place centrale vous trouverez beaucoup d'artisanat...en regardant de plus près, c'est la même chose que j'avais vu du côté de Cusco. Je sais bien que la culture andine appartient autant au Pérou, à la Bolivie qu'à l'Argentine mais je suis tout de même un peu surprise. En discutant avec un vendeur, j'apprends que tout est fait en Bolivie... Tu parles d'un artisanat local toi !!! J'imagine que c'est la même chose pour nos porte-clés Tour Eiffel fabriqués en Chine...

Purmarmarca, c'est aussi l'occasion d'écouter un peu de folklore du Nord : de la Chacarera de Santiago del Estero aux Bandas andines, équipées de quenas (flûtes de paon...d'ailleurs pourquoi ce nom qui n'a rien à voir???) et tambours. Mélomane à mes heures perdues, mes oreilles sont en ébullition et je savoure ces moments de découvertes musicales.

Situées à 70 kilomètres de Purmamarca, en prenant l'unique route qui va vers le Chili et le Désert d'Atacama, vous trouvez les Salinas Grandes : du sel à perte de vue au milieu de la montagne, si près des nuages qu'on a l'impression de pouvoir les toucher, un soleil qui vous brûles les épaules et un vent qui finit par vous abrutir. Il ne faut pas avoir le vertige pour y aller, puisque la route est un éternel colimaçon dans la montagne qui atteint 4170 m d'altitude avant de redescendre vers 3600m, là où se trouvent les Salinas.



 Bien sûr, ce n'est en rien comparable avec le Salar d'Uyuni, en Bolivie puisque c'est le plus grand du monde, mais ça restera un grand moment de ce voyage...surtout le retour vers Purmamarca puisque j'ai souffert du mal des montagnes (on dit « apunarse ») : envie de vomir, mal de tête et oreilles qui se bouchent en permanence.

S'en suit Tilcara. Plus qu'un village, c'est une petite ville, patrimoine de l'Humanité et mondialement connue pour ses céramiques. A deux pas de la ville se trouve Al Pucara, un village des anciens indiens Tilcara, qui a été en partie reconstruit par les premiers travaux d'archéologie dans la région. La vue depuis Al Pucara est tout simplement hallucinante : depuis le petit temple tout en haut, vous pouvez vous sentir tout minable face à la grandeur et la majesté de la Quebrada...et tout autour de vous ces cactus gigantesques aux épines dures comme du fer.

Tilcara, c'est aussi l'occasion pour moi, la première fois où je vais me frotter à la marche en altitude par 35 degrés. Encore une Gorge du Diable à visiter ! Comment expliquer ce que j'ai ressenti tout au long des 5 kilomètres de grimpe ??? Un mélange de souffrance physique et d'entêtement : oui je peux le faire! La nature offre à celui qui décide d'y aller à pied et non en voiture l'occasion se confronter à sa rudesse. Seul petit problème à l'arrivée : j'ai bien réussi à voir un peu de la Gorge du Diable mais je n'ai pas pu y descendre... mes jambes légèrement chancelantes m'ont fait comprendre que je pourrais y descendre mais que ce n'était pas dit que je pourrais remonter et surtout marcher les 5 kilomètres du retour. J'ai donc admirer les berges qui faisaient paître leurs brebis à flanc de montagne pendant qu'Ailen, qui a beaucoup plus de jambes que moi, est allée voir de plus près à quoi ressemblait la Gorge du Diable.

Australia et América profitent du paysage!

Enfin, nous arrivons à la dernière étape de la route des Andes : Humahuaca. Ce petit bled qu'un jour j'ai pointé sur la carte en me disant que j'irai bien voir ce qui s'y passe. Rues pavées, maisons basses et de « adobe »(l'argile) ; maisons à deux étages avec balcon dans le pur style colonial. Il faut préciser que là où les cultures autochtones étaient très fortes, comme dans le nord andin, la colonisation et l'évangélisation n'ont été que plus dures...au point même de changer le comportement de ses habitants. Les gens du nord de l'Argentine, comme les Boliviens, les descendants des Quechuas-Aymaras, vous parleront toujours très doucement, pas très fort et toujours la tête baissée, signes de la répression et de la soumission vécue depuis que l'Homme Blanc a décidé d'en faire son esclave. Ça vous choque mais c'est à la fois de l'Histoire et une réalité !
Nous sommes la culture qui marche dans ce monde globalisé

Humahuaca signe aussi la séparation d'avec notre petit groupe de voyageurs que nous avions pris l'habitude de retrouver dans chaque village. Certains s'en vont encore plus au nord, Bolivie, Pérou, d'autres doivent rentrer dans leurs provinces respectives afin de reprendre les cours. Oui, moyenne d'âge 23 ans...je suis à nouveau la doyenne du groupe! Cela dit, je me suis très bien intégrée!!! Bon, il est vrai que je me suis sentie un peu loin de la vie étudiante qu'ils mènent, parfois un peu loin de leurs préoccupations aussi mais une chose nous a rassemblé : le goût du voyage et de l'envie de savoir comment c'est ailleurs.

D'Humahuaca, il nous faut redescendre jusqu'à Salta, ou plutôt Metan, une ville carrefour pour aller vers le nord est du pays. Nous avions pensé traverser la grande région du Chaco pour rejoindre la province de Misiones. Oui mais c'était sans compter qu'il y a cette route qui traverse Formosa, passe par le Paraguay et le Brésil et rejoint Puerto Iguazu en Argentine. Jeudi soir en Argentine, vendredi au Paraguay, samedi au Brésil et samedi soir de l'autre côté de l'Argentine....Probablement pas loin de 1500 ou 2000 km...faudrait que je calcule bien sur la carte. Pas vraiment le temps de faire du tourisme à Asuncion, ni de shopping à Ciudad del Este et encore moins à Foz do Iguazu (tout étant fermé le samedi après-midi). Pour info, Ciudad del Este est une fourmilière de vendeurs en tous genres, de moto taxi et de visiteurs du Brésil ou d'Argentine qui viennent au Paraguay acheter tout type de produit (en général de l'électronique) et repartent avec un ordinateur trois à quatre fois moins cher que dans leur pays. Mais cela dit, si au lieu de l'électronique, vous avez plutôt envie de repartir avec une arme à feu ou de quoi fumer quelques joints...c'est pas un problème non plus! Un conseil : évitez de vous attarder, passez votre chemin et la frontière, ce sera nettement plus sûr!

La chaleur moite et écrasante des pays subtropicaux nous a surprises dès notre arrivée au Paraguay et ne nous quittera pas jusqu'à Cordoba. Je vous explique en deux mots pour ceux qui ne savent pas de quoi je parle. Il fait à peu près 32 à 38 degrés en permanence, il pleut régulièrement, l'été étant aussi la saison des pluies. Le soleil chauffe et l'humidité remonte de la terre pour vous couler le long des tempes, dans le dos, derrières les cuisses et cela même si vous venez de prendre une douche bien fraîche. Le simple fait de tendre la main pour boire vous fait transpirer à grosses gouttes. Et dire qu'il faudra marcher avec le sac sur le dos... Changement radical avec la chaleur sèche des hauteurs de Humahuaca.

Difficile de croire que Jujuy et Misiones appartiennent au même pays tant le contraste de paysage et de climat est violent. Nous passons aux terres rouges, qu'on appelle ici Tierra Colorada, aux plantes grasses, aux bananiers et aux fleurs multicolores. Bienvenus en terre guaranie. L'espagnol de Misiones est teinté d'intonations et mots de la langue du peuple autochtone de la région : les Guaranies.

Nous sommes à Puerto Iguazu, le long du fleuve Parana. La ville n'a que peu d'intérêt mais bien évidemment nous sommes venues pour y voir le grand spectacle de Dame Nature : las Cataratas de Iguazu (les chutes d'Iguazu – I Guazu voulant dire en guarani les Grandes Eaux). Il est bien tôt le dimanche matin quand le réveil sonne. Le parc ouvre à 8h et tout le monde nous dit qu'une journée n'est pas suffisante pour en connaître la totalité. Nous arrivons avec le premier bus, à 8h30. L'excitation est à son comble au moment de grimper dans le petit train qui nous emmènera vers la plus grande des cascades : La Garganta del Diablo (Gorge du Diable)...que de gorges et que de diables en Argentine...C'est la troisième au cours de ce voyage! Les toucans nous souhaitent la bienvenue, et la pluie aussi. Déjà, de loin, on entend le bruit des eaux chutant sur la roche, et on peut apercevoir comme un crachin épais. Plus on s'approche, plus j'ai le cœur qui palpite à vitesse grand V. La passerelle suspendue pour aller au plus près de la Garganta est noire de monde, mais une fois que j'ai réussi à me glisser, je n'en crois pas mes yeux. Le spectacle est au-delà de mes espérances. C'est grandiose. De plus, c'est la saison des pluie et le fleuve déborde ce qui donne des chutes encore plus impressionnantes.
les toucans nous souhaitent la bienvenue


La Garganta del Diablo


Après la Garganta, nous empruntons le circuit inférieur qui nous emmène à l'embarcadère vers la petite île de San Martin. Le parc compte plus de 275 chutes ou cascades, autant dire que peu importe où vous regardez, l'eau coule à flot. Nous traversons le fleuve en bateau et après nous être baignées, ce qui était vraiment un moment exquis, étant donné l'humidité et la chaleur ambiante, nous parcourons l'île qui offre trois points de vue spectaculaires sur plusieurs chutes et une faune qui ne cesse de surprendre : une iguane ou un varan, je ne saurai dire, a décidé de faire une petite balade pour mon plus grand plaisir. Puis les papillons, tous plus colorés les uns que les autres, s'amusent à se poser sur mes épaules. Le circuit supérieur offre une vue imprenable sur le haut des chutes et la végétation ambiante. Les jambes commencent à nous manquer mais nous continuer à nous délecter de ce décor naturel magique. Le parc est tellement grand que nous ne parvenons pas à faire deux des sentiers ; le premier est une balade au cœur de la forêt et le deuxième est également un sentier sinueux dans la forêt mais avec pour récompense au bout la seule chute d'eau sous laquelle vous pouvez vous rafraîchir. Il aurait fallu passer deux jours dans le parc pour réussir à tout faire, tout voir.

Cependant, c'est sous une pluie tropicale que le lendemain nous prenons la route pour San Ignacio et ses missions jésuites. A nouveau, c'est sans compter sur les surprises du chemin en stop. Le chauffeur qui prend pitié de nous sur le bord de la route alors que nous dégoulinons nous conseille un endroit à quelques 60 km de Puerto Iguazu : Lac Urugua-i. C'est là que nous allons planter la tente, au début pour une journée puis au final pour deux.

 Baignade et repos au programme. Les eaux rouges à cause de la terre surprennent un peu et vous laissent comme une couleur cuivre encore quelques heures après avoir séché. On nous conseille de traverser la route et de nous promener du côté du Paseo de Yaguarete. Nous ne savons pas vraiment ce que nous allons trouver mais suivons les conseils. C'est une magnifique balade en pleine forêt tropicale qui nous attend. Les oiseaux nous accueillent en chantant, une iguane se faufile dans les herbes hautes, les araignées, accrochées à leurs immenses toiles, se demandent qui vient les déranger et les papillons nous montrent le chemin.

Au bout du sentier, c'est une cascade magnifique qui nous surprend. Ni une ni deux, et sans nous poser de questions, nous passons l'eau fraîche et profitons pleinement de cette douche en pleine nature...sensation difficilement descriptible. Je ne pensais pas il y a un an en arrière pouvoir me sentir si paisible et heureuse au milieu des plantes grasses et des papillons...comme quoi...

Dernière étape à proprement parler du voyage : les missions jésuites de San Ignacio. Nous allons camper au bord du fleuve Parana et devoir cohabiter avec quelques moustiques que même l'anti-moustiques n'arrive pas à repousser. Nous survivrons... La province de Misiones porte ce nom à cause de l'ensemble des missions (ou villages) qui portent le nom des religieux qui sont venus évangéliser après la Conquête. Les jésuites se sont concentrés sur le Paraguay, le sud du Brésil et le nord est de l'Argentine. Ce sont probablement ceux qui ont le plus respectés les mœurs des populations qu'ils rencontrèrent à leur arrivée. Ils ont protégé les Guaranies de milices envoyées par la Couronne espagnole ou portugaise, leur ont enseigné à lire, à écrire. Ils ont retranscrit le plus fidèlement possible les croyances, rites et travaux des autochtones. Aujourd'hui encore on peut visiter plusieurs sites où ils avaient regroupé les populations et San Ignacio en fait partie et c'est une belle leçon d'histoire et d'anthropologie que je vais recevoir au cours de la visite. Dernière visite de notre vaste programme de découvertes des Nords argentins conclue par un orage des plus surprenants, imprévus et au final rafraîchissant.

Après un mois de sac à dos, de pouces tendus, de montage et démontage quasi quotidien de la tente, nous arrivons à Cordoba où nous allons retrouver un de mes premiers couchsurfing qui a hébergé une de mes valises depuis le mois de juin : Adrian. Asado, Fernet et bar dansant marqueront la fin du périple et l'heure sera venue de nous séparer Ailen et moi. Le cœur gros, je regarde partir ma compère de voyage en espérant la recroiser rapidement sur les routes de « este mundo tan chiquitico » (ce tout petit monde) comme le dit ce groupe du Vénézuela Dame Pa'Matala.

J'espère que la balade vous a plu...je vous retrouve dans la deuxième partie pour l'aventure en stop, les péripéties du voyage, les aventures, les rencontres. Vous ferez connaissance de quelques uns de nos compagnons de route, de nos chauffeurs et de nos anges gardiens.
























































Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire