samedi 25 septembre 2010

Cinquième pays des déambulations : le Chili

Au moment où j'écris, je viens de vivre mes premières sensations sismiques! La terre a tremblé ce midi alors que j'étais paisiblement en train de « skyper »!!! C'est comment dire, assez impressionnant : sentir sa chaise bouger d'elle-même, voir le luminaire qui s'affoler... Ce fut bref et de petite magnitude, fort heureusement, mais disons que ça donne une légère sueur froide!

Remettons nous de nos émotions et revenons à la découverte du cinquième pays des Déambulations : le Chili, pays de la palta (l'avocat) par excellence, de l'abondance de nourriture et des contrastes paysagers.

Quand vous êtes à Santiago de Chile, vous êtes coincé dans une vallée entre la Cordillère des Andes aux cimes encore enneigées à cette époque de l'année (nous venons de fêter l'arrivée du printemps) et des collines verdoyantes mais sèches. Un contraste plutôt étrange mais assez spectaculaire.


Déjà, le voyage depuis Arequipa, au sud du Pérou, jusqu'à Santiago déballe sous vos yeux des paysages hors normes : des heures et des heures de bus au milieu des montagnes lunaires et des déserts de sable...au loin la mer, avant d'arriver dans des vallées plus accueillantes et teintées de verts. Pour information, il m'aura fallu 41h de voyage, en bus bien évidemment, pour rejoindre Santiago. Une expérience, disons... intéressante.

Sur la route d'Arequipa à Santiago, au nord du Chili

A peine arrivée à Santiago, je pars en week-end avec la famille qui m'accueille, celle de Felipe (l'ancien stagiaire de C'est mieux qu'un poisson rouge que j'ai encadré l'an dernier). Direction Viña del Mar et Valparaiso, sur la côte. Le Chili est un pays tout en longueur, et il faut seulement une heure et demi de trajet pour le traverser dans le sens de la largeur.

Ce 16 septembre, commence un très long week-end férié. Ce sont Las Fiestas Patrias, plus précisément le 18. Mais cette année, on fête aussi le bicentenaire de l'Indépendance au Chili et le gouvernement a donné un jour supplémentaire! Les Fiestas Patrias, ce sont surtout l'occasion de se retrouver en famille, de partager de nombreux et abondants repas, sans oublier les feux d'artifices et les parades militaires. Un peu comme un 14 juillet chez nous!



Parade militaire dans Valparaiso



Les premiers avions de l'Armée de l'Air chilienne


Esthétiquement parlant, Viña del Mar, c'est pas tout à fait de mon goût. Énorme citée balnéaire, les immenses immeubles ont envahi le paysage de la côte. Par contre, Valparaiso a gardé son côté bohème et charmant. Valparaiso est une ville classée au patrimoine mondial de l'Humanité par l'Unesco, pour son architecture, ses maisons colorés, ses fresques murales. La ville s'agglutine sur les flancs des collines et il vous faut une bonne voiture pour monter les rues, et des bons freins pour les descendre. A Valparaiso, vous pouvez aussi visiter La Sebastiana, une des maisons du grand poète et prix Nobel de Littérature chilien : Pablo Neruda ; demeure que je n'ai pu visiter pour cause de jour férié. Néanmoins, je ne vais pas restée frustrée longtemps puisqu'à mon retour à Santiago, j'ai pu visiter la Chascona, la maison-bateau que Mr Neruda avait fait construire pour son amante secrète Mathilde, qui deviendra sa troisième femme. Pablo a eu donc eu trois femmes officielles : une Hollandaise en premier, une Argentine ensuite puis la dernière fut une Chilienne. Un vrai cœur d'artichaut le Pablo mais son amour des femmes lui a valu d'écrire ses plus belles lignes, mis à part son œuvre magistrale pour laquelle lui sera discerné le prix Nobel de Littérature : Canto General.

 
Les rues de Valparaiso, et celle-ci est plutôt soft!

Ce week-end des Fiestas Patrias est l'occasion de voir aborder dans le port de nombreux navires militaires étrangers venus fêter le bicentenaire tout comme l'Esmeralda, emblématique navire chilien...un peu le Belem local! Plus de 200 bateaux au total sont venus fêter le bicentenaire de l'Indépendance chilienne. Nous aurons aussi le loisir d'admirer la parade de l'aviation.

L'Esmeralda dans le port de Valparaiso

Par chance, je vais découvrir ce qu'on pourrait appeler la côte sauvage en allant passer une journée à Horcon, à une heure de Viña. Ça ressemble étrangement à la Bretagne : des falaises abruptes, des collines, des dunes à l'occasion... Le problème, comme toujours, c'est qu'on n'arrête pas les promoteurs qui s'arrachent ces derniers lopins de terre vierges et construisent d'énormes bâtiments pour les vacances, sans compter la centrale électrique qui a complètement modifié et pollué la vue depuis les falaises.

Profitant de la vue depuis les falaise d'Horcon

Le Chili, comme je le précisais auparavant, c'est la culture de la nourriture et surtout pendant las Fiestas Patrias. Ici, on est fier d'avoir le ventre bien rebondi. Je vous avoue que je n'ai pas pu suivre le rythme, et pourtant je ne me suis pas privée : asado, fruits de mer, poisson, pevere (préparation à base d'oignons, tomate et coriandre qui accompagne les saucisses)... Il a été calculé qu'en moyenne la population chilienne grossit de 3 à 5 kilos rien que pendant le week-end des Fiestas. Je n'ai pas fait exception... et dès mon retour à Santiago il a fallu modérer le coup de fourchette.

Sur le marché aux fruits de mer...

D'ailleurs, ici, on ne dîne pas, on prend la « once ». Once me direz-vous??? C'est un « encas » - je veux dire par là un sandwich explosant sous le poids de l'avocat, de la viande, du chou, des cornichons... le tout accompagné d'un thé!!! Il n'y a pas réellement d'heure pour prendre la Once...vers 18h30, à la sortie du travail ou plus tard... Le terme once vient des mineurs (le Chilli a fait toute sa richesse sur les mines de cuivre qui ont coûté et coûtent toujours la vie à des centaines de mineurs) qui aimaient se boire une petite  Aguar'diente  (de la goutte quoi!). Mais pour éviter que le chef ne sache ce qu'ils allaient faire, ils ont compté les lettres et il y en a onze, donc Once. D'ou l'expression, tomar once (prendre la onze). C'est resté dans la culture et la langue chilienne, mais plutôt que de se siffler de la goutte, ils prennent leur "collation".

Quant à la langue chilienne, c'est probablement celle qui m'a le plus coûté à comprendre : la vitesse de parler d'une part et des mots dont on ne sait pas d'où ils viennent d'autre part. Par exemple, un pololo, c'est un petit copain, d'où le terme pololear, sortir avec quelqu'un. Ou encore, la huata, le ventre, un huahua, un bébé et un tas d'expressions que j'avais jamais entendu jusqu'à présent. Je me sens comme à l'époque où j'apprenais l'espagnol au Mexique et il me faut demander le sens des mots et parfois entre l'accent, la vitesse et les mots que je ne connais pas, je décroche complètement!!! Une novice!!!!

On ne peut pas dire que j'ai eu le coup de foudre pour ce pays mais il m'intrigue... Des paysages énigmatiques, des peuples natifs quasiment disparus ou qui luttent pour qu'on lui rende ses terres comme les Mapuches dans le sud, cette langue si différente de toutes celles que j'ai pu entendre... 15 jours c'est peu pour se faire une idée d'un pays et ses habitants mais ce que je retiendrai c'est qu'encore une fois les Latinoaméricains, eux même qui se nomment les Tiersmondistes, ont le cœur sur la main.

Dimanche, je reprends la route de l'Argentine, direction Mendoza et plus précisément Tunuyan dans la première ferme où je suis arrivée en avril. Une pause dans ces pérégrinations à la fois riches et moralement éprouvantes. Il me faut digérer toutes ces rencontres, ces paysages, ces saveurs, ces odeurs, ces Histoires...pour repartir de plus belle!
 
A bientôt, pour de nouvelles aventures!!! Noëmie en Argentine clap 2...et oui déjà 6 mois de voyage, plus de la moitié!!!!

dimanche 12 septembre 2010

Le Pérou, un bref aperçu qui ouvre l'appétit – Cusco.

Difficile passer au Pérou sans faire le voyage jusqu'au Cusco (ou Qosqo) même si on ne dispose que de peu de temps. Il a fallu faire des choix dans ce que je voulais voir et ma fascination pour les cultures précolombiennes m'emmène jusqu'à cette région mythique que l'on appelle la Vallée Sacrée des Incas. Depuis j'ai tout de même appris que le nom de Vallée Sacrée est un nom complètement inventé par les nouvelles générations pour regrouper les lieux sacrés de la région.

En route pour le nombril du monde, traduction de Qosqo (d'ailleurs c'est assez drôle parce Mejico ça veut aussi dire nombril du monde...il y en aurait donc deux???). Je grimpe dans le bus à 14h après avoir pris ma petite pilule contre le sorochi, le mal des montagnes. Je n'ai jamais été en altitude et Cusco se trouve à environ 3200m au-dessus du niveau de la mer et pour l'atteindre il faut passer un col à plus de 4000m. Je croise les doigts pour que tout se passe bien et ne pas subir le mal de tête ou les vomissements, signes de ce mal. Le trajet va être long, 20h, et laborieux par moment puisque ce ne sont que courbes et virages, mais magnifique quand au réveil on peut admirer les montagnes verdoyantes de la cordillère et le lever du soleil derrière celles-ci. Pas de mal de tête, ni de vomissements, mais une pression dans la poitrine qui m'essouffle alors que je suis confortablement installée dans mon siège et les lèvres qui s'assèchent en un clin d'œil. Un remède à cela : le maté de coca, l'infusion de cette plante si controversée.

A 11h dimanche, j'arrive enfin à mon hostal et je me réjouis à l'idée de prendre une douche et faire une sieste. Je profite qu'il y ait du monde pour demander comment chacun a fait ou va faire pour visiter la fameuse Vallée Sacrée et le Machu Picchu. Il n'y a beaucoup d'alternatives... le faire soi-même revient au même prix et implique plus de risques... Après réflexion, je me décide à prendre un tour d'une journée et une excursion sur deux jours qui inclut l'ensemble des sites, plus une visite des sites autour de Cusco...le tout pour la maudite somme de 200 dollars! Une autre réalité m'apparaît alors : la région a su tirer profit de son attraction, et on ne peut pas lui en vouloir, mais les prix ont doublé, voire triplé en 5 ans à ce que me dit un des gérants de l'hôtel. Je vais aussi m'en rendre compte quand je vais aller faire mon premier petit tour de repérage en fin d'après-midi : tout n'est que boutique d'artisanat, agence de voyages et trek et visites guidées...même les autochtones enfilent leurs costumes et vous proposent de les prendre en photo dans les ruelles de la ville, bébé sur le dos, moutons dans les bras et alpaca en arrière plan, le cliché parfait pour un sol.

J'ai pas payé...mauvaise touriste!

Chaque tranche de la société péruvienne veut tirer profit du flot de touristes qui déambule dans ce lieu mystique. Même tarif pour les repas, pas moyen de trouver des petits prix...Pour le coup, je me sens vraiment « touriste-portefeuille ambulant ». Pas moyen de s'asseoir sur un banc dix minutes sans être alpaguée par un pseudo guide, une indienne qui offre de prendre la pose, un vendeur ambulant de peintures, petits bracelets... Je peux comprendre tout ce mouvement mais je n'adhère pas du tout et c'est même un peu pénible.

Un petit souvenir???

C'est épuisée par le voyage et par tout ce mouvement que je m'affale le dimanche soir, à la fois pressée de découvrir la ville et les autres lieux, et perplexe quant à ma capacité d'émerveillement. C'est un peu stupide mais à ce moment-là, j'ai peur de ne pas être époustouflée par le Machu Picchu...je l'ai vu tant de fois en photos, j'en ai tellement entendu parler que je « stresse » à l'idée de ne pas être surprise. Ça m'est déjà arrivé quand j'ai découvert l'opéra de Sydney et je n'ai pas vraiment envie de revivre l'expérience.

Lundi, une fois remise de mes premières émotions et requinquée par une bonne nuit de sommeil, je vais traîner mes guêtres du côté du cœur de la ville. Je longe des murs qui ont plus de 600 ans, grimpe des escaliers qui ont été foulés par les majestueux Incas ; j'ai le sentiment de refaire les cours d'histoire de la fac mais en live! Il règne une atmosphère mystique dans Cusco, quelque chose d'assez indescriptible. Théâtre de la grandeur des Incas et de l'invasion des Espagnols, Cusco porte tous les stigmates d'une ville colonisée et évangélisée. Les pierres des temples ont servi à construire des églises, les maisons offrent des majestueux balcons coloniaux. A nouveau, je suis stupéfaite par la technique d'assemblage des pierres, sans ciment et à l'épreuve de tout séisme, des ancêtres de Péruviens. D'ailleurs, il y a cette petite blague au sujet des Espagnols : quand vous regardez un mur dans Cusco, la partie inférieure a été construite par les Incas, et celle du haut, celle qui se fissure, par les Incapaces (les incapables – cf les Espagnols!).

Rue typique du centre historique de Cusco

L'après-midi est dédié à la visite des ruines alentours à Cusco : Saqsayhuaman (ou tête puma ridée en quechua), Q'enqo, Tambomachay... Je ne vais pas vous donner de leçon d'histoire parce que ce serait trop long mais j'ai pris une leçon d'histoire à ciel ouvert... tout ça au milieu de je ne sais combien de groupes de touristes et toujours montre en main pour ne pas perdre le bus. Je vous avoue que ce n'est pas vraiment la façon dont j'aime connaître un lieu. N'empêche que le guide assouvit en partie ma curiosité...pour le reste, je remercierai les livres.


Saqsayhuaman, ou la tête de puma ridée
vue depuis Pucapucara

Tambomachay et la fontaine de jouvence ; verdict dans 20 ans

Je pousse la porte de l'hostal et trouve tous les autres voyageurs dans la cuisine. C'est le moment de faire connaissance. Il y a Mariana, una Argentine qui est venue faire l'Inca Trail (la chemin de l'Inca, marche de 4 jours dans la montagne pour atteindre le Machu Picchu), trois jeunes américains, Mike, Kevin et Paul venus en vacances une dizaine de jours, Andrew et sa femme qui ont quitté Sacramento en Californie pour visiter sur une année l'Amérique du Sud, et un jeune couple de Français, Arnaud et Marie, qui entame tout juste leur tour du monde. C'est autour de quelques bières que nous échangeons nos premières impressions sur Cusco, le Pérou et plus largement sur le voyage. Une riche soirée!

J'apprends à ce moment-là que je pars le lendemain pour la même excursion que les trois américains et je suis ravie de pouvoir partager l'expérience avec eux. Quant à eux, je pense qu'ils étaient contents de trouver quelqu'un qui puisse faire le pont entre l'anglais et l'espagnol!!!

Mardi, le sac à dos prêt pour les deux prochains jours – je fais des progrès en matière de bagages et n'emporte que le strict nécessaire : brosse à dents, bouteille d'eau, appareil photo, un bon pull et une petite culotte de rechange! - et les batteries chargées avec un bon petit déjeuner nous rejoignons le groupe avec qui nous allons visiter El Valle Sagrado. Au programme : Pisaq, Ollantaytambo...et beaucoup de marches! J'ai encore quelques petites courbatures aux mollets avec les visites de la veille mais rien qui ne m'empêche de suivre le mouvement. L'émerveillement est à nouveau au rendez-vous, tant pas les paysages hallucinants que par les constructions.
Sur la route de Pisaq

Les terrasses agricoles de Pisaq
C'est tout simplement extraordinaire! Cette fois, les indications du guide sont suffisamment précises, voire même tellement nombreuses qu'il aurait fallu noter pour se rappeler de tout. Ollantaytambo et ses 250 marches a bien entamé mon capital vitalité mais j'ai vite oublié quand j'ai fait un tour sur moi-même et que je me suis rendue compte de l'immensité du lieu.

Les ruines d'Ollantaytambo vues d'en haut

Nous abandonnons le groupe qui repart pour Cusco vers 16h, puisque nous prenons le train pour Aguas Calientes, le village au pied de Machu Picchu. Deux options pour passer le temps en attendant le train : faire du shopping sur le marché d'artisanat ou s'asseoir à une terrasse et trinquer à la journée. Nous optons tous les quatre pour la seconde option ; l'occasion de faire un peu plus connaissance et de partager quelques Cuzqueñas. Un orage éclate en fin d'après-midi et une petite inquiétude se fait sentir : pourvu que ça se calme pour demain parce que la Citée perdue sous la pluie, ça va être moins drôle. Sur le trajet vers la gare, nous assistons à un cortège des habitants, tous en costumes traditionnels qui défilent en soutien à un candidat aux futures élections de la région. 19H30, nous grimpons dans le train et par un malheureux hasard je me retrouve assise au milieu d'un groupe de Français, dans le genre typique touriste qui râle sur la moindre chose qui mette en péril son confort. De toute façon, eux ils sont pas là pour la culture, ils sont là pour grimper des montagnes et se faire les muscles... A chacun son voyage!

Il est plus de 22h quand nous arrivons à Aguas Calientes, le responsable de l'hostal nous récupère à la gare. On nous attribue nos chambres, et avant d'aller dormir il nous faut aller acheter de quoi tenir la journée au Machu Picchu le lendemain. Autant dire que la nuit a été courte. D'une part parce qu'un groupe de danseurs répétaient une chorégraphie sous ma fenêtre, flûte et tambour en mains, et d'autre par parce que j'ai eu l'impression que le train passait par ma chambre.

Donc à 4h45, quand Paul est venu me réveiller, je faisais pas trop la maligne! Première mauvaise surprise au réveil, pas d'eau chaude pour se doucher! Une douche glaciale, ça réveille certes, mais c'est pas agréable quand la température extérieure de dépasse pas les 6 degrés! Notre « tour » comprenait une nuit à l'hostal et bien entendu un petit déjeuner servi entre 5h et 8h du matin. A 5h15, après avoir désespérément cherché le petit déjeuner, nous nous décidons à partir afin d'avoir une chance d'avoir le ticket pour gravir le Wayna Picchu, le sommet de la cité qui offre un panorama incroyable. Il y a déjà une file d'attente incroyable pour prendre le bus jusqu'au site, mais à 6h nous sommes sur place et faisons partis des heureux 400 élus qui pourront monter au Wayna.

J'ai des palpitations rien qu'à l'idée que je vais entrer dans ce lieu mythique et contrairement à ce que j'avais pensé, je suis surprise et émerveillée. Je ne vais pas trop en dire sur comment s'organise la Citée Perdue pour que ceux qui s'y rendront un jour soient vierges de mes commentaires. Ce que je peux vous dire par contre, c'est la puissance énergétique que dégage l'endroit, par sa situation géographique, par le génie des constructions, par le lever du soleil derrière les montagnes... Je n'avais pas assez de mes deux yeux pour regarder partout autour de moi. A 7h40, nous avons rendez-vous avec le guide et durant presque trois heures, il va nous raconter l'histoire de Machu Picchu et la vie des hommes à ce moment-là. A 11h, les trois américains qui étaient dans le groupe des anglophones me retrouvent fins prêts pour gravir le Wayna. Déçue de moi-même et un peu à contre cœur, je me dégonfle... J'ai eu la trouille!!! Elle faisait tellement grande cette montagne, j'avais le ventre vide et déjà les jambes qui tremblaient d'avoir monté et descendu tant de marches que je ne me suis pas sentie capable d'assurer l'ascension du Wayna! Alors j'ai donné mon ticket à une fille qui n'avait pas eu de ticket et qui mourrait d'envie de le faire...

Le jour se lève sur le sanctuaire
L'incontournable vue spectaculaire...j'y étais bien!!!

Pendant les deux heures où les gars ont pris d'assaut le Wayna Picchu, je me suis refait le tour de la citadelle en prenant le temps de bien regarder, sentir, profiter...les couleurs ont changé tellement de fois dans la journée avec la brume, le lever du soleil, le soleil ardent du début d'après-midi qu'il n'y avait pas moyen de se lasser de monter et descendre les marches. J'essayais de m'imaginer la vie ici il y a quelques 500 ans.

Vertigineux et spectaculaire

Les alpacas ou tondeuses écologiques du sanctuaire

J'ai retrouvé mes acolytes après leur ascension, bien entendu abasourdis parce qu'ils avaient vu là-haut. Vient le moment d'une petite pause : bananes – crackers!

Puis après avoir repris des forces, nous nous posons la question de l'ascension du vrai Machu Picchu, la montagne opposée au Wayna mais les gars ont perdu leur jambes et on n'a plus d'eau...et avec la chaleur qu'il fait ainsi que l'altitude ce serait juste inconscient de le tenter. Note pour plus tard : partir mieux préparée et avec beaucoup plus d'eau!!!

Sonne l'heure de la descente vers Aguas Calientes et pendant près d'une heure nous allons descendre des marches...une épreuve pour les genoux mais une occasion de sentir les arômes de la montagne, admirer la faune, la flore de la région.

Nous reprenons des forces et nos esprits autour d'un bon repas et ce n'est qu'à ce moment-là où je découvre l'état de mes jambes. J'ai été dévorée par des moustiques et mes mollets ont pris une couleur violacée de tant de piqûres mais ce n'est rien comparé à la couleur que ça prendra le lendemain et les démangeaisons.

19h, départ pour Cusco : train et bus auront fini de nous achever et c'est avec soulagement que nous poussons la porte de l'hostal vers minuit. Je n'ose pas imaginer l'état de ceux qui font le Chemin de l'Inca sur quatre jours...

Je découvre avec horreur l'état de mes jambes au réveil! Jamais des moustiques ne s'étaient autant acharnés sur moi! Le gérant de l'hostal me rassure en me disant que c'est la signature du Machu Picchu...bizarrement les moustiques principalement les peaux blanches...

La journée du jeudi sera plus soft que les deux derniers jours et je consacre l'après-midi à la visite du Musée Inca. Je finirai ma visite de Cusco par le quartier San Blas, où j'ai été invitée à prendre un verre par un couchsurfeur qui m'avait envoyé une invitation en début d'après-midi : Ruben. Encore une fois, c'est une de ces rencontres qui marqueront mon passage à Cusco. Juste un regret, celui de l'avoir rencontré le dernier jour, non seulement parce qu'on avait plein de choses à partager et à se raconter, mais aussi parce qu'il connaît bien la région et des façons moins touristiques de connaître la Vallée Sacrée!

Vendredi, il faut refermer la valise...Une nouvelle nuit dans le bus m'attend. 550 km plus au sud se trouve Arequipa, dernière étape de mon court séjour au Pérou.

Le Pérou...un bref aperçu qui ouvre l'appétit : Lima

Encore un nouveau pays à découvrir : le Pérou. Je vais avoir peu de temps et l'organisation de mon séjour en terre inca laisse un peu à désirer...cependant je fais confiance à mon instinct et je me dis que de toute façon, peu importe ce que je vais réussi à voir en ces à peine deux semaines sera toujours une expérience supplémentaire dans mon carnet de route.

Mais avant d'atteindre le Pérou, je vais tester le carrelage de l'aéroport de México, puis la moquette de l'aéroport de San José au Costa Rica. En effet, je suis partie de Querétaro le lundi en fin de journée pour être à l'aéroport vers 22h. Je dois enregistrer à 5h du matin. Après deux heures à bouquiner sur un siège peu confortable, je fais un tour dans l'aéroport et me rend compte que certains voyageurs en partance ont installés leur campement devant les comptoirs d'enregistrement. Qu'à cela ne tienne...je vais en faire de même! J'ai tout de même réussi à dormir une bonne heure! Royal!!!! Puis, c'est l'escale au Costa Rica. Vu d'en haut, le pays donne envie : des volcans, des forêts grasses, des plages et du soleil! Je grimpe en confort puisque du carrelage de l'aéroport de México, je pose mes fesses sur la moquette bien moelleuse de San José! Tout se passe à merveille jusqu'au moment où éclate un orage des plus violents, qui a quand même coupé l'électricité dans tout l'aéroport. Je suis à une heure de l'embarquement et une légère appréhension me serre le cœur : pourra-t-on décoller avec un temps pareil??? Finalement, c'est une tempête tropicale et aussi vite qu'elle est apparue, elle disparaît.

Cette fois, c'est bon : direction Lima où j'atterris en début de soirée. Je ne sais plus très bien quelle heure il est à vrai dire avec ces bouts de sommeil... En sortant de l'aéroport, je suis saisie par le froid!!!! J'ai oublié que c'est encore l'hiver ici et j'ai perdu un peu plus de 15 degrés en retraversant l'équateur. En route pour ma nouvelle maison. Encore une fois, je suis accueillie par un couchsurfeur et je suis agréablement surprise quand il me présente une autre voyageuse...de Vitré (petite ville au sud de Rennes pas loin de chez moi!). Ça me fait bizarrement plaisir de retrouver une compatriote, moi qui en général fuis mes concitoyens!!!

A peine la valise posée, Gianni nous propose d'aller dîner avec un de ses amis. Ils décident de nous faire goûter une spécialité locale : les anticuchos, tout simplement une brochette de cœur de bœuf bien assaisonnée et accompagnée d'une pomme de terre (n'oubliez pas que le Pérou possède plus de 200 variétés de cette tubercules cultivées par les Incas). C'est donc dans la rue, en plein vent et congelée, que je vais une nouvelle fois affronter mes a priori culinaires. Tout simplement délicieux ! Nous poursuivons par un Pisco Sour. Le Pisco est la boisson alcoolisée typique du Pérou (le Chili lui dispute l'origine!). A base de raisin distillé, le Pisco Sour se déguste avec des blancs d'œufs et du citron. Cocktail détonnant mais dont il ne faut pas abuser et qui finit de m'achever après la journée de voyage.

J'ai peu de temps à Lima et dès le lendemain matin, c'est parti pour la visite! Avec Frédérique, l'autre Française, nous décidons de nous faire une journée « sites archéologiques ». En route pour la découverte de Huaca Pucllana, un site en plein cœur de Lima. Encore un chef d'œuvre d'architecture et de techniques de nos prédécesseurs. Pour déjeuner, l'ami de Gianni que nous avons rencontré la veille nous propose de déguster le traditionnel Cebiche (poisson ou crustacé cuit par le citron) et quelques autres spécialités. Sans doute un des meilleurs plats que j'ai jamais goûté! Des noix de Saint Jacques comme si c'était Noël!!! C'est parfumé, fin et légèrement piquant. Incroyable!

Une fois rassasiés, nous partons pour un deuxième site archéologique : Pacha Camac, à une demi-heure au sud de Lima. Encore une fois, je suis bluffées par les constructions, je me laisse portée par les légendes que le guide nous compte sur la construction du site. J'ai d'ailleurs appris à ce moment-là qu'un homme inca pouvait avoir plus de 60 femmes, et jusqu'à 250 enfants!!! Tout cela pour être sûr d'avoir un digne descendant! Ça en fait du monde à table le soir!!!

Pacha Camac - le temple des Vierges du Soleil

La journée se terminera par un petit concert dans un bar du quartier de Miraflores. Cette fois, je goûte le Pisco Sour mélangé à du Rocoto, un petit piment qui donne relève bien le cocktail!

Le jeudi est consacré à nos futurs périples respectifs. Frédérique s'en va vers le Nord et moi vers le Sud et c'est la pêche aux informations pour nous deux. Néanmoins, nous aurons le temps d'aller nous promener sur le bord de mer, de nous asseoir dans le célèbre Parque del Amor de Miraflores et d'admirer les parapentistes prendre leurs envols.

Parque del Amor dans Miraflores - Lima

En soirée, avant le départ de ma compère, Gianni nous emmène visiter le quartier de Barranco, un quartier bohème de Lima, qui a son pont des Soupirs. Il faut faire un vœu et le traverser sans respirer, si vous réussissez votre vœu se réalise...je vous dirai si c'est du pipo ou pas!!!!
Frédérique et moi sur le Pont des Soupirs, Barranco - Lima

Nous terminons la visite par un petit bar...que voulez-vous c'est culturel!!! Et en entrant, Fred et moi, nous nous sentons comme à la maison! Le bar a l'allure d'un petit bar de campagne où se mélangent les générations et où le statut social n'a aucune importance! De vieilles affiches de concerts, de pub ou de propagande aux murs, une bière pas chère auront suffit à nous mettre à l'aise. Ce sera bref puisque Fred doit prendre son bus en début de soirée.

Vendredi, c'est visite du centre ville de Lima. Je commence seule avant de rejoindre Gianni à son travail. Il travaille à la Maison de la Monnaie où il frabique, devinez quoi... des soles, la monnaie du Pérou!!!! J'ai le droit à une visite guidée privée du lieu, du moins la partie accessible aux visiteurs...

On ne peut pas dire que le centre ville de Lima soit le plus beaux que j'ai pu visiter mais il y a néanmoins un petit détail architectural qui m'a bien plu : les balcons de bois coloniaux, ça c'était chouette! Ensuite, nous visitons les catacombes du monastère franciscain. Ces catacombes servaient de tombes pour les religieux ou les nobles de la ville. Sympa les crânes et les os entassés !!!

balcon colonial,  musée de l'Archevêcher - Lima

A 18h, c'est la descente du drapeau du Palais du Gouvernement et c'est la garde présidentielle, les Hussards de Junin, qui s'en chargent. Comme la garde anglaise, c'est un vrai spectacle de les voir effectuer leur tâche!

Pour terminer ma visite de Lima, Gianni me propose de monter à la Croix de San Cristobal, à quelques 500m de hauteur. On n'y monte pas à pied parce que les ruelles qu'ils faut traverser sont peu sûres. Cependant, avec du recul, j'aurais peut-être préféré le faire à pied... C'est un petit bus qui vous emmène là-haut et même si normalement je n'ai pas le vertige, j'ai été prise d'une légère crise de panique quand le bus a commencé son ascension. Il faut dire qu'il n'y a pas de sécurité le long du chemin, que ça monte à pic et qu'il y a même à un endroit sur le chemin où la route fait tout juste la largeur du bus. On a l'impression d'être dans les airs. Je suis tellement stressée que j'arrive pas à écouter les explications de la guide sur le pourquoi de la Croix là-haut... Tout ce que je sais c'est que Saint Christophe est le patron des voyageurs et des marcheurs et que c'est un peu mon « patron » en fait!!! Une fois là-haut, la vue est splendide. Par chance, le ciel est dégagé (ce qui est rare en hiver à Lima) et on peut apercevoir les pointes de la ville, l'agitation de la capitale sans la subir.
Saine et sauve, je suis aux pieds de la Croix San Christophe, à 500m d'altitude

Et c'est sur cette note vertigineuse que je termine ma courte visite de Lima puisque je prend le bus le lendemain en direction du nombril du monde : Qosqo ou Cusco.

Au coeur du Mexique colonial – chapitre 2 : Santiago de Querétaro

En regardant une carte du Mexique, Santiago de Querétaro m'avait semblé être une bonne option avant de rejoindre Mexico City. Situé à 3h au nord de la capitale mexicaine, cette ville a été classée au Patrimoine Mondial de l'Humanité en 1996 grâce à ses chefs d'œuvres d'architecture coloniale. J'ai prévu d'y passer 3 jours avant de filer vers la capitale.

Dès la première soirée, je suis émerveillée par l'ambiance qui règne dans le centre ville. Douce ambiance de vacances... A 19h, il fait encore chaud et c'est un régal de se promener dans ces rues pavées. A Nantes, c'est le week-end des Rendez-vous de l'Erdre... et je me fais un petit concert de jazz sur la Plaza de Armas (la place principale) de Querétaro! J'ai pas l'Erdre et les copains mais j'ai au moins le jazz!!! Sur le chemin de l'hostal, je tombe sur un groupe de danseurs qui, coquillages aux pieds et tambours battants rendent hommages au Concheros chichimèques, les indiens de cette région. Je suis à chaque fois émerveillée par ces rituels qui subsistent malgré les métissages et la vie moderne.

Statue du Conchero chichimeca

Ville coloniale rime avec bâtiments religieux et je n'ai pas vraiment compter le nombre d'églises dans lesquelles je suis entrée. Mais on peut dire que les colons espagnols n'y sont pas allés de mains mortes pour évangéliser les autochtones! De toutes les bâtisses que j'ai visitées, il y en a une qui m'a particulièrement marquée. Elle a deux tours extérieures aux couleurs du Mexique...quand religion et patriotisme se mélangent! Quand j'ai visité cette église, une femme était en train de chanter – les Mexicains vont prier à n'importe quelle heure de la journée – et je me suis assise pour l'écouter. C'était magnifique à vous donner la chair de poule. Je suis ressortie toute émue...

L'église aux couleurs du Mexique

Mon parcours touristique se poursuit par l'Aqueduc qui a permis à la ville d'être classée par l'Unesco. Il fait beau, il fait chaud et je ne boude pas le plaisir de flâner dans les petites rues pavées de cette ville. Je suis sensée partir samedi et bizarrement je sais déjà que ce ne sera pas le cas. La tranquillité et la nonchalance de Querétaro me plaisent et je sais que México suit un tout autre rythme.

A cela, ajoutez un hostal des plus chaleureux et convivial, à deux pas d'un petit marché authentique et coloré...

Le vendredi, c'est décidé, je reste à Querétaro jusqu'au jour du départ pour le Pérou. Pas envie de risquer ma peau à Mexico et un bus direct pour l'aéroport ont eu raison de ma motivation pour rejoindre la capitale.

J'ai donc du temps pour continuer mes visites et je poursuis par un site archéologique récemment découvert : el Cerrito, une pyramide qui était jusque lors par de la terre et sur laquelle un riche propriétaire terrien avait construit sa maison de campagne. Malheureusement, les moyens financiers ne sont pas suffisants pour continuer le nettoyage de la pyramide et seule une façade est visible. Le paysage ne manque pas de piquant puisque aux alentours du site archéologique fleurissent tous types de cactus, dont certains donnent des fruits surprenants : les tunas. Elles sont violettes, jaunes, vertes et vous rafraichissent comme de la pastèque!

Les cactus plein de fruits : les tunas

Au Mexique, c'est aussi l'année du bicentenaire et beaucoup d'événements sont proposés de-ci de là. J'ai donc pus assisté, en soirée, à un ballet folklorique, au pied de l'église de Santa Rosa -chef d'œuvre baroque dont l'intérieur est entièrement recouvert d'or -

 et j'ai été éblouie par les couleurs des costumes. Plusieurs régions du Mexique sont représentées et les danses rappellent les traditions de la campagne, les cérémonies religieuses ou encore la galanterie des hommes.

Tenue folklorique du Chiapas

Danse autour de la cérémonie de mariage dans les campagnes



Tenue folklorique de Veracruz
Je n'ai pas dansé mais cela m'a malgré tout ouvert l'appétit et je décide d'aller goûter une spécialité de la région. J'opte pour la soupe Tarasca, à base de frijoles, les fameux haricots mexicains (qui ne sont pas rouges!), de tortillas frites et de piment. Un vrai régal mais qui a complètement anesthésié mes lèvres !

Samedi soir, je me décide à sortir et à profiter de mon dernier week-end au Mexique. Le séjour touche à sa fin et je veux en profiter. Autant être sincère, les derniers jours ont été étranges. Depuis mon départ de Guadalajara, je souffre d'une espèce de mélancolie et du mal du pays...ou plutôt la solitude du voyageur me pèse un peu et j'en ai assez d'être en tête à tête avec moi-même! Cela fait cinq moi que je suis sur la route et la famille et les copains me manquent. Néanmoins, je sais que c'est normal d'avoir un coup de pompes, de blues...

Donc, ce samedi, je décide de « m'arranger » un peu. Je ne me suis pas maquillée depuis des lustres et c'est avec plaisir que je retrouve mon petit côté féminin! J'opte pour un petit restaurant sur la Plaza de Armas. Il faut savoir que sur cette place, chaque restaurant a son chanteur de variétés sur la terrasse. Un bon bain de culture chamallow mais c'est aussi ça le Mexique, des hommes qui chantent leur amour ou leur désespoir sans pudeur. J'ai même le droit à un petit clin d'œil de la part du chanteur...que voulez-vous une « peau blanche » seule à une table ça pose question!

Après avoir fait un tour par la salle à l'étage du restaurant où se joue un petit concert de « rock » local, je rentre à l'hostal songeant à ce que ce mois au Mexique m'a apporté, les rencontres que j'ai pu faire, les paysages que j'ai découvert, les amis que j'ai retrouvé, les odeurs et les saveurs dont je me suis délectées. Qui peut dire quand je reviendrai dans ce pays qui ne cesse de me surprendre, me fasciner et aussi m'insupporter parfois...


Gordita de maïs noir garnie de nopal (cactus)

Un mois et demi s'est écoulé, c'est peu et pourtant j'ai l'impression d'y être restée plus longtemps tant le séjour a été riche en expériences.

Viva México ! Hasta luego !