mercredi 14 juillet 2010

Douce Corrientes – 3 juillet

Remonter vers le Paraguay est l'occasion de faire une halte dans la province de Corrientes, au nord-est et plus précisément dans la ville du même nom. A lire mon guide de voyage, cette ville mérite une escale de deux jours...
Petite citée balnéaire située sur le fleuve Parana, Corrientes Capital n'a pas beaucoup de prétention, du moins pas autant que Córdoba, ou Mendoza. Pourtant, je vais y rester plus longtemps que prévu tant la surprise a été bonne. 
Je suis arrivée dans la nuit de mardi à mercredi, et en poussant la porte de l'auberge de jeunesse je découvre un endroit magnifique. C'est une vieille bâtisse coloniale qui a été entièrement rénovée, avec beaucoup de goût, tout en conservant des éléments d'époque comme ces portes aux vitres finement peintes. Je pousse la porte de ma chambre et non seulement j'apprends que je suis seule dans la chambre mais aussi j'aperçois un lit qui me semble des plus confortables. Je pose mes bagages, me douche et avec un plaisir à peine dissimulé, je me glisse dans ces draps propres qui sentent bon. C'est presque du luxe après ces trois premiers mois de voyage où j'ai dormi un peu partout, avec parfois un confort tout à fait limité. 


Terrasse de l'auberge
Ma première journée à Corrientes a été surprenante. Il pleut des cordes et que fait un touriste quand il pleut??? Et bien, il visite les musées! C'est parti pour le Musée de l'Artisanat qui consiste en deux petites pièces et une logique d'exposition qui laisse perplexe. Je passe en revue les différents présentoirs quand César s'approche de moi. Il est guide au musée. Il m'explique que la province de Corrientes est la région de l'élevage. Contrairement à ce que tout le monde pense, La Pampa ne détient pas le monopole en la matière. A Corrientes, on élève des vaches et aussi beaucoup de moutons. On utilise le cuir des unes pour faire vêtements et le cuir des autres pour les selles de chevaux. La région est aussi connue pour ses tissages en coton et en fibre végétale, comme l'osier ou le roseau.
 A ma grande surprise aussi, j'apprends que le gaucho n'existe pas seulement dans la Pampa... être gaucho, c'est un état d'esprit, une façon de vivre, un folklore. Mon manque de culture sur le sujet m'avait amené à penser qu'on ne pouvait croiser un gaucho que dans La Pampa!!! 
Au final, j'ai passé plus d'une heure à discuter avec César de la région, du folklore et j'ai appris mes premiers mots en Guarani. A quoi cela va-t-il me servir me direz-vous? Probablement à rien... c'est juste pour le plaisir!!! On ne se refait pas!
métier à tisser
Au moment de partir, César me prévient que le vendredi, il y aura une fête au musée et que ce serait chouette que je reste pour découvrir le  chamamé. 
Je ne sais absolument pas de quoi il me parle... et je ne sais pas si je serai là vendredi mais je prends note.
Je poursuis ma visite de Corrientes par le Musée des Beaux Arts...Sans commentaire! J'ai été plus bluffée par les parquets et les plafonds que par les expositions. En face du musée, on trouve le grand théâtre. Le bâtiment est plutôt chouette d'extérieur et je me dis que l'intérieur doit valoir le coup d'œil. Je demande au gardien si je peux entrer pour visiter, et accompagnée d'un employé du théâtre je vais découvrir un endroit magnifique, apprendre l'histoire de ce lieu. De fil en aiguille, l'employé me parle de son programme de radio qui défend le folklore de la région. Il me parle à nouveau du chamamé et je commence à être réellement intriguée par ce mot. Bref, je suis restée pas loin d'une heure avec l'employé à discuter de musique, de traditions et autres petits détails qui pourraient paraître insignifiants mais  qui font la richesse d'un voyage, du moins pour moi.
détail de la coupole du théâtre

Détail de la coupole du théâtre

Balcon

Intérieur du théâtre

Sur le chemin vers l'auberge, je réfléchis alors à ce que je vais faire...Aller à Formosa? Aller dans un Esteros, (les marais) ? Je voudrais bien voir la faune et la flore mais les expéditions sont assez chères quand on les fait seul... Puis la lumière se fait sur mon programme quand je me rends compte que je n'ai pas encore profité de la Costanera (la belle promenade qui longe le port et le Paraná), que je suis intriguée par le Chamamé et que l'auberge est une bonne halte au milieu de mes matelas en mousse trouée et matelas gonflables!
Résolution prise, je ne pars que samedi soir! 
Jeudi, je suis bénie. Un soleil extraordinaire baigne la terrasse dès le petit déjeuner. Une journée parfaite pour aller sur la promenade. Et c'est exactement ce que j'ai fait. J'ai flâné au soleil, admiré les pêcheurs, les amoureux, les buveurs de maté, les écoliers. Un moment d'une simplicité extraordinaire et qui peut-être pour certains serait une perte de temps. Mais moi, ce que j'aime c'est faire ma curieuse et prendre le temps de voir comment les gens vivent, snetir quel est le rythme d'une ville...









En rentrant à l'auberge, je fais la connaissance de deux nouveaux arrivants : Juan Manuel et Emiliano. Ils sont Argentins et parcourent le pays grâce à une fondation environnementale. Ils vont d'école en école pour sensibiliser les petits Argentins à la protection de la planète. Et puis il y a Ricardo, un brésilien qui est ici pour un mois. Il prépare une thèse sur la famille de plante appelée Guarana. Il est complètement passionné par son sujet et c'est un vrai plaisir de l'entendre parler de ses petites plantes. Autour d'un verre de vin, à la fraîcheur des palmiers qui ombragent la terrasse, nous allons discuter tous les quatre une bonne partie de la soirée. J'en oublie même d'aller voir un concert de rock dont j'avais entendu parler dans la journée.

Le vendredi, j'avais décidé d'aller dans un petit village à une demi-heure de Corrientes, Santa Ana. Mais il y a des jours où on a juste envie de ne rien faire ! Et c'est exactement ce qui s'est passé...il fait beau, il fait chaud, la terrasse de l'auberge est juste parfaite. De plus, j'ai un livre qui m'attend ; vous voyez le programme ? Pure oisiveté ! 
C'est seulement en fin d'après-midi que je me décide à aller faire un tour. La rue piétonne de la ville à cette heure de la journée fourmille de gens, d'animations. C'est le lieu incontournable de fin de journée. Au bout de la peatonal, on trouve la place JB Cabral connue pour son petit marché d'artisanat. Je flâne entre les étals, discutent avec les petits vendeurs. 
Fresques murales typiquement correntinas en ciment graté

Elles reprennent toutes l'histoire de l'Argentine




En rentrant à l'auberge, Juan Manuel et Emiliano sont en train de cuisiner. Ils m'invitent à partager le dîner avec eux et Ricardo. Mais à 21h, il y a la fameuse peña de chamamé  alors je décline l'offre. Je file alors au musée. Il n'y a presque personne quand j'arrive et je m'assois à une table en attendant le début du « show ». Puis une des organisatrices vient me voir et me demande d'où je viens. Elle me dit que ça ne commencera pas avant une bonne heure...Bah oui, c'est l'Argentine quoi!!!!!!!!!! Je décide donc de rentrer dîner à l'auberge. L'organisatrice s'inquiète de savoir si je vais revenir et je lui dis que bien sûr et en partant me promet de me trouver un beau danseur pour que j'apprenne à danser! Mais bien sûr!!!!



A l'auberge, les garçons sont sur le point de passer à table et me proposent à nouveau de partager leur repas. Cette fois-ci, j'accepte. Puis je leur propose de venir avec moi à la peña. Et une fois, le repas terminé nous filons assister à ce moment de folklore dont j'entends parler depuis quelques jours.

En passant à nouveau la porte du musée, je me rends compte que l'ambiance a complètement changé. Il y a un groupe de danseurs en tenue typique qui sautillent au rythme de l'accordéon. Nous sommes accueillis par la même organisatrice qui se charge de nous trouver une bonne table. Puis un vieux monsieur, bien gaucho, vient nous souhaiter la bienvenue. Il prend nos noms et nos pays de provenance. 





Quand la musique s'arrête, ce même monsieur monte sur la scène et fait un petit discours. J'apprends alors que cette peña ne se faisait plus depuis 2 ans et que ce soir, enfin, elle renaît. Quelle aubaine! Puis, à la fin du discours, ce vieux gaucho annonce à toute l'assemblée qu'ils comptent sur la visite d'une Française, et hop je rougis et je ne sais plus où me cacher, et d'un Brésilien, qui n'en mène pas plus large. Je n'ai pas honte mais je ne veux pas être repérée...je ne voudrais pas qu'on vienne me chercher pour danser!!!
De l'accordéon, nous passons à la guitare...Ils sont tellement humbles ces musiciens magiques et pourtant tellement doués. Le chant est complètement improvisé et parle de l'amour, la vie au champ, les traditions. Quel bonheur! Les danses sont sensuelles, frétillantes, langoureuses, vivantes. 
Quelle chance d'avoir croisé ce guide, César, et qu'il me parle de cet événement ! Je ne regrette pas d'avoir repoussé mon départ.
Samedi, je dois laissé ma chambre à 10h du matin et mon bus pour Asunción part à minuit. Il faut que je trouve de quoi m'occuper. Pour la matinée, c'est assez simple au final : il y a le match Argentine vs Allemagne. Je m'installe dans un petit café et je vais perdre mes illusions au même rythme que les Argentins. En fin de compte, le football peut provoquer des sensations insoupçonnées. 
Quant à l'après-midi, je l'ai passée sur la costanera, à profiter du soleil, de la douceur de vivre. Et j'avoue...je suis tombée amoureuse au moins dix fois...Ils sont tellement beaux les Correntinos. Dios mío !!!
A minuit et demi, fin de l'étape à Corrientes. Direction, le Paraguay !

2 commentaires:

  1. Un vrai plaisir de te lire!!!
    Adé

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  2. merci ma soeur, je prends beaucoup de plaisir a ecrire et a essayer de vous faire partager ce voyage!

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