samedi 26 juin 2010

Reserva Natural de Tres Piletas, publicité mensongère, 23 juin

Quand j'ai organisé mon premier trimestre de voyage avec le wwoof, j'ai scrupuleusement étudié les fermes où je pouvais me rendre réellement utile et où je pouvais apprendre. Les deux premiers lieux ont surpassé mes espérances, à tout point de vue. La réserve d'Hugo allait être pour moi l'occasion de découvrir la faune et la flore des Sierras de Córdoba, de travailler avec des chevaux... En tout cas, c'est ainsi que le lieu était décrit. Je dois y rester trois semaines.
Ce lundi soir, après les émotions mitigées quant à mon arrivée, je vais de surprise en surprise. Pas forcément mauvaises... La première surprise est le problème de lumière. Rappelez-vous, je vous disais que je ne comprenais pas bien le rapport moteur/lumière. En fait, un vieux moteur, installé sur un pneu, fonctionnant à l'essence (surprenant pour un lieu écolo!) sert de générateur pour la lumière dans la maison d'Hugo, le patron, la nave (le restaurant sur la colline) et la cabanes où les visiteurs peuvent loger. Et bien, le moteur refuse de se mettre en route. S'éclairant avec la lumière de son portable, Sara, une employée, tente de le démarrer. Quelques tentatives infructueuses plus tard, Sara m'annonce que nous allons nous débrouiller sans. Soit! Manger à la bougie, ça fait un peu camp de vacances, cooooool!
Après la lumière vient le gaz. Vous saviez vous que les vieux réfrigérateurs fonctionnaient à l'aide d'une bouteille de gaz? Sara m'explique qu'Hugo est à Buenos Aires depuis un mois, qu'elle n'a plus de gaz dans la cuisine et qu'elle doit débrancher la bouteille alimentant le réfrigérateur pour brancher la cuisinière. Soit! Tâtonnant dans le noir, j'essaie de me rendre utile. C'est l'occasion pour moi de poser quelques questions. Y'a-t-il d'autres volontaires? Hugo revient-il bientôt? On a accès à internet ici? On peut descendre au village facilement? A la première question, Sara me répond que je suis la seule wwoofeuse. Je suis un peu déçue parce que j'aime bien l'ambiance entre voyageurs! A la seconde question, elle me répond qu'elle ne sait pas quand Hugo revient à la Réserve, il doit régler quelques affaires à Buenos Aires. A la question suivante, Sara me répond qu'ici le signal du téléphone passe à peine, alors pour internet faudra repasser! Ok, je peux vivre sans internet quelques temps... Et à la dernière question, Sara me répond que tant qu'Hugo n'est pas revenu, il faut soit appeler un remis (rappelez-vous que ça coûte 60 pesos un aller!!!) ou marcher (1H45 dans les chemins de montagne!).
Ok, je décide de ne pas me laisser envahir par de sombres pensées et profite de mon plat de spaghettis à la lueur de la bougie! Demain, je vais découvrir le paysage, le travail dans la réserve...
Direction la cabane où je vais loger et la dernière surprise sera qu'il n'y pas de chauffage! Je vais multiplier les couches de vêtements et les couvertures. Je me maudis de ne pas avoir acheté un bon sac de couchage...mais je remercie en silence Mougwaï de m'avoir offert une lumière frontale! Elle ne m'avait pas encore été utile mais ne m'aura pas quitté des 10 jours où je suis restée à la réserve.
Réveillée par le chant des perruches le lendemain, j'ouvre les yeux et parcoure du regard l'habitation dans laquelle j'ai passé la nuit. C'est pas le luxe, mais confortable. Le soleil baigne la pièce et je me demande s'il fera si froid que la veille.
Sara frappe à ma porte comme prévu pour me réveiller. Elle m'attend au restaurant pour le petit déjeuner. Je traverse le kilomètre qui sépare la cabane du lieu de rendez-vous. Je découvre un paysage plutôt aride, poussiéreux.La première surprise du matin, c'est qu'il faut faire du feu pour chauffer l'eau du petit déjeuner. Le gaz est reparti refroidir le réfrigérateur.

Durant le petit déjeuner, plutôt sommaire je dois avouer, je fais un peu plus connaissance avec Sara. J'en profite pour lui demander comment s'organise la réserve, quelle est son activité... et je tombe des nues quand j'apprends que c'est un simple camping qui n'a d'écologique que le nom et les petits bidons qui portent l'inscription : verre, compost, plastiques, filtres (de cigarettes). En plus, la saison est terminée, personne ne vient camper ici en hiver, il fait trop froid!
pas très écolo tout ça!
QUOI?????????? On m'aurait leurré sur le bien fondé de ce lieu???????????? Je ne peux pas vous expliquer la déception que j'ai ressentie à ce moment-là. Où est le travail avec les groupes de scolaires dont se vantait l'annonce? Où sont les chevaux ?
La première journée s'est écoulée comme une gorgée de jus d'orange moisi...amer. Le lieu est magnifique mais en quoi vais-je être utile ici?!
Mercredi, je fais la connaissance d'Hugo et là c'est le clou. En l'espace de dix minutes, il a ouvert une bouteille de vin, roulé un joint et me dit qu'il va me « sauver » de la cigarette avec une séance de spiritisme. Je tente alors de garder mon sérieux mais intérieurement, je pouffe de rire!!! Mais qui est donc cet illuminé? Il poursuit par un monologue sur la réserve, passe du coq à l'âne, me dit qu'il veut se consacrer à l'astronomie cette année. Franchement, je fais semblant d'écouter!!!! MUY MAL!!!!!
Tout en se roulant un énième joint, il donne à Sara les directives. Il faut absolument que je vous raconte que cette jeune fille travaille depuis 7 mois, 7 jour sur 7, de 7h30 à 2h pour un salaire de misère; qu'elle voudrait partir en vacances mais que Hugo lui doit deux mois de salaire et qu'il ne la paiera pas avant fin juin, et qu'elle n'a pas un peso pour prendre le bus. Comme elle me disait, elle est prisonnière à l'air libre alors que son patron vient de s'acheter une nouvelle voiture! Quant à Hugo, on ne le verra plus de l'après-midi...il ne faudrait pas oublier de faire la sieste!
Jeudi matin, je sais déjà que je ne vais pas rester un mois au final, une semaine tout au plus. Je profite d'un trajet au village pour appeler mon couchsurfeur à Córdoba et il veut bien « me reprendre »! Ouf je suis sauvée!
En revenant à la Reserva, je décide de profiter malgré tout de cette expérience pour qu'au final ce ne soit pas négatif. Alors je peints, je nettoie, je tente de bricoler des lits superposés. Par chance, Sara est une fille extra, une Mac Gyver avec qui j'ai bien rigolé. Et puis, surprise, dimanche, un petit groupe de trois gars de Córdoba est venu passer le week-end! DES GENS!!!! YOUPI!!!! Ils nous ont invité à partager leur dîner, on a papoté près du feu. C'était un chouette moment. Ce qui m'a beaucoup fait rire, c'est que ces grands gaillards étaient tous épatés qu'une minette comme moi voyage toute seule sur ce continent. Je n'étais pas peu fière de leur raconter mes petites aventures!
Tout compte fait, entre pinceaux et balais, j'ai laissé s'écouler tranquillement les derniers jours. J'ai profité du paysage que la Reserva offre parce qu'il faut au moins noter cela, le lieu est magnifique, je me suis dorée au soleil la journée et grillée les fesses près de le cheminée le soir. 




Seul moyen d'avoir de l'eau chaude!

Sara, Jesus (le fils d'Hugo) et moi

Rio Quilpo

les cactus

Résultat de l'expérience, je ne suis pas faite pour fréquenter baratineurs et menteurs. Il est toujours bon de se rendre compte de ce qu'on aime ou pas, non?!

1 commentaire: