mercredi 14 juillet 2010

Le Paraguay, une belle surprise – 13 juillet

A l'heure où j'écris ces quelques lignes, je suis à l'aéroport d'Asunción, au Paraguay. Je m'apprête à voler en direction du Mexique. Il est 22h30 et je décolle à 3h du matin. L'heure est donc aux conclusions de mon escale paraguayenne. 

NB: Je n'avais pas prémédité cette étape dans mon voyage et pourtant je ne la regrette pas.  En effet, C'est à Córdoba que j'ai fait le choix de retourner au Mexique pour y fêter mes 30 ans. Le billet d'avion le moins cher partait d'Asunción. C'est ce qui m'a amené à faire une halte dans ce petit pays. Escale qui au passage n'a fait qu'attiser mon envie de continuer à découvrir l'Amérique Latine. 

Petite leçon d'histoire avant de commencer. Aujourd'hui, on l'aperçoit à peine sur une carte du monde. Le Paraguay compte environ 7 millions d'habitants, moins que notre capitale. Pourtant, cela n'a pas toujours été ainsi. Au début du XX siècle, le Brésil, l'Argentine et l'Uruguay se sont alliés dans une guerre qui porte le nom de la Triple Alianza contre le Paraguay. Par des accords tacites et occultes, ces trois pays ont absorbés des régions entières du Paraguay. Par exemple, le Brésil a annexé la partie dite du Matto Grosso,  l'Argentine, toute la partie de Formosa et Corrientes, et l'Uruguay l'unique sortie vers la mer. Ce ne sont pas seulement des terres qu'ils ont volés mais aussi toutes les richesses que détiennent ces régions. Du côté ouest, le Paraguay est bordé par la Bolivie. Voilà, entre autres, pourquoi ce petit pays nous semble perdu au milieu de ces géants.
Mais ce que le Paraguay n'a pas perdu ou a gagné, je ne sais pas, c'est la richesse humaine. Les Paraguayens ont un sens incroyable de l'hospitalité. Ils sont généreux même s'ils n'ont pas grand chose à offrir et ne cessent de vous répéter que le Paraguay a tant à faire découvrir. 
Dimanche 4 juillet, je passais la frontière entre l'Argentine et le Paraguay, autant dire une simple formalité : aucun contrôle de bagages, un petit tampon sur le passeport, tout juste un coup d'œil sur ma photo. On pourrait y faire entrer un mort me disait un jour un Paraguayen quand je lui racontais mon passage de la frontière. 
A la gare des bus, j'ai seulement 20 pesos argentins en poche. A ce moment-là, je suis persuadée de pouvoir trouver un distributeur automatique, retirer de l'argent et prendre un taxi jusqu'à l'appartement d'Horacio, mon couchsurfeur. C'était sans compter sur le fait que le distributeur était vide. Pas de panique ! Je me dirige vers le bureau de change et demande au guichetier si je peux changer mes 20 pesos. Je me retrouve avec 22000 guaranies en poche. Petit problème : le taxi me coûterait 50000. 


Ok, solution de rechange, les transports en commun ou plutôt devrais-je dire un truc à 4 roues qui avance seront bien meilleur marché. Après 20 minutes à chercher la ligne et l'arrêt, 30 minutes à attendre à 8h du matin sans avoir dormi, et écouté le monologue d'un ivrogne, je grimpe dans l'engin pour 2100 Gs. Ma seule consolation à ce moment-là, c'est que le soleil inonde déjà la ville. Il est 8h30 quand je sonne à l'appartement d'Horacio, lequel m'ouvre la porte encore endormi. On fait connaissance autour d'un café. Puis en fin de matinée, il me propose d'aller déjeuner à Aregua, une petite ville à une heure de bus (je calcule en temps, parce que ça n'est pas si loin, mais les routes sont pavées ou en mauvais état). C'est donc reparti pour un voyage hors du temps à bord d'un engin un peu douteux. Néanmoins, je dois avouer que ce n'est pas la mécanique qui m'a le plus effrayée...juste le chauffeur qui devait avoir travaillé ou festoyé toute la nuit et qui s'endormait tout bonnement au volant. J'ai tenté de me distraire en regardant le paysage mais impossible. J'ai tenté d'alarmer Horacio mais il a ri et m'a juste dit : "ah oui c'est vrai, tu ne connais pas encore les chauffeurs paraguayens". Une belle frousse, je vous le promets ! 
Finalement, nous arrivons à Aregua, charmante petite ville avec des maisons coloniales, une végétation luxuriante, des pavés et de la terre rouge. Nous avons déjeuner dans un petit restaurant, sous les palmiers. La température atteint 30 degrés...et c'est l'hiver! 






le village d'Aregua est reconnu pour sa poterie
Après une petite balade, le sommeil me gagne et nous décidons de rentrer à l'appartement. Je croise juste les doigts pour que ce soit un autre chauffeur qui nous ramène vivants à Asunción. Une fois à l'appartement, je découvre l'immense terrasse s'ouvrant sur la ville et le fleuve Paraguay. Grandiose !
Lundi, j'ai très largement profité de la terrasse et du soleil. C'est juste en fin d'après-midi que je me suis promené sur la grande avenue Mariscal Lopez, là où vous pouvez voir la résidence du président de la république, l'ambassade des Etats-Unis, de magnifiques demeures coloniales, et que j'ai rejoint ma future couchsurfeuse pour prendre un café.





Vers 21h, direction le 904, un pub du centre ville pour un concert de blues. Je vais y faire la connaissance d'un vrai baroudeur : un suisse qui s'est fait 26000 kilomètres depuis le Mexique jusqu'au Paraguay en moto. La classe!!! Si je savais su conduire une moto et si je n'avais eu pas deux valises...c'est le genre d'aventure qui m'aurait tenté !!!  
Mardi, même scénario : terrasse -bronzage...après tout, je ne vais pas me priver de l'hiver au Paraguay !  
Mercredi : foot, bière, billard, bière, fléchettes, bière et tequilas...avec le Suisse et un Anglais! Tout à fait indécente cette journée mais une bonne rigolade et un bon mal de crâne jeudi matin. 
Enfin, jeudi, je me décide à visiter le cœur historique d'Asunción. Panteon de los Heroes, Museo del Cabildo... Je dois être sincère : la ville a beaucoup moins de charme que d'autres que j'ai pu voir.







Du balcon du musée du Cabildo, vous avez le choix entre deux vues : la baie du fleuve Paraguay et le bidonville de Chacaritas. Je ne sais pas pourquoi mon regard s'est porté sur cette femme qui lave son linge dans un seau, au milieu d'un chemin de terre, bordé de détritus et de baraques qui tiennent debout par on ne sait quel miracle. A ce moment-là, un guide m'accoste et commence à me faire la conversation. Encore une fois LA question : mais tu voyages seule ??? Bon après, un petit incident sans beaucoup d'importance, j'ai appris à dire que oui je voyage seule mais que je rejoins mon compagnon au Mexique. Ça évite toute tentative de séduction non désirée! Ce guide m'a fait beaucoup rire quand il m'a dit qu'il me laissait son mail au cas où je voudrais rester plus longtemps ; il pourrait s'arranger pour m'avoir un visa pour cinq ans. Enfin bref... 
En repartant du musée, j'ai longé le bidonville. Je n'y suis pas entrée, c'est pas un endroit où on va faire du tourisme




Mais à un moment donné, j'ai eu les plus beaux, les plus innocents sourires de deux petits bambins en train de jouer entre les planches de bois et les gravas. J'étais en train de prendre la baie, au loin, en photo. Quand j'ai remarqué deux petites frimousses qui me regardaient. Au moment où je les ai regardé, ils se sont cachés, puis sont réapparus, se sont à nouveau cachés et sont ressortis de leur cachette. J'ai alors osé un petit bonjour de la main. A ma grande surprise, le petit garçon m'a rendu mon  bonjour et la petite fille m'a sourit de toutes ses dents...moins les deux de devant. Je ne peux pas réellement expliqué la sensation qui m'a envahie. Les voir rire et jouer à cache-cache avec moi m'a réchauffé le cœur mais les voir pieds nus dans la terre, sales et avec probablement pas grand chose dans le ventre m'a glacé le sang. C'est une réalité que je sais de l'Amérique Latine, et de tant d'autres lieux d'ailleurs, mais de l'avoir sous le nez de cette manière me rappelle que j'ai été bénie d'avoir eu toujours à manger, de l'eau courante, des vêtements propres, d'avoir reçu une éducation et plus encore que le nécessaire.


Sur le chemin du retour, je suis un peu bouleversée par l'épisode de Chacaritas. Je prête alors plus attention à tous ces gens qui travaillent dans la rue : cireurs de chaussures, petits vendeurs, gardiens de place de parking, laveurs de voitures. Il n'y a pas d'âge pour commencer ces "carrières"...mais aucun ne mendie. Toujours un petit service pour quelques guaranies
Jeudi soir, je déménage chez Lourdes, ma seconde couch à Asunción. Mais avant d'arriver à la maison, nous faisons un détour par le pub Britannia où se fête le départ d'un Hollandais. C'est l'occasion de passer une première soirée avec des Paraguayens, et la première chose qui me frappe c'est l'accent. Ils ont une façon curieuse de prononcer le r. On pourrait presque l'entendre comme un r américain.  

La soirée a été excellente. Tout le monde y va de son conseil pour que je vois le plus de choses possibles. Mais les deux questions qui reviennent sans cesse sont : tu voyages seule? Et, pourquoi le Paraguay? Quand je réponds à la première en disant que je ne suis pas effrayée par le fait de voyager seule et que jusqu'à présent tout s'est bien passé, j'ai le droit à des « mon dieu, t'es courageuse, je ne pourrais jamais le faire ». Allez savoir si c'est du courage... je ne crois pas à vrai dire. A la seconde question, je réponds sincèrement que c'est un pur hasard et que je n'avais pas prévu de passer par le Paraguay mais que c'était l'occasion de découvrir un nouveau pays. 
Le week-end qui suit va être très festif. Lula m'emmène dîner à droite à gauche, me présente à tous ses amis, m'organise des visites quand elle travaille. Elle a même débauché un de ses amis, Pato, pour qu'il m'accompagne au Museo del Barro, un musée d'artisanat que j'avais prévu de visiter. Et je ne suis pas déçue de faire sa connaissance : très cultivé, beaucoup de charme et un humour fou,  il est en plus ultra galant. Dommage qu'il ait le cœur brisé ces temps-ci...



Pato et Lula!
Samedi soir, j'ai été au boliche, c'est-à-dire la discothèque. Accrochez-vous les gars si un jour vous venez au Paraguay. C'est un défilé de mode. Les filles sont plus belles et plus sexy les unes que les autres. Très apprêtées, les Paraguayennes ont un sens de l'esthétique qui en laisserait plus d'un rêveur. 
Mon week-end se termine par un asado avec la famille de Lula et un bowling avec Pato. C'est bien plus que du couchsurfing que m'a offert Lula. Elle m'a ouvert toutes les portes de sa maison, de sa vie. Sa famille et ses amis m'ont accueillie les bras ouverts et grâce à elle j'ai découvert le sens de l'hospitalité de ce pays dont on parle si peu. Sans aucun doute, le Paraguay aura été une belle surprise...c'est malin ça...maintenant j'ai envie d'y retourner pour en voir plus !!!


Avec la maman de Lourdes!



3 commentaires:

  1. tu dois pas en revenir
    comment c possible que ce soit toujours plus joli à chaque destination ?
    c toujours un plaisir de te lire
    attention aux bus qd même
    pends le vélo la prochaine fois
    continue à profiter
    bisous
    bojana

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  2. Emerveillement...c'est la cle de ce voyage!

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  3. Pato hein...quelque chose me dit que c'est pas que le paysage qui te donne envie de revenir au Paraguay! je rigole! Mais tu as raison on parle très peu de ce pays et ton article donne envie d'aller le découvrir.
    Adé

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