mardi 27 juillet 2010

Basse Californie...douze ans après!

Bientôt quinze jours que je suis revenue en Basse Californie... quinze jours que je redécouvre ce pays et ces gens qui ont donné à ma vie une nouvelle direction il y a 13 ans.

Après 4 décollages et 4 atterrissages réussis (je vous raconte pas l'état de mes oreilles le jour suivant!), je suis arrivée à Tijuana, Basse Californie. C'est à la fois avec beaucoup d'émotions, et aussi la sensation de s'être quittés hier que j'ai retrouvé mon ami Alex et son frère, qui vivent dans une partie plutôt calme et agréable de la ville : Playas de Tijuana. A dire vrai, je ne me souviens pas de Tijuana, je m'y suis peu arrêtée quand je vivais à Ensenada. Ce n'est pas un belle ville, mais la partie Playas est très agréable et surtout je peux m'y promener seule, ce qui complètement impossible dans le centre de Tijuana. Au programme donc, promenades le long de la plage, lecture au soleil et surtout contemplation des dauphins qui, libres, « surfent » entre les vagues.


J'y suis!!!


Sur la promenade de Playas de Tijuana

Mes retrouvailles avec le Mexique sont aussi gastronomiques : tacos, enchiladas, mole... Tant de mets dont j'ai souvent rêvé ces douze dernières années ; les couleurs dans mon assiettes, ce piquant sur mes lèvres !!!
Revenir en Basse-Californie signifie également revoir mes amis de cette époque, ceux avec qui j'ai toujours gardé contact malgré la distance et grâce aux courriers acheminés par la Poste - les mails n'existaient pour ainsi dire pas au départ. Pour commencer, j'ai retrouvé Michelle et Goreti, mes camarades, mes copines du Junipero, le lycée où j'ai « étudié ». Les années se sont écoulées, mais au final nous n'avons pas tant changé. L'une est mariée, l'autre fiancée. C'est une sensation étrange de se raconter douze ans de nos vies, nos projets. Et puis, il y a ces souvenirs en commun, que parfois j'ai oublié mais qu'elles se chargent de me rappeler. Non pas qu'à l'aube de mes trente ans la mémoire me fasse déjà défaut, seulement, certains épisodes se sont échappés.


Enfin, depuis ce week-end, je suis de retour à Ensenada, là où j'ai vraiment vécu. Première impression : je ne reconnais rien de la ville !!! ça a beaucoup changé ou j'ai « rêvé » la ville... A priori, c'est la première réponse. Ensenada s'est beaucoup développée, modifiée. Quelques détails me sont familiers : le grand drapeau sur la promenade le long de la mer, le bateau échoué dans le port... 
La première famille que je voulais revoir avant les autres est celle de Michelle. J'y ai passé beaucoup d'après-midis, alors que les relations avec ma famille d'accueil étaient un peu tendues. Ils m'avaient accueilli comme leur fille, et c'est avec cette même chaleur humaine qu'ils m'accueillent à nouveau. Adrían, le papa, est diabétique. Sa vue est très mauvaise. Alors je le serre dans mes bras pour le saluer, il me chuchote "qu'il est heureux que ses yeux aient fonctionné suffisamment pour me revoir." C'est moi qui vais pleurer...
Puis dimanche, j'ai rejoint deux des trois familles qui m'ont accueillies lors de mon échange. La famille s'est agrandie chez eux aussi. A nouveau, je raconte mon parcours, mes études, mes expériences et mon voyage. Je suis assez fière de moi quand je reçois les compliments pour mon espagnol, quasi parfait (ce n'est pas moi qui le dit!!!). A priori, je parle mieux encore que quand je suis partie...certes l'accent mexicain en moins!!! La sensation la plus étrange a été celle de retrouver celui qui était mon petit frère, Carlos Alberto, dans la première famille. Avec lui, les dessins animés et la Nintendo 64, j'avais appris mes premiers mots d'espagnol. J'ai quitté un petit garçon et j'ai retrouvé un jeune homme de 23 ans, qui a baroudé lui aussi ces dernières années. Il a gardé le même humour et le même regard malicieux!


Avec la famille de ma copine, Michelle


La même photo, douze ans après!

Douze ans après, je suis égoïstement ravie de voir qu'on ne m'a pas oubliée, que j'ai laissé quelques traces ici. Je n'avais donc pas fantasmé ce voyage que j'ai fait, adolescente. C'était ma grande peur avant de venir ici. Est-ce que j'avais rêvé tout ça? Néanmoins, les yeux de l'adulte (enfin presque...) permettent aussi aujourd'hui de voir une réalité que je ne mesurais pas tout à fait. Cette région du Mexique ressemble étrangement à une succursale des Etats-Unis et souffre d'une corruption galopante ainsi que d'une violence quotidienne qui ne cesse de croître.
Encore quelques jours en Basse Californie nord et je partirai pour la Basse Californie Sud, profiter des paysages sauvages.
La page « Ensenada, le retour », méritait de s'écrire surtout que je m'étais promis d'y fêter mes 30 ans. Cependant, le livre de voyage est loin de se terminer!
Carlos et moi le jour des mes 30 ans

J'ai enfin l'âge d'entrer au Hussongs, cantina mariachi

Avec Oscar aux Hussongs

Le gâteau d'anniversaire

Avec Carmen et Adrían, ma famille de coeur


lundi 26 juillet 2010

Avec un peu de retard : J'ai testé pour vous ! - 2 juillet

Mon premier trimestre en Argentine s'est achevé ce dimanche 4 juillet. J'ai finalement décidé de donner de l'ampleur à mes Déambulations et j'ai gagné le Paraguay pour une semaine. D'Asunción, la capitale, je m'envolerai pour le Mexique. Quelle émotion!!! Retourner dans ce pays à l'aube de mes 30 ans, comme je l'avais rêvé, est un sentiment que j'ai du mal à décrire. Fin août, je reprendrai mon sac en direction du Pérou, puis du Chili et retraverserai la Cordillère des Andes vers l'Argentine à la fin du mois de septembre. Il me reste encore beaucoup à découvrir de ce pays qui ne cesse de me surprendre.
Mais avant de découvrir de nouvelles contrées, un petit bilan gastronomique s'avère inévitable. J'ai déjà mentionné, de-ci de-là, quelques spécialités. Cependant, j'ai envie de vous faire partager ce que mes papilles ont pu tester.

Pour commencer : La viande, l'asado
L'Argentine est renommée pour sa viande. Depuis toujours, les meilleurs morceaux de bœuf sont exportés vers l'Europe et les Etats-Unis et tout ce dont nos bouches « précieuses » ne veulent pas reste dans le pays. Historiquement, quand les grandes familles savouraient la viande de premier choix, les employés faisaient un feu et grillaient ce que celles-ci ne voulaient pas...de là est née la tradition de l'asado.
Sur la parilla (le grill), on peut trouver de la morcilla (boudin noir), de la molleja (ris de veau), des chinchulines dont je vous ai déjà parlé (intestin grêle – d'ailleurs j'en ai remangé, préparés d'une autre façon et c'est pas si mal), du vacio, du bife de chorizo - pour moi le meilleur morceau - de la costilla (côtelette), du matambre (flanchet de boeuf) ou encore la tira de asado (travers coupé dans la viande de bœuf)... Une gamme très variée comme vous le constatez! A déguster autour du feu, avec les doigts, du pain, du chimichurri (un assaisonnement à base de piment, d'ail et d'huile ou autour d'une table. Mais j'avoue que la version, « je prends sur la grille et je savoure » me plaît d'avantage!

sur la parilla, la viande grille


On peut aussi trouver la viande dans des guisos (bouillon avec des légumes et de la viande). En général, on y trouve du poulet, ou du chorizo et c'est plutôt pas mal. Néanmoins, il y en a un que je ne suis pas prête de remanger : le mondongo. En fait, c'est de l'estomac de vache! Ça vous fait l'effet d'un chewing gum sous la dent et le goût est indescriptible.

Empanadas, pizzas et pâtes
Les paroles d'une chanson folklorique racontent ceci :
« les mexicains descendent des Aztèques.
Les Péruviens des Incas.
Et les Argentins, des bâteaux. »
La population indigène du pays a été quasi totalement exterminée par les différents régimes colonisateurs ou politiques ce qui implique que le pays est principalement peuplé d'immigrés, venus d'Europe pour la majorité. Les Italiens et les Espagnols sont ceux qui ont le plus largement peuplé ce pays. Gastronomiquement parlant, impossible de passer à côté de leurs influences. Les pâtes, les pizzas et les ñoquis sont des repas très courants mais qui n'ont rien suscité d'extraordinaire à mon palet. Par contre, les empanadas, ces mini tourtes fourrées à la viande ou au fromage (la garniture varie selon les régions) venues d'Espagne sont à savourer sans complexe. Ma préférée reste celle au fromage et aux oignons!!! MIAM!!! D'Espagne ont également été importées les milanesas, la viande panée, sur laquelle on peut rajouter un œuf et dans ce cas elle devient milanesa a caballo! A consommer avec grande modération!

Facturas et autres petites douceurs
Les Argentins raffolent de leurs medias lunas, leurs petits croissants pris avec le café. Ils ne sont pas mauvais, loin de là mais ultra sucrés. Sans aucun doute : FRANCIA ONE POINT!!!
Ensuite, j'ai goûté quelques pâtisseries et hormis les simples pepas, un biscuit de pâte sablée avec de la gelée de coing, je ne peux pas dire que je raffole de ces petits en-cas. Beaucoup trop de crème, généralement assez lourds à mon goût...
Par contre, s'il y a bien une spécialité sur laquelle j'ai complètement jeté mon dévolu, c'est l'alfajor. Qu'il soit de maïzena, de pâte feuilletée, à un étage, à 3 étages, nappé de chocolat ou de meringue, il est toujours fourré de dulce de leche, la confiture de lait. C'est juste incroyablement bon. Il en existe des dizaines de variétés et chaque région y ajoute sa touche personnelle. Un vrai délice. J'ai un sérieux penchant pour l'alfajor de maïzena...

Alfajor à 3 étages meringué


Alfajor de pâte feuilleté
A l'heure du maté, c'est à dire n'importe quand, j'ai eu l'occasion "d'exercer" mes papilles à deux autres spécialités. L'une vient de Córdoba et l'autre de Corrientes. La première s'appelle le criollo. C'est un petit pain à manger nature, ou à tartiner de dulce de leche ou de miel. C'est tout simple mais parfait!


Criollos con dulce de leche

La deuxième spécialité, celle de Corrientes porte plusieurs noms : chispas ou chipacitos. Les deux ont le même goût, très salé et légèrement aromatisé au fromage, mais la première ressemble plus à un donuts alors que le deuxième s'apparente plus à une mini boule. Je n'ai pas été convaincue, je dois le dire...ça m'a semblé un peu triste en fait!!!

Maté et chipacitos

Quant au maté et au dulce de leche, je suis complètement convertie. Mais attention, pour le maté, je le préfère amargo. Certains y ajoutent du sucre ou du miel ou encore des zestes de citron mais je trouve que ça gâche le goût intense de la yerba (et non hierba!). Pour le dulce de leche,  ça peut faire comme le nutella...une fois que vous mettez le nez dedans ce n'est pas gagné pour que vous lâchiez la cuillère ; tout est une question de self control !!!
 

mercredi 14 juillet 2010

Le Paraguay, une belle surprise – 13 juillet

A l'heure où j'écris ces quelques lignes, je suis à l'aéroport d'Asunción, au Paraguay. Je m'apprête à voler en direction du Mexique. Il est 22h30 et je décolle à 3h du matin. L'heure est donc aux conclusions de mon escale paraguayenne. 

NB: Je n'avais pas prémédité cette étape dans mon voyage et pourtant je ne la regrette pas.  En effet, C'est à Córdoba que j'ai fait le choix de retourner au Mexique pour y fêter mes 30 ans. Le billet d'avion le moins cher partait d'Asunción. C'est ce qui m'a amené à faire une halte dans ce petit pays. Escale qui au passage n'a fait qu'attiser mon envie de continuer à découvrir l'Amérique Latine. 

Petite leçon d'histoire avant de commencer. Aujourd'hui, on l'aperçoit à peine sur une carte du monde. Le Paraguay compte environ 7 millions d'habitants, moins que notre capitale. Pourtant, cela n'a pas toujours été ainsi. Au début du XX siècle, le Brésil, l'Argentine et l'Uruguay se sont alliés dans une guerre qui porte le nom de la Triple Alianza contre le Paraguay. Par des accords tacites et occultes, ces trois pays ont absorbés des régions entières du Paraguay. Par exemple, le Brésil a annexé la partie dite du Matto Grosso,  l'Argentine, toute la partie de Formosa et Corrientes, et l'Uruguay l'unique sortie vers la mer. Ce ne sont pas seulement des terres qu'ils ont volés mais aussi toutes les richesses que détiennent ces régions. Du côté ouest, le Paraguay est bordé par la Bolivie. Voilà, entre autres, pourquoi ce petit pays nous semble perdu au milieu de ces géants.
Mais ce que le Paraguay n'a pas perdu ou a gagné, je ne sais pas, c'est la richesse humaine. Les Paraguayens ont un sens incroyable de l'hospitalité. Ils sont généreux même s'ils n'ont pas grand chose à offrir et ne cessent de vous répéter que le Paraguay a tant à faire découvrir. 
Dimanche 4 juillet, je passais la frontière entre l'Argentine et le Paraguay, autant dire une simple formalité : aucun contrôle de bagages, un petit tampon sur le passeport, tout juste un coup d'œil sur ma photo. On pourrait y faire entrer un mort me disait un jour un Paraguayen quand je lui racontais mon passage de la frontière. 
A la gare des bus, j'ai seulement 20 pesos argentins en poche. A ce moment-là, je suis persuadée de pouvoir trouver un distributeur automatique, retirer de l'argent et prendre un taxi jusqu'à l'appartement d'Horacio, mon couchsurfeur. C'était sans compter sur le fait que le distributeur était vide. Pas de panique ! Je me dirige vers le bureau de change et demande au guichetier si je peux changer mes 20 pesos. Je me retrouve avec 22000 guaranies en poche. Petit problème : le taxi me coûterait 50000. 


Ok, solution de rechange, les transports en commun ou plutôt devrais-je dire un truc à 4 roues qui avance seront bien meilleur marché. Après 20 minutes à chercher la ligne et l'arrêt, 30 minutes à attendre à 8h du matin sans avoir dormi, et écouté le monologue d'un ivrogne, je grimpe dans l'engin pour 2100 Gs. Ma seule consolation à ce moment-là, c'est que le soleil inonde déjà la ville. Il est 8h30 quand je sonne à l'appartement d'Horacio, lequel m'ouvre la porte encore endormi. On fait connaissance autour d'un café. Puis en fin de matinée, il me propose d'aller déjeuner à Aregua, une petite ville à une heure de bus (je calcule en temps, parce que ça n'est pas si loin, mais les routes sont pavées ou en mauvais état). C'est donc reparti pour un voyage hors du temps à bord d'un engin un peu douteux. Néanmoins, je dois avouer que ce n'est pas la mécanique qui m'a le plus effrayée...juste le chauffeur qui devait avoir travaillé ou festoyé toute la nuit et qui s'endormait tout bonnement au volant. J'ai tenté de me distraire en regardant le paysage mais impossible. J'ai tenté d'alarmer Horacio mais il a ri et m'a juste dit : "ah oui c'est vrai, tu ne connais pas encore les chauffeurs paraguayens". Une belle frousse, je vous le promets ! 
Finalement, nous arrivons à Aregua, charmante petite ville avec des maisons coloniales, une végétation luxuriante, des pavés et de la terre rouge. Nous avons déjeuner dans un petit restaurant, sous les palmiers. La température atteint 30 degrés...et c'est l'hiver! 






le village d'Aregua est reconnu pour sa poterie
Après une petite balade, le sommeil me gagne et nous décidons de rentrer à l'appartement. Je croise juste les doigts pour que ce soit un autre chauffeur qui nous ramène vivants à Asunción. Une fois à l'appartement, je découvre l'immense terrasse s'ouvrant sur la ville et le fleuve Paraguay. Grandiose !
Lundi, j'ai très largement profité de la terrasse et du soleil. C'est juste en fin d'après-midi que je me suis promené sur la grande avenue Mariscal Lopez, là où vous pouvez voir la résidence du président de la république, l'ambassade des Etats-Unis, de magnifiques demeures coloniales, et que j'ai rejoint ma future couchsurfeuse pour prendre un café.





Vers 21h, direction le 904, un pub du centre ville pour un concert de blues. Je vais y faire la connaissance d'un vrai baroudeur : un suisse qui s'est fait 26000 kilomètres depuis le Mexique jusqu'au Paraguay en moto. La classe!!! Si je savais su conduire une moto et si je n'avais eu pas deux valises...c'est le genre d'aventure qui m'aurait tenté !!!  
Mardi, même scénario : terrasse -bronzage...après tout, je ne vais pas me priver de l'hiver au Paraguay !  
Mercredi : foot, bière, billard, bière, fléchettes, bière et tequilas...avec le Suisse et un Anglais! Tout à fait indécente cette journée mais une bonne rigolade et un bon mal de crâne jeudi matin. 
Enfin, jeudi, je me décide à visiter le cœur historique d'Asunción. Panteon de los Heroes, Museo del Cabildo... Je dois être sincère : la ville a beaucoup moins de charme que d'autres que j'ai pu voir.







Du balcon du musée du Cabildo, vous avez le choix entre deux vues : la baie du fleuve Paraguay et le bidonville de Chacaritas. Je ne sais pas pourquoi mon regard s'est porté sur cette femme qui lave son linge dans un seau, au milieu d'un chemin de terre, bordé de détritus et de baraques qui tiennent debout par on ne sait quel miracle. A ce moment-là, un guide m'accoste et commence à me faire la conversation. Encore une fois LA question : mais tu voyages seule ??? Bon après, un petit incident sans beaucoup d'importance, j'ai appris à dire que oui je voyage seule mais que je rejoins mon compagnon au Mexique. Ça évite toute tentative de séduction non désirée! Ce guide m'a fait beaucoup rire quand il m'a dit qu'il me laissait son mail au cas où je voudrais rester plus longtemps ; il pourrait s'arranger pour m'avoir un visa pour cinq ans. Enfin bref... 
En repartant du musée, j'ai longé le bidonville. Je n'y suis pas entrée, c'est pas un endroit où on va faire du tourisme




Mais à un moment donné, j'ai eu les plus beaux, les plus innocents sourires de deux petits bambins en train de jouer entre les planches de bois et les gravas. J'étais en train de prendre la baie, au loin, en photo. Quand j'ai remarqué deux petites frimousses qui me regardaient. Au moment où je les ai regardé, ils se sont cachés, puis sont réapparus, se sont à nouveau cachés et sont ressortis de leur cachette. J'ai alors osé un petit bonjour de la main. A ma grande surprise, le petit garçon m'a rendu mon  bonjour et la petite fille m'a sourit de toutes ses dents...moins les deux de devant. Je ne peux pas réellement expliqué la sensation qui m'a envahie. Les voir rire et jouer à cache-cache avec moi m'a réchauffé le cœur mais les voir pieds nus dans la terre, sales et avec probablement pas grand chose dans le ventre m'a glacé le sang. C'est une réalité que je sais de l'Amérique Latine, et de tant d'autres lieux d'ailleurs, mais de l'avoir sous le nez de cette manière me rappelle que j'ai été bénie d'avoir eu toujours à manger, de l'eau courante, des vêtements propres, d'avoir reçu une éducation et plus encore que le nécessaire.


Sur le chemin du retour, je suis un peu bouleversée par l'épisode de Chacaritas. Je prête alors plus attention à tous ces gens qui travaillent dans la rue : cireurs de chaussures, petits vendeurs, gardiens de place de parking, laveurs de voitures. Il n'y a pas d'âge pour commencer ces "carrières"...mais aucun ne mendie. Toujours un petit service pour quelques guaranies
Jeudi soir, je déménage chez Lourdes, ma seconde couch à Asunción. Mais avant d'arriver à la maison, nous faisons un détour par le pub Britannia où se fête le départ d'un Hollandais. C'est l'occasion de passer une première soirée avec des Paraguayens, et la première chose qui me frappe c'est l'accent. Ils ont une façon curieuse de prononcer le r. On pourrait presque l'entendre comme un r américain.  

La soirée a été excellente. Tout le monde y va de son conseil pour que je vois le plus de choses possibles. Mais les deux questions qui reviennent sans cesse sont : tu voyages seule? Et, pourquoi le Paraguay? Quand je réponds à la première en disant que je ne suis pas effrayée par le fait de voyager seule et que jusqu'à présent tout s'est bien passé, j'ai le droit à des « mon dieu, t'es courageuse, je ne pourrais jamais le faire ». Allez savoir si c'est du courage... je ne crois pas à vrai dire. A la seconde question, je réponds sincèrement que c'est un pur hasard et que je n'avais pas prévu de passer par le Paraguay mais que c'était l'occasion de découvrir un nouveau pays. 
Le week-end qui suit va être très festif. Lula m'emmène dîner à droite à gauche, me présente à tous ses amis, m'organise des visites quand elle travaille. Elle a même débauché un de ses amis, Pato, pour qu'il m'accompagne au Museo del Barro, un musée d'artisanat que j'avais prévu de visiter. Et je ne suis pas déçue de faire sa connaissance : très cultivé, beaucoup de charme et un humour fou,  il est en plus ultra galant. Dommage qu'il ait le cœur brisé ces temps-ci...



Pato et Lula!
Samedi soir, j'ai été au boliche, c'est-à-dire la discothèque. Accrochez-vous les gars si un jour vous venez au Paraguay. C'est un défilé de mode. Les filles sont plus belles et plus sexy les unes que les autres. Très apprêtées, les Paraguayennes ont un sens de l'esthétique qui en laisserait plus d'un rêveur. 
Mon week-end se termine par un asado avec la famille de Lula et un bowling avec Pato. C'est bien plus que du couchsurfing que m'a offert Lula. Elle m'a ouvert toutes les portes de sa maison, de sa vie. Sa famille et ses amis m'ont accueillie les bras ouverts et grâce à elle j'ai découvert le sens de l'hospitalité de ce pays dont on parle si peu. Sans aucun doute, le Paraguay aura été une belle surprise...c'est malin ça...maintenant j'ai envie d'y retourner pour en voir plus !!!


Avec la maman de Lourdes!



Douce Corrientes – 3 juillet

Remonter vers le Paraguay est l'occasion de faire une halte dans la province de Corrientes, au nord-est et plus précisément dans la ville du même nom. A lire mon guide de voyage, cette ville mérite une escale de deux jours...
Petite citée balnéaire située sur le fleuve Parana, Corrientes Capital n'a pas beaucoup de prétention, du moins pas autant que Córdoba, ou Mendoza. Pourtant, je vais y rester plus longtemps que prévu tant la surprise a été bonne. 
Je suis arrivée dans la nuit de mardi à mercredi, et en poussant la porte de l'auberge de jeunesse je découvre un endroit magnifique. C'est une vieille bâtisse coloniale qui a été entièrement rénovée, avec beaucoup de goût, tout en conservant des éléments d'époque comme ces portes aux vitres finement peintes. Je pousse la porte de ma chambre et non seulement j'apprends que je suis seule dans la chambre mais aussi j'aperçois un lit qui me semble des plus confortables. Je pose mes bagages, me douche et avec un plaisir à peine dissimulé, je me glisse dans ces draps propres qui sentent bon. C'est presque du luxe après ces trois premiers mois de voyage où j'ai dormi un peu partout, avec parfois un confort tout à fait limité. 


Terrasse de l'auberge
Ma première journée à Corrientes a été surprenante. Il pleut des cordes et que fait un touriste quand il pleut??? Et bien, il visite les musées! C'est parti pour le Musée de l'Artisanat qui consiste en deux petites pièces et une logique d'exposition qui laisse perplexe. Je passe en revue les différents présentoirs quand César s'approche de moi. Il est guide au musée. Il m'explique que la province de Corrientes est la région de l'élevage. Contrairement à ce que tout le monde pense, La Pampa ne détient pas le monopole en la matière. A Corrientes, on élève des vaches et aussi beaucoup de moutons. On utilise le cuir des unes pour faire vêtements et le cuir des autres pour les selles de chevaux. La région est aussi connue pour ses tissages en coton et en fibre végétale, comme l'osier ou le roseau.
 A ma grande surprise aussi, j'apprends que le gaucho n'existe pas seulement dans la Pampa... être gaucho, c'est un état d'esprit, une façon de vivre, un folklore. Mon manque de culture sur le sujet m'avait amené à penser qu'on ne pouvait croiser un gaucho que dans La Pampa!!! 
Au final, j'ai passé plus d'une heure à discuter avec César de la région, du folklore et j'ai appris mes premiers mots en Guarani. A quoi cela va-t-il me servir me direz-vous? Probablement à rien... c'est juste pour le plaisir!!! On ne se refait pas!
métier à tisser
Au moment de partir, César me prévient que le vendredi, il y aura une fête au musée et que ce serait chouette que je reste pour découvrir le  chamamé. 
Je ne sais absolument pas de quoi il me parle... et je ne sais pas si je serai là vendredi mais je prends note.
Je poursuis ma visite de Corrientes par le Musée des Beaux Arts...Sans commentaire! J'ai été plus bluffée par les parquets et les plafonds que par les expositions. En face du musée, on trouve le grand théâtre. Le bâtiment est plutôt chouette d'extérieur et je me dis que l'intérieur doit valoir le coup d'œil. Je demande au gardien si je peux entrer pour visiter, et accompagnée d'un employé du théâtre je vais découvrir un endroit magnifique, apprendre l'histoire de ce lieu. De fil en aiguille, l'employé me parle de son programme de radio qui défend le folklore de la région. Il me parle à nouveau du chamamé et je commence à être réellement intriguée par ce mot. Bref, je suis restée pas loin d'une heure avec l'employé à discuter de musique, de traditions et autres petits détails qui pourraient paraître insignifiants mais  qui font la richesse d'un voyage, du moins pour moi.
détail de la coupole du théâtre

Détail de la coupole du théâtre

Balcon

Intérieur du théâtre

Sur le chemin vers l'auberge, je réfléchis alors à ce que je vais faire...Aller à Formosa? Aller dans un Esteros, (les marais) ? Je voudrais bien voir la faune et la flore mais les expéditions sont assez chères quand on les fait seul... Puis la lumière se fait sur mon programme quand je me rends compte que je n'ai pas encore profité de la Costanera (la belle promenade qui longe le port et le Paraná), que je suis intriguée par le Chamamé et que l'auberge est une bonne halte au milieu de mes matelas en mousse trouée et matelas gonflables!
Résolution prise, je ne pars que samedi soir! 
Jeudi, je suis bénie. Un soleil extraordinaire baigne la terrasse dès le petit déjeuner. Une journée parfaite pour aller sur la promenade. Et c'est exactement ce que j'ai fait. J'ai flâné au soleil, admiré les pêcheurs, les amoureux, les buveurs de maté, les écoliers. Un moment d'une simplicité extraordinaire et qui peut-être pour certains serait une perte de temps. Mais moi, ce que j'aime c'est faire ma curieuse et prendre le temps de voir comment les gens vivent, snetir quel est le rythme d'une ville...









En rentrant à l'auberge, je fais la connaissance de deux nouveaux arrivants : Juan Manuel et Emiliano. Ils sont Argentins et parcourent le pays grâce à une fondation environnementale. Ils vont d'école en école pour sensibiliser les petits Argentins à la protection de la planète. Et puis il y a Ricardo, un brésilien qui est ici pour un mois. Il prépare une thèse sur la famille de plante appelée Guarana. Il est complètement passionné par son sujet et c'est un vrai plaisir de l'entendre parler de ses petites plantes. Autour d'un verre de vin, à la fraîcheur des palmiers qui ombragent la terrasse, nous allons discuter tous les quatre une bonne partie de la soirée. J'en oublie même d'aller voir un concert de rock dont j'avais entendu parler dans la journée.

Le vendredi, j'avais décidé d'aller dans un petit village à une demi-heure de Corrientes, Santa Ana. Mais il y a des jours où on a juste envie de ne rien faire ! Et c'est exactement ce qui s'est passé...il fait beau, il fait chaud, la terrasse de l'auberge est juste parfaite. De plus, j'ai un livre qui m'attend ; vous voyez le programme ? Pure oisiveté ! 
C'est seulement en fin d'après-midi que je me décide à aller faire un tour. La rue piétonne de la ville à cette heure de la journée fourmille de gens, d'animations. C'est le lieu incontournable de fin de journée. Au bout de la peatonal, on trouve la place JB Cabral connue pour son petit marché d'artisanat. Je flâne entre les étals, discutent avec les petits vendeurs. 
Fresques murales typiquement correntinas en ciment graté

Elles reprennent toutes l'histoire de l'Argentine




En rentrant à l'auberge, Juan Manuel et Emiliano sont en train de cuisiner. Ils m'invitent à partager le dîner avec eux et Ricardo. Mais à 21h, il y a la fameuse peña de chamamé  alors je décline l'offre. Je file alors au musée. Il n'y a presque personne quand j'arrive et je m'assois à une table en attendant le début du « show ». Puis une des organisatrices vient me voir et me demande d'où je viens. Elle me dit que ça ne commencera pas avant une bonne heure...Bah oui, c'est l'Argentine quoi!!!!!!!!!! Je décide donc de rentrer dîner à l'auberge. L'organisatrice s'inquiète de savoir si je vais revenir et je lui dis que bien sûr et en partant me promet de me trouver un beau danseur pour que j'apprenne à danser! Mais bien sûr!!!!



A l'auberge, les garçons sont sur le point de passer à table et me proposent à nouveau de partager leur repas. Cette fois-ci, j'accepte. Puis je leur propose de venir avec moi à la peña. Et une fois, le repas terminé nous filons assister à ce moment de folklore dont j'entends parler depuis quelques jours.

En passant à nouveau la porte du musée, je me rends compte que l'ambiance a complètement changé. Il y a un groupe de danseurs en tenue typique qui sautillent au rythme de l'accordéon. Nous sommes accueillis par la même organisatrice qui se charge de nous trouver une bonne table. Puis un vieux monsieur, bien gaucho, vient nous souhaiter la bienvenue. Il prend nos noms et nos pays de provenance. 





Quand la musique s'arrête, ce même monsieur monte sur la scène et fait un petit discours. J'apprends alors que cette peña ne se faisait plus depuis 2 ans et que ce soir, enfin, elle renaît. Quelle aubaine! Puis, à la fin du discours, ce vieux gaucho annonce à toute l'assemblée qu'ils comptent sur la visite d'une Française, et hop je rougis et je ne sais plus où me cacher, et d'un Brésilien, qui n'en mène pas plus large. Je n'ai pas honte mais je ne veux pas être repérée...je ne voudrais pas qu'on vienne me chercher pour danser!!!
De l'accordéon, nous passons à la guitare...Ils sont tellement humbles ces musiciens magiques et pourtant tellement doués. Le chant est complètement improvisé et parle de l'amour, la vie au champ, les traditions. Quel bonheur! Les danses sont sensuelles, frétillantes, langoureuses, vivantes. 
Quelle chance d'avoir croisé ce guide, César, et qu'il me parle de cet événement ! Je ne regrette pas d'avoir repoussé mon départ.
Samedi, je dois laissé ma chambre à 10h du matin et mon bus pour Asunción part à minuit. Il faut que je trouve de quoi m'occuper. Pour la matinée, c'est assez simple au final : il y a le match Argentine vs Allemagne. Je m'installe dans un petit café et je vais perdre mes illusions au même rythme que les Argentins. En fin de compte, le football peut provoquer des sensations insoupçonnées. 
Quant à l'après-midi, je l'ai passée sur la costanera, à profiter du soleil, de la douceur de vivre. Et j'avoue...je suis tombée amoureuse au moins dix fois...Ils sont tellement beaux les Correntinos. Dios mío !!!
A minuit et demi, fin de l'étape à Corrientes. Direction, le Paraguay !