dimanche 12 septembre 2010

Le Pérou, un bref aperçu qui ouvre l'appétit – Cusco.

Difficile passer au Pérou sans faire le voyage jusqu'au Cusco (ou Qosqo) même si on ne dispose que de peu de temps. Il a fallu faire des choix dans ce que je voulais voir et ma fascination pour les cultures précolombiennes m'emmène jusqu'à cette région mythique que l'on appelle la Vallée Sacrée des Incas. Depuis j'ai tout de même appris que le nom de Vallée Sacrée est un nom complètement inventé par les nouvelles générations pour regrouper les lieux sacrés de la région.

En route pour le nombril du monde, traduction de Qosqo (d'ailleurs c'est assez drôle parce Mejico ça veut aussi dire nombril du monde...il y en aurait donc deux???). Je grimpe dans le bus à 14h après avoir pris ma petite pilule contre le sorochi, le mal des montagnes. Je n'ai jamais été en altitude et Cusco se trouve à environ 3200m au-dessus du niveau de la mer et pour l'atteindre il faut passer un col à plus de 4000m. Je croise les doigts pour que tout se passe bien et ne pas subir le mal de tête ou les vomissements, signes de ce mal. Le trajet va être long, 20h, et laborieux par moment puisque ce ne sont que courbes et virages, mais magnifique quand au réveil on peut admirer les montagnes verdoyantes de la cordillère et le lever du soleil derrière celles-ci. Pas de mal de tête, ni de vomissements, mais une pression dans la poitrine qui m'essouffle alors que je suis confortablement installée dans mon siège et les lèvres qui s'assèchent en un clin d'œil. Un remède à cela : le maté de coca, l'infusion de cette plante si controversée.

A 11h dimanche, j'arrive enfin à mon hostal et je me réjouis à l'idée de prendre une douche et faire une sieste. Je profite qu'il y ait du monde pour demander comment chacun a fait ou va faire pour visiter la fameuse Vallée Sacrée et le Machu Picchu. Il n'y a beaucoup d'alternatives... le faire soi-même revient au même prix et implique plus de risques... Après réflexion, je me décide à prendre un tour d'une journée et une excursion sur deux jours qui inclut l'ensemble des sites, plus une visite des sites autour de Cusco...le tout pour la maudite somme de 200 dollars! Une autre réalité m'apparaît alors : la région a su tirer profit de son attraction, et on ne peut pas lui en vouloir, mais les prix ont doublé, voire triplé en 5 ans à ce que me dit un des gérants de l'hôtel. Je vais aussi m'en rendre compte quand je vais aller faire mon premier petit tour de repérage en fin d'après-midi : tout n'est que boutique d'artisanat, agence de voyages et trek et visites guidées...même les autochtones enfilent leurs costumes et vous proposent de les prendre en photo dans les ruelles de la ville, bébé sur le dos, moutons dans les bras et alpaca en arrière plan, le cliché parfait pour un sol.

J'ai pas payé...mauvaise touriste!

Chaque tranche de la société péruvienne veut tirer profit du flot de touristes qui déambule dans ce lieu mystique. Même tarif pour les repas, pas moyen de trouver des petits prix...Pour le coup, je me sens vraiment « touriste-portefeuille ambulant ». Pas moyen de s'asseoir sur un banc dix minutes sans être alpaguée par un pseudo guide, une indienne qui offre de prendre la pose, un vendeur ambulant de peintures, petits bracelets... Je peux comprendre tout ce mouvement mais je n'adhère pas du tout et c'est même un peu pénible.

Un petit souvenir???

C'est épuisée par le voyage et par tout ce mouvement que je m'affale le dimanche soir, à la fois pressée de découvrir la ville et les autres lieux, et perplexe quant à ma capacité d'émerveillement. C'est un peu stupide mais à ce moment-là, j'ai peur de ne pas être époustouflée par le Machu Picchu...je l'ai vu tant de fois en photos, j'en ai tellement entendu parler que je « stresse » à l'idée de ne pas être surprise. Ça m'est déjà arrivé quand j'ai découvert l'opéra de Sydney et je n'ai pas vraiment envie de revivre l'expérience.

Lundi, une fois remise de mes premières émotions et requinquée par une bonne nuit de sommeil, je vais traîner mes guêtres du côté du cœur de la ville. Je longe des murs qui ont plus de 600 ans, grimpe des escaliers qui ont été foulés par les majestueux Incas ; j'ai le sentiment de refaire les cours d'histoire de la fac mais en live! Il règne une atmosphère mystique dans Cusco, quelque chose d'assez indescriptible. Théâtre de la grandeur des Incas et de l'invasion des Espagnols, Cusco porte tous les stigmates d'une ville colonisée et évangélisée. Les pierres des temples ont servi à construire des églises, les maisons offrent des majestueux balcons coloniaux. A nouveau, je suis stupéfaite par la technique d'assemblage des pierres, sans ciment et à l'épreuve de tout séisme, des ancêtres de Péruviens. D'ailleurs, il y a cette petite blague au sujet des Espagnols : quand vous regardez un mur dans Cusco, la partie inférieure a été construite par les Incas, et celle du haut, celle qui se fissure, par les Incapaces (les incapables – cf les Espagnols!).

Rue typique du centre historique de Cusco

L'après-midi est dédié à la visite des ruines alentours à Cusco : Saqsayhuaman (ou tête puma ridée en quechua), Q'enqo, Tambomachay... Je ne vais pas vous donner de leçon d'histoire parce que ce serait trop long mais j'ai pris une leçon d'histoire à ciel ouvert... tout ça au milieu de je ne sais combien de groupes de touristes et toujours montre en main pour ne pas perdre le bus. Je vous avoue que ce n'est pas vraiment la façon dont j'aime connaître un lieu. N'empêche que le guide assouvit en partie ma curiosité...pour le reste, je remercierai les livres.


Saqsayhuaman, ou la tête de puma ridée
vue depuis Pucapucara

Tambomachay et la fontaine de jouvence ; verdict dans 20 ans

Je pousse la porte de l'hostal et trouve tous les autres voyageurs dans la cuisine. C'est le moment de faire connaissance. Il y a Mariana, una Argentine qui est venue faire l'Inca Trail (la chemin de l'Inca, marche de 4 jours dans la montagne pour atteindre le Machu Picchu), trois jeunes américains, Mike, Kevin et Paul venus en vacances une dizaine de jours, Andrew et sa femme qui ont quitté Sacramento en Californie pour visiter sur une année l'Amérique du Sud, et un jeune couple de Français, Arnaud et Marie, qui entame tout juste leur tour du monde. C'est autour de quelques bières que nous échangeons nos premières impressions sur Cusco, le Pérou et plus largement sur le voyage. Une riche soirée!

J'apprends à ce moment-là que je pars le lendemain pour la même excursion que les trois américains et je suis ravie de pouvoir partager l'expérience avec eux. Quant à eux, je pense qu'ils étaient contents de trouver quelqu'un qui puisse faire le pont entre l'anglais et l'espagnol!!!

Mardi, le sac à dos prêt pour les deux prochains jours – je fais des progrès en matière de bagages et n'emporte que le strict nécessaire : brosse à dents, bouteille d'eau, appareil photo, un bon pull et une petite culotte de rechange! - et les batteries chargées avec un bon petit déjeuner nous rejoignons le groupe avec qui nous allons visiter El Valle Sagrado. Au programme : Pisaq, Ollantaytambo...et beaucoup de marches! J'ai encore quelques petites courbatures aux mollets avec les visites de la veille mais rien qui ne m'empêche de suivre le mouvement. L'émerveillement est à nouveau au rendez-vous, tant pas les paysages hallucinants que par les constructions.
Sur la route de Pisaq

Les terrasses agricoles de Pisaq
C'est tout simplement extraordinaire! Cette fois, les indications du guide sont suffisamment précises, voire même tellement nombreuses qu'il aurait fallu noter pour se rappeler de tout. Ollantaytambo et ses 250 marches a bien entamé mon capital vitalité mais j'ai vite oublié quand j'ai fait un tour sur moi-même et que je me suis rendue compte de l'immensité du lieu.

Les ruines d'Ollantaytambo vues d'en haut

Nous abandonnons le groupe qui repart pour Cusco vers 16h, puisque nous prenons le train pour Aguas Calientes, le village au pied de Machu Picchu. Deux options pour passer le temps en attendant le train : faire du shopping sur le marché d'artisanat ou s'asseoir à une terrasse et trinquer à la journée. Nous optons tous les quatre pour la seconde option ; l'occasion de faire un peu plus connaissance et de partager quelques Cuzqueñas. Un orage éclate en fin d'après-midi et une petite inquiétude se fait sentir : pourvu que ça se calme pour demain parce que la Citée perdue sous la pluie, ça va être moins drôle. Sur le trajet vers la gare, nous assistons à un cortège des habitants, tous en costumes traditionnels qui défilent en soutien à un candidat aux futures élections de la région. 19H30, nous grimpons dans le train et par un malheureux hasard je me retrouve assise au milieu d'un groupe de Français, dans le genre typique touriste qui râle sur la moindre chose qui mette en péril son confort. De toute façon, eux ils sont pas là pour la culture, ils sont là pour grimper des montagnes et se faire les muscles... A chacun son voyage!

Il est plus de 22h quand nous arrivons à Aguas Calientes, le responsable de l'hostal nous récupère à la gare. On nous attribue nos chambres, et avant d'aller dormir il nous faut aller acheter de quoi tenir la journée au Machu Picchu le lendemain. Autant dire que la nuit a été courte. D'une part parce qu'un groupe de danseurs répétaient une chorégraphie sous ma fenêtre, flûte et tambour en mains, et d'autre par parce que j'ai eu l'impression que le train passait par ma chambre.

Donc à 4h45, quand Paul est venu me réveiller, je faisais pas trop la maligne! Première mauvaise surprise au réveil, pas d'eau chaude pour se doucher! Une douche glaciale, ça réveille certes, mais c'est pas agréable quand la température extérieure de dépasse pas les 6 degrés! Notre « tour » comprenait une nuit à l'hostal et bien entendu un petit déjeuner servi entre 5h et 8h du matin. A 5h15, après avoir désespérément cherché le petit déjeuner, nous nous décidons à partir afin d'avoir une chance d'avoir le ticket pour gravir le Wayna Picchu, le sommet de la cité qui offre un panorama incroyable. Il y a déjà une file d'attente incroyable pour prendre le bus jusqu'au site, mais à 6h nous sommes sur place et faisons partis des heureux 400 élus qui pourront monter au Wayna.

J'ai des palpitations rien qu'à l'idée que je vais entrer dans ce lieu mythique et contrairement à ce que j'avais pensé, je suis surprise et émerveillée. Je ne vais pas trop en dire sur comment s'organise la Citée Perdue pour que ceux qui s'y rendront un jour soient vierges de mes commentaires. Ce que je peux vous dire par contre, c'est la puissance énergétique que dégage l'endroit, par sa situation géographique, par le génie des constructions, par le lever du soleil derrière les montagnes... Je n'avais pas assez de mes deux yeux pour regarder partout autour de moi. A 7h40, nous avons rendez-vous avec le guide et durant presque trois heures, il va nous raconter l'histoire de Machu Picchu et la vie des hommes à ce moment-là. A 11h, les trois américains qui étaient dans le groupe des anglophones me retrouvent fins prêts pour gravir le Wayna. Déçue de moi-même et un peu à contre cœur, je me dégonfle... J'ai eu la trouille!!! Elle faisait tellement grande cette montagne, j'avais le ventre vide et déjà les jambes qui tremblaient d'avoir monté et descendu tant de marches que je ne me suis pas sentie capable d'assurer l'ascension du Wayna! Alors j'ai donné mon ticket à une fille qui n'avait pas eu de ticket et qui mourrait d'envie de le faire...

Le jour se lève sur le sanctuaire
L'incontournable vue spectaculaire...j'y étais bien!!!

Pendant les deux heures où les gars ont pris d'assaut le Wayna Picchu, je me suis refait le tour de la citadelle en prenant le temps de bien regarder, sentir, profiter...les couleurs ont changé tellement de fois dans la journée avec la brume, le lever du soleil, le soleil ardent du début d'après-midi qu'il n'y avait pas moyen de se lasser de monter et descendre les marches. J'essayais de m'imaginer la vie ici il y a quelques 500 ans.

Vertigineux et spectaculaire

Les alpacas ou tondeuses écologiques du sanctuaire

J'ai retrouvé mes acolytes après leur ascension, bien entendu abasourdis parce qu'ils avaient vu là-haut. Vient le moment d'une petite pause : bananes – crackers!

Puis après avoir repris des forces, nous nous posons la question de l'ascension du vrai Machu Picchu, la montagne opposée au Wayna mais les gars ont perdu leur jambes et on n'a plus d'eau...et avec la chaleur qu'il fait ainsi que l'altitude ce serait juste inconscient de le tenter. Note pour plus tard : partir mieux préparée et avec beaucoup plus d'eau!!!

Sonne l'heure de la descente vers Aguas Calientes et pendant près d'une heure nous allons descendre des marches...une épreuve pour les genoux mais une occasion de sentir les arômes de la montagne, admirer la faune, la flore de la région.

Nous reprenons des forces et nos esprits autour d'un bon repas et ce n'est qu'à ce moment-là où je découvre l'état de mes jambes. J'ai été dévorée par des moustiques et mes mollets ont pris une couleur violacée de tant de piqûres mais ce n'est rien comparé à la couleur que ça prendra le lendemain et les démangeaisons.

19h, départ pour Cusco : train et bus auront fini de nous achever et c'est avec soulagement que nous poussons la porte de l'hostal vers minuit. Je n'ose pas imaginer l'état de ceux qui font le Chemin de l'Inca sur quatre jours...

Je découvre avec horreur l'état de mes jambes au réveil! Jamais des moustiques ne s'étaient autant acharnés sur moi! Le gérant de l'hostal me rassure en me disant que c'est la signature du Machu Picchu...bizarrement les moustiques principalement les peaux blanches...

La journée du jeudi sera plus soft que les deux derniers jours et je consacre l'après-midi à la visite du Musée Inca. Je finirai ma visite de Cusco par le quartier San Blas, où j'ai été invitée à prendre un verre par un couchsurfeur qui m'avait envoyé une invitation en début d'après-midi : Ruben. Encore une fois, c'est une de ces rencontres qui marqueront mon passage à Cusco. Juste un regret, celui de l'avoir rencontré le dernier jour, non seulement parce qu'on avait plein de choses à partager et à se raconter, mais aussi parce qu'il connaît bien la région et des façons moins touristiques de connaître la Vallée Sacrée!

Vendredi, il faut refermer la valise...Une nouvelle nuit dans le bus m'attend. 550 km plus au sud se trouve Arequipa, dernière étape de mon court séjour au Pérou.

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