jeudi 30 décembre 2010

Tunuyan, clap n°2...enfin le retour!!!

Oui, les Déambulations a pris trois mois de vacances! Oui je vous ai légèrement délaissé chers lecteurs de mes péripéties! J'avoue! J'assume!

Je vais donc reprendre les aventures là où je les ai laissé, au Chili à la fin du mois de septembre.

Rappelez vous, c'est aux pieds de la Cordillère, au milieu des vignes de Malbec, que j'ai commencé mon périple en avril et c'est ici même que je termine la grande boucle qui m'a emmenée de l'Argentine vers le Paraguay, puis le Mexique, le Pérou et le Chili.

J'en ai croisé des visages sur le chemin, j'en ai vu des paysages...depuis les plages de Basse Californie, aux ruines du Machu Picchu, jusqu'aux désertiques montagnes de la Cordillère des Andes.

De Santiago du Chili à Mendoza, le chemin déroule sous vos yeux un décor incroyable. La route caracole au milieu des cimes et des vallées et une palette de couleurs ravit les pupilles. Il a neigé la veille et les sommets les plus hauts sont couverts du magnifique manteau blanc illuminé par un soleil de printemps radieux. Par chance, il n'a pas suffisamment neigé pour fermer le col où se situe la douane, ce qui aurait signifié qu'il aurait fallu attendre le dégel...ce qui peut prendre de quelques heures à quelques jours!!!

Après 8h de trajet, je suis de retour à Mendoza, et le lendemain je reprends les mêmes bus qui, en avril, m'avaient emmenée vers la première ferme où j'allais séjourner quelques semaines. Cela peut paraître étrange, mais au moment où j'étais partie, j'avais la certitude que j'allais revenir. Quelques mois plus tard, je retrouve les routes de terre de l'Algarrobo, le hameau. A l'origine, j'avais prévu de rester le mois d'octobre seulement...et nous voilà fin décembre et j'y suis encore!!! Bon, le départ est programmé! Le 3 janvier, je reprends mon sac et continue la découverte de cet immense pays.

Vous vous demandez peut-être ce que j'ai fait tout ce temps...ou pas d'ailleurs!

Je suis revenue pour la saison des plantations tout d'abord. Fin septembre, c'est le début du printemps et la terre est prête à recevoir toutes les graines et les petits plans qui raviront nos papilles quelques semaines ou quelques mois plus tard. Puis il y a eu la cueillette des cerises, trois semaines physiquement éprouvantes mais que le goût sucré de ce petit fruit a vite fait de faire oublier.

Ces trois mois à la ferme où le sens de la débrouille est primordial m'ont enseigné une multitude de choses pratiques. J'ai semé, bêché, nettoyé, enrichi la terre, récolté, cueilli... Des travaux physiques aux plus minutieux...j'ai aussi appris la patience et la persévérance. Mes bras et mes épaules ont souffert du poids des échelles qu'il faut transporter d'un cerisier à l'autre, mes cuisses ont souffert des heures de désherbage dans les oignons ou dans les citrouilles, mes pouces se sont recroquevillés à la fin d'une journée à planter le maïs. J'ai enragé quand les oiseaux se sont mangés toutes les graines plantées ou quand le vent « zonda » (un vent humide qui arrive du Pacifique, qui décharge son humidité en passant la Cordillère et arrive très chaud et sec dans la région de Mendoza, fait baisser les températures et apporte de forte gelées) a failli emporter tous les petits plants de tomates et d'aubergines, ou à secouer les cerisiers chargés de fruits presque à maturité. J'ai souffert de la chaleur quand dès 10h du matin le soleil vous brûle les épaules et qu'il n'y a pas une petite brise pour rafraîchir l'atmosphère. Et pourtant, je n'ai cessé d'aimer ce que je faisais, de retourner aux champs. Je crois que réellement je me suis sentie utile. Tout le travail des volontaires et de la famille qui m'a accueillie ici donne des résultats et d'autres bouches dégusterons prochainement tous ces fruits et légumes dont nous avons pris soin. La Terre est exigeante mais quand on apprend à la travailler et à la respecter, elle vous donne ses plus beaux cadeaux!

Néanmoins, l'enseignement n'a pas été qu'agricole. La cohabitation avec des cultures différentes, américaines, italiennes, argentines, suédoises, espagnoles, allemandes, néozélandaises, boliviennes a élargi mes perspectives. Respect et humilité sont les maîtres mots pour que tout ce petit monde fonctionne.

Dans ce petit hameau où j'ai résidé pendant quelques mois, j'ai aussi beaucoup appris sur la culture et l'histoire argentine, sur le mode de vie. Quelque chose qui m'a beaucoup surprise, c'est que si vous venez faire un tour dans la campagne argentine, vous croiserez beaucoup de couples de très jeunes parents. Alors que notre moyenne d'âge française pour être mère avoisine les 29 ans, parce qu'il nous faut avoir un bon travail, une maison, de bonnes ressources, une stabilité... la campagne argentine est peuplée de bébés dont les parents sont encore des adolescents qui vivent chez leurs parents. Il faut aussi souligner que l'avortement n'existe pas, que l'éducation est généralement limitée et que par conséquent l'éducation sexuelle ainsi que la contraception restent des mœurs difficiles à faire évoluer.

En parlant de culture, il ne faudrait pas oublier de parler des Argentins, des hommes! Ce sont les rois du « chamuyo », c'est-à-dire, l'art de flatter ou d'embobiner les jeunes filles d'une façon plus ou moins maladroite quand on le voit avec les yeux d'une Européenne. C'est souvent assez drôle, mais les filles d'ici généralement se laissent séduire avec ces « piropos » (= flatteries plus ou moins délicates).

Quant au rythme de vie, le mot clé de l'Argentine, c'est TRANQUILO !!! Ne jamais se presser. Toujours prendre le temps de « cebar un matecito », autrement dit boire un maté. Quand je dis que apprendre la patience, c'est parce que notre rythme de vie et de travail en France nous impose de courir toujours, pour tout faire. Ici, ce qu'on n'aura pas réussi à faire aujourd'hui, on le fera demain. Parfois, ça peut vous faire trépigner mais on finit par s'y faire et surtout l'apprécier... TRANQUILO!!!

Je ne peux écrie cet article sans relever une réalité qui fait aussi mal au cœur : le niveau de vie. Le salaire moyen en Argentine est d'environ 1500 pesos, soit 200 euros par mois. A la campagne, les travailleurs gagnent leur salaire, soit à la journée (entre 80 et 100 pesos) soit au rendement. Par exemple, le seau de cerises se paie entre 2,50 et 6 pesos (soit au mieux moins d'un euros). Autant dire qu'il faut en cueillir pour finir la journée avec un petit billet. Et les cerises, ce n'est pas le plus dur. Les pêches, le raisins, les pommes mettraient à terre la majorité d'entre nous. Monter et descendre les immenses échelles avec une saquette ou une caisse qui peut peser jusqu'à 25 kilos, courir jusqu'au camion, vider et repartir. Ou encore l'ail, arraché à la main, attaché par bouquet de 10 à 15 kilos qu'il faut lancer du sol à la remorque. Les dix premiers, c'est possible mais toute la journée, en pleine chaleur...je défie chacun d'entre vous à venir faire un stage avec un Argentin du nord ou un Bolivien...nous sommes tous des fillettes comparés à eux!

A côté de cela, vous avez ces Français ou ces Américains qui viennent acheter des terres à bas prix, avec des euros, des dollars, ou encore monter des affaires et qui pour la majorité pourraient offrir un meilleur salaire à leurs ouvriers, mais qui pour des questions évidentes de profits n'hésitent à payer encore moins cher qu'un patron argentin. Il n'a pas suffit qu'on leur vole déjà une fois leurs terres et leurs richesses au moment de la Conquête, on continue à considérer que nous sommes meilleurs et que nous pouvons imposer nos règles sur ce continent.

Bref...mes trois mois dans l'Algarrobo ont été une excellent école et malgré la rudesse du travail et les réalités économiques, les Argentins savent prendre du bon temps : les « asados » entres amis, le maté après une journée de travail, la musique, les baignades, la sieste dans le hamac à l'ombre des vignes de Malbec... Tous ces petits plaisirs savent allèger les courbatures!

Le chapitre Tunuyan se clôt par les fêtes de fin d'année. Cette année, je n'ai pas fêté Noël parce que dans la famille qui m'a accueillie, on ne célèbre pas cette fête. Nous avons opté pour une soirée baignade et feu de camp! Par 37 degrés, autant dire que je l'ai bien vécu ! Néanmoins nous saurons très bien nous rattraper pour le Nouvel An. Dîner le 31 au soir à la ferme avec la famille avant de partir danser! Un programme relativement simple mais qui devrait largement me satisfaire.

Lundi 3 janvier, je reprends mon sac et je pars sur les routes du nord argentin. Je ne pars pas seule. Ailen, la fille de la famille, a décidé de m'accompagner et c'est équipées d'une toile de tente et d'une carte que nous allons partir découvrir les régions de Salta et Jujuy ,au nord ouest, et celle de Misiones, avec les chutes d'Iguaçu, au nord est. De l'Argentine andine à l'Argentine tropicale, le décor risque d'être surprenant. C'est une nouvelle et dernière étape de ce voyage que j'entame. Le retour en France approche à grands pas mais il n'est pas question de se laisser abattre dès maintenant. L'Argentine me réserve encore de belles surprises, j'en suis persuadée...et je tâcherai de vous les conter.

En attendant, FELIZ AÑO NUEVO à tous! Que 2011 soit une année riche d'Amour, de Joie et de Paix!

Meilleurs vœux de l'apprentie aventurière!!!!

2 commentaires:

  1. enfin de la lecture qui nous raconte la vie de ton voyage et qui nous dis que la richesse n'est pas celle que l'on croit mais je crois que je le pensait déjà pour certaines choses profites bien de la fin de ton aventure .

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  2. Encore un article que je viens de lire avec plaisir! J'ai l'impression d'être plongée dans un livre dont je connais l'héroïne, c'est génial! Merci et bonne année à toi l'aventurière!!!
    Bisous, Sabrina.

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